Conflit Russie-OTAN : quelle porte de sortie militaire ?
Le conflit en Ukraine arrive à un nouveau stade, qui peut le faire changer de nature. Autant en raison de l’implication d’armes de pays de l’OTAN en profondeur sur le territoire russe, qu’en raison de l’appel de plus en plus direct d’envoi officiel de militaires de pays de l’OTAN sur le sol ukrainien. Jean-François Geneste analyse pour Russie Politics la dimension militaire de cette escalade entre l’OTAN et la Russie.
1 Introduction
Voilà bientôt trois ans que l’opération militaire spéciale a commencé[1]. Initialement et à un moment, on a eu l’espoir d’un règlement rapide du conflit et sans trop de douleur. Mais il est de notoriété publique que Boris Johnson[2], alors Premier ministre britannique et très probablement en accord avec Washington, a agi pour faire capoter les accords qui avaient été présignés à Istanbul[3]. Dès lors, les hostilités redoublèrent. L’Occident parla de décision sur le champ de bataille, sous-estimant, d’une part, grandement la puissance russe, et se surestimant aussi de manière extrêmement importante.
Dans cet article, nous allons donner une vue assez globale de ces événements, décrire l’impasse actuelle qui est de plusieurs ordres : militaire, psychologique, stratégique, politique, etc. Enfin, nous proposerons une méthode originale de possibilité de sortie de crise, sur le champ de bataille, sans morts potentiels, mais avec un vent du boulet qui serait ressenti par toutes les populations, ce qui pourrait, espérons-le, les sortir du tunnel de propagande informationnelle dans lequel elles vivent.
2 Vue globale
Les accords non respectés d’Istanbul cités plus haut montrent clairement qu’il n’était pas dans l’intention première de la Russie d’annexer l’Ukraine, qui est un pays failli et d’une corruption hors normes. Il faut dire qu’avec 17 millions de kilomètres carrés et 150 millions d’habitants, le pays a du mal à tenir ses frontières, son périmètre étant de l’ordre de 20 000 km.
De plus, elle est « cernée » par une Europe à 500 millions d’habitants à l’ouest et une Chine de 1,5 milliard à l’est. Et, comme déjà écrit maintes fois, en thermodynamique, ce n’est pas le vide qui envahit le plein, mais l’inverse.
Forts de cette connaissance, la question naturelle qui se pose est celle du pourquoi les Occidentaux n’ont pas voulu d’un pays qui, au maximum, et ce n’est même pas sûr, aurait amputé l’Ukraine du Donbass, et aurait laissé le reste adhérer à l’Europe, dont la défense officielle reste l’OTAN par le traité de Lisbonne. Compte tenu des déclarations répétées des uns et des autres, on ne peut s’empêcher de penser, en toute honnêteté, que la profonde volonté occidentale reste de démanteler la Russie[4]. Cela a été affirmé lors de nombreux séminaires, des cartes[5] ont même été diffusées montrant le morcellement tel qu’il est conçu dans des clubs de pensée tous plus guerriers les uns que les autres. Il y a donc peu de doutes sur le sujet et la réaction semble ainsi légitime de la part du plus grand pays du monde.
Toutefois, la sous-estimation de l’adversaire par l’Ouest a conduit à un soutien qui s’est avéré homéopathique dans un premier temps et n’a pas donné satisfaction. Par la suite, il a été nettement plus ferme, mais des atermoiements ont eu lieu, car, ce qui s’est alors dessiné a été la crainte américaine que le conflit ne débordât sur son sol. En effet, comme expliqué plus haut, la faiblesse de la population russe en rapport à la surface de son territoire l’oblige à une défense asymétrique en cas de conflit. Et cela a été très clairement annoncé : si l’OTAN décidait d’utiliser à son profit les 500 millions d’Européens comme d’un bélier, la réplique, probablement nucléaire, viserait aussi les États-Unis. Ce point nous paraît particulièrement important pour la raison suivante. Nous avons, dans l’Union européenne, une classe politique corrompue, inféodée à Washington et mise en place par les États-Unis. En conséquence, cette caste « agent de l’étranger » n’en a que faire de la sécurité de la population qu’elle gouverne, laquelle n’est qu’une variable d’ajustement. Dans ces conditions, il est quelque peu ironique de constater que la sûreté civile de notre continent est assurée par Moscou et sa dissuasion. Et il faut bien expliquer cela à tous les peuples, français, allemands, italiens, espagnols, etc. Ceux qui nous protègent vraiment aujourd’hui sont les Russes qui retiennent les Américains, qui, eux, veulent notre perte, ou, tout au moins, nous considèrent comme portion congrue et moyen d’arriver à leurs seules fins.
Néanmoins, au fil des lignes rouges énoncées par Moscou et systématiquement violées par l’OTAN, nous en sommes arrivés à une forme d’escalade qui apparaît de plus en plus dangereuse et qui peut raisonnablement inquiéter quant à l’avenir proche. La Russie est en train de gagner, Kiev est sur le point de s’effondrer, L’OTAN, tous pays confondus, ne peut plus fournir d’armements pour cause de corruption de son propre système fat et sclérosé et vient d’arriver un changement drastique dans le gouvernement des États-Unis avec une période de transition qui s’avère, d’ores et déjà, dangereuse. D’une part on ne sait pas si les démocrates veulent savonner la planche à Trump et de l’autre on n’a pas d’idée précise de la manière dont ce dernier voudrait faire la paix, les bruits d’ultimatum mis à Poutine ne rendant pas vraiment optimiste.
3 L’impasse politique
La guerre n’est jamais seulement une question de champ de bataille, tout au moins au début. L’étau économique via les sanctions a été décrété, mais s’est avéré un échec patent. La militarisation du dollar, bien que gênant la Russie, a, en grande partie, rendu ce pays sympathique à ceux qui étaient déjà, depuis des décennies, sous la prédation de la monnaie américaine. Il a donc été relativement facile pour Moscou de lancer l’initiative de dédollarisation mondiale et, regroupant autour de lui les principaux acteurs mondiaux de la production physique, en opposition aux activités d’intermédiaire de l’Occident, cela a créé une coalition sérieuse et puissante dont le bloc otanien aura bien du mal à se dépêtrer. C’est là que l’on peut constater la déconnexion des dirigeants qui ont cru, en désindustrialisant leurs pays, que l’on pouvait sous-traiter à bon compte et acheter à vil prix le travail de « sous-hommes » à peine payés comme des esclaves. Mais c’était sans compter sur la volonté et la capacité d’apprendre de ces peuples à la culture multimillénaire qui ont tôt fait, en quarante ans à peine, de dépasser leurs donneurs d’ordres qui sont passés au stade de clients dépendants.
Et s’il n’y avait, initialement, pas de volonté de revanche, l’arrogance anglo-saxonne ne les a que confortés dans cette voie, les forçant à s’armer pour se prémunir d’une puissance dont on réalise aujourd’hui l’instinct prédateur et la volonté d’hégémonie sans partage, ne respectant rien. Nous assistons donc à une lutte mondiale contre le centre de l’économie physique avec, ironie de l’histoire, un Occident qui a inventé l’industrie et donc ce type de fonctionnement et qui, par appât du gain et esclavagisme, a lâché la proie pour l’ombre.
Comme j’ai eu l’occasion de le dire à l’époque en France lors du scandale du Crédit Lyonnais[6] sous François Mitterrand qui sauva cette banque de la faillite frauduleuse sans compter les deniers de l’État, tous les pays du monde ont des banques, mais, car à l’époque on rechignait à se payer le Rafale[7] de Dassault qui coûtait moins cher (!), très peu de pays ont la compétence de l’avionneur. On voit donc que l’état d’esprit embué des élites ne date pas d’aujourd’hui.
Par ailleurs, les Anglo-saxons, suivis de leurs valets, ont amplement montré, via le conflit ukrainien, si ce n’était avant, que leurs « valeurs » sont à géométrie variable. Le summum est atteint avec les condamnations respectives de Poutine[8] et Netanyahou[9] par la CPI, alors que les accusations sur le premier sont à la fois fausses et dérisoires quand celles sur le deuxième crèvent les yeux en même temps que la France au moins lui confère une immunité imméritée. Voilà comment on décrédibilise une politique de plusieurs centaines d’années. Mais il ne fait nul doute que ceux qui sont considérés comme des adversaires aujourd’hui ne sont pas dupes de la chute vertigineuse du niveau intellectuel des gouvernants. Et cela, comme dans tout système, ne peut qu’être l’apanage de la corruption. Il faut donc voir, dans cette décadence, un symptôme du mal qui ronge notre société.
L’avenir, donc, économique, scientifique, humain, etc., s’écrit en dehors de la sphère occidentale et probablement pour longtemps.
4 L’impasse économique
La militarisation du dollar a été un échec patent et la dédollarisation est en cours. Elle va, bien entendu, réussir. Les intérêts et le potentiel de développement sont tels que le rouleau compresseur est déjà en marche : 1,5 milliard de Chinois, autant d’Indiens, on lorgne sur l’Afrique qui est promise, en 2100, à une population de 3,8 milliards[10], jeune et donc productive et qui a soupé du régime occidental qui n’a pas réussi sinon voulu développer ce continent. Tout ce monde a à la fois une revanche à prendre, un train aussi et surtout un nouvel avenir qui pointe plein d’espoir plutôt qu’une stagnation des esprits, sinon une dégénérescence woke.
Ce qui se met en place, encore une fois, est une économie physique avant tout. Il faudra surveiller de près ce qui se passera dans la sphère financière, car c’est ce qui a tué l’Occident. Le piège est important. En effet, en décidant que l’argent était une marchandise comme les autres dès 1791[11], la Révolution française a mis le ver dans le fruit. Le stade ultime actuel est de gagner de l’argent avec de l’argent ou, expression bien connue, de faire « travailler » l’argent. Des fortunes indues, sans réalisations concrètes, se sont faites par diverses spéculations et on a même osé donner le prix Nobel d’économie[12] à deux des inventeurs de la formule dite de Black, Merton et Scholes alors qu’ils ont théorisé des pratiques financières initialement condamnées par la loi.
Si l’Orient, donc, veut réussir, il faudra, en partie, à l’image du parti communiste chinois, qu’il maîtrise d’une main de fer la sphère financière pour l’obliger à se mettre au service de l’économie et non l’inverse. Et ce sera une véritable guerre, car, mondialisation oblige, la porosité entre les deux systèmes existe de fait. Ce sujet sera, à n’en pas douter, un des grands chantiers à traiter au sein des BRICS et de son issue dépendra le succès à long terme.
Côté occidental, il va falloir gérer la décroissance dans un système qui n’a jamais été conçu pour cela. Les temps vont donc être particulièrement durs économiquement (plus de production) et humainement (les gens ne savent pas produire et n’ont quasiment plus d’instruction). Des révolutions violentes devraient donc éclater tant aux États-Unis qu’en Europe. Et plus les problèmes internes seront prégnants, plus la tendance sera à l’abandon des questions extérieures.
J’avais écrit par le passé que le sous-jacent ultime d’une monnaie est l’armée. L’Europe n’en a pas et la mentalité latente conduit à ce que l’état d’esprit militaire avec volonté de défense de la patrie ait quasiment disparu, pour longtemps. Tout finit par se payer. Les chantres de la mondialisation, lorsqu’ils se feront confisquer leurs biens par autrui n’auront donc pas de protection particulière et ce sera donc bien fait pour eux. On voit aussi la vacuité de Trump, qui veut soutenir le Bitcoin. Quel est son sous-jacent ? Ne croyons pas que l’armée américaine vaille bien davantage que celle qui n’existe pas en Europe ! À part tuer tout le monde au sol et descendre une fois qu’il n’y a plus personne, il ne savent rien faire d’autre. Les empêcher de se projeter, nous y reviendrons plus loin, est donc une des meilleures défenses possibles.
5 L’impasse psychologique
Nous allons être courts ici. En effet, de par son positionnement et son double standard, l’Occident s’est discrédité lui-même. La possibilité de mettre en place un « légume » à la tête des États-Unis a aussi été une preuve flagrante que ce que l’on appelle démocratie n’existe pas et qu’en conséquence, personne n’a à recevoir de leçons de ces gens-là. Le balai des valets européens dans lequel la France est, hélas, en pointe, a montré que le Vieux Continent ne vaut pas grand-chose lui non plus.
Au final, alors que le monde voulait ressembler à l’Occident, il a aujourd’hui la gueule de bois et se rend compte qu’il s’est fourvoyé. Il va lui falloir trouver dans ses propres racines locales les ressources pour inventer son propre modèle, et le droit international, notamment basé sur la prémisse des traités de Westphalie,[13] va tomber et devra être réinventé. Il est clair que les Occidentaux n’y auront qu’un strapontin. Le bon côté de la chose, c’est que la défense, dans ces pays, portera enfin le bon nom, alors que l’on aurait pu qualifier ces ministères, si on avait voulu leur rendre vérité dans le passé, de ministères de la guerre.
6 L’impasse stratégique
Nous nous approchons ici des aspects militaires qui feront l’objet du prochain paragraphe. La doctrine anglo-saxonne a toujours été de « diviser pour régner ». Elle a été, des siècles durant, un grand succès au prix, hélas, de dizaines de millions de morts. Rappelons que cela ne gêne guère ces gens-là puisque, et ce fut une surprise de l’entendre de la bouche de Vassily Nébenzia[14], représentant de la Russie auprès de l’ONU, alors que le sujet est très peu connu du grand public, ce sont les Anglais qui ont inventé les camps de concentration pendant la guerre des Boers (1899-1902). De mémoire, 22 000 soldats anglais périrent et 35 000 Boers, dont 27 000 femmes et enfants dans les camps de concentration britanniques[15]. Comme quoi, nous connaissons les maîtres d’Hitler ! D’ailleurs, pour ceux, anciens, qui ont vu le film 1000 milliards de dollars[16] avec le regretté Patrick Dewaere, ils auront bien compris que la finance anglo-saxonne a surfé sur les morts de la seconde guerre mondiale pour des profits faramineux et une impunité totale. Si on ajoute l’ouvrage récent écrit par Annie Lacroix-Riz,[17] qui a expliqué que les Américains ont exfiltré 250 000 nazis pendant la Deuxième Guerre mondiale, la boucle est bouclée en quelque sorte.
Ceux qui sèment la zizanie sont donc aujourd’hui clairement démasqués et les pays qui ont la chance d’avoir des dirigeants non corrompus ne peuvent que se méfier du système de gouvernance mondiale à domination anglo-saxonne. La stratégie de confinement de la Chine et de la Russie devrait donc leur inspirer à la fois de la prudence et du dégoût.
La pseudostratégie de protection des États entourant ces deux géants devrait aussi les inciter à faire très attention. L’histoire a montré qu’il est plus que rare que les protecteurs soient bien intentionnés. Ainsi, contrairement à ce que l’on m’enseigna à l’école, la Gaule ne fut pas réellement conquise par Jules César, c’est plutôt l’auteur qui s’en vanta. La réalité fut bien plus sordide. Des peuplades rivales étant en guerre, certaines appelèrent à la rescousse le protecteur romain. Et il est vrai que Vercingétorix fut vainqueur à Gergovie, mais on oublie de dire qu’avant de se révolter, il servait déjà César[18] ! Aussi, quand on voit les États-Unis se rapprocher, ironie de l’histoire, du Vietnam et des Philippines pour les aider à se protéger et quand on constate leur attitude envers Taïwan, alors qu’il l’ont reconnu comme partie de la Chine populaire en 1979[19], on ne peut que s’inquiéter. Ces gens-là, clairement, ne recherchent pas le bien des peuples !
« Diviser pour régner » devrait donc être une source qui va se tarir pour un temps, celui de la consolidation des BRICS, et cela mettra à bas une stratégie, comme déjà dit, qui s’est pratiquée avec succès pendant plusieurs siècles.
7 L’impasse militaire
Nous touchons là un point fondamental qui engage notre avenir à court terme compte tenu de la situation actuelle.
Dès 2018, Vladimir Poutine avertit qu’il possédait des missiles hypersoniques, mais la nullité crasse des élites occidentales les amena à penser qu’il bluffait. On sait depuis ce qu’il en est. Remarquons qu’il avait aussi montré un missile à portée infinie[20] entrant aux États-Unis après un survol du pôle sud, et on est en droit de penser qu’il a cela « en magasin » alors que les Occidentaux n’ont rien. Non seulement les Russes ont-ils ces armements, mais ce ne sont pas des démonstrateurs, ce sont des produits de série.
Face à cela, il n’y a, aujourd’hui, aucune défense qui vaille ! Et, en conséquence, que les charges soient nucléaires ou non, l’hypersonique a amené la probabilité d’interception à zéro, ce qui est extrêmement ironique pour les plus anciens qui se souviennent de l’Amérique presque toute puissante de Ronald Reagan et de son projet IDS dit « guerre des étoiles » qui visait à détruire les vecteurs adverses depuis l’espace.
Dans ce cadre, le missile appelé Oreshnik, qui veut dire noisette en attendant, peut-être, en suivant, une noix nucléaire, est présenté comment une étape intermédiaire supplémentaire dans la dissuasion. Nous ne serons pas d’accord ici avec cette opinion ! Ce qui est nouveau, encore une fois, c’est l’hypersonique ! Qu’il soit à courte portée (Kinzhal, etc.) à moyenne portée ou ICBM, cela ne change rien, car ce qui compte c’est son caractère furtif qui ne peut être intercepté.
Il est vrai que la Russie a fait une démonstration de force et a essayé de dissuader ses rivaux stratégiques, mais, fondamentalement et techniquement, il n’y a rien de nouveau.
Dans le registre des événements « disruptifs » et du côté obscur de la force pour reprendre une référence célèbre, il y a la destruction des gazoducs Nordstream[21] par les États-Unis et, plus récemment et de manière encore plus étonnante, il semble qu’il y ait eu, pendant des manœuvres d’entraînement de l’OTAN en mer baltique, des coupures de câbles fibres optiques sous-marins de membres de l’alliance[22]. Une question lancinante se pose. Sont-ce, encore une fois, les Anglo-saxons qui s’entraîneraient pour d’autres théâtres, ou les Chinois qui, en préparation de l’isolement de Taïwan, pour forcer l’île à une capitulation sans conditions, pourraient se contenter de couper 14 tels câbles et ainsi gagner un conflit sans effusion de sang ? L’avenir nous le dira !
Mais on voit bien que, lorsque l’on en est réduit au sabotage et au combat par État interposé, on est en pleine décadence quand on compare avec ce que font les Russes qui apparaissent militairement et pas seulement, comme vraiment hégémoniques et qui respectent, jusqu’à maintenant, le droit international à la lettre.
8 Un vrai étage supplémentaire de dissuasion
Nous voyons depuis bientôt trois ans une escalade graduelle et continue, et probablement frisons-nous le conflit nucléaire. Même si nous pensons ici, compte tenu de ce que nous savons des forces en présence, que la Russie serait à même de gagner, nous pesons ici nos mots, contre l’OTAN et dans de telles circonstances, alors que les pronostics, en général, prédisent un match nul avec seulement des perdants, il serait bon, si possible, de mettre en œuvre un étage de dissuasion supplémentaire qui pourrait donner, en tant que tel, un avantage substantiel. Et c’est ce que nous allons maintenant brièvement décrire.
Depuis la Deuxième Guerre mondiale, les États-Uniens ne font que se projeter en dehors de leur continent pour y semer la terreur. Eux ne sont jamais touchés et ne ressentent jamais la morsure de la guerre. Néanmoins, pour des raisons technologiques, leur système de projection dépend fondamentalement aujourd’hui du secteur spatial. Le GPS, l’observation, les télécommunications, la programmation et le suivi de terrain pour les missiles, etc. Tout cela ne serait pas possible sans le spatial d’où, d’ailleurs, la création du Space Command.
Cette infrastructure devient donc une cible prioritaire ! Plus de spatial, plus de projection en dehors des USA, plus de services aux alliés de l’OTAN et, peut-être, davantage de paix de par le monde. L’avantage, car les satellites sont avant tout des drones, c’est que leur destruction ne créera aucun mort. Il ne restera plus aux Américains que le feu nucléaire, qui devient alors automatiquement et au minimum symétrique[23], ce qui devrait les conduire à la raison, tout au moins, espérons-le.
Mais cela implique une vision industrielle de la destruction spatiale et surtout un mode opératif suffisamment furtif et une durée de combat assez courte pour que l’ennemi ne puisse réagir. Cela est possible, à condition de s’y préparer. Au passage, il faudra traiter les satellites civils comme ceux qui sont militaires et, comme on le dit pour le cancer, éradiquer large ! Le risque est de polluer l’espace pour longtemps, provoquant une difficulté d’exploitation civile une fois les protagonistes revenus à la raison. Mais c’est, à notre avis, le prix à payer qui, finalement, n’est pas très cher en regard, sinon, des vies qui seraient en jeu.
Remarquons, comme nous l’avons annoncé en introduction, que la disparition du GPS aurait des conséquences civiles extrêmement importantes, largement visibles pour les populations qui, de fait, en souffriraient. Cela obligerait le « système » à reconnaître quelle est la situation réelle et l’obligerait à organiser des débats publics, ce qu’il se garde bien de faire aujourd’hui. Car chacun sait très bien qu’en règle très générale, les peuples sont tout à fait hostiles aux guerres !
Quand l’Oncle Sam pansera ses plaies, cloué sur son propre sol et condamné à traiter ses problèmes internes sans interférer avec le reste du monde, peut-être aurons-nous, enfin, changé d’ère, pour le plus grand bien de l’humanité. Au moins, espérons-le !
Par Jean-François Geneste, ancien directeur scientifique du groupe EADS/Airbus Group, PDG de WARPA.
[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_militaire_sp%C3%A9ciale
[2] https://www.aa.com.tr/fr/monde/boris-johnson-rencontre-zelensky-%C3%A0-kiev-/2559728
[3] https://www.aa.com.tr/fr/monde/poutine-lukraine-et-loccident-ont-rejet%C3%A9-les-accords-distanbul-pour-infliger-une-d%C3%A9faite-strat%C3%A9gique-%C3%A0-la-russie/3322402
[4] https://agauche.org/2023/03/15/le-plan-de-partition-de-la-russie-decolonisee/
[5] https://www.revueconflits.com/les-projets-de-demantelement-de-la-russie/
[6] https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_du_Cr%C3%A9dit_lyonnais
[7] https://www.dassault-aviation.com/fr/defense/rafale/
[8]https://fr.wikipedia.org/wiki/Mandat_d%27arr%C3%AAt_de_la_CPI_contre_Vladimir_Poutine_et_Maria_Lvova-Belova
[9] https://www.lemonde.fr/international/article/2024/11/27/mandat-d-arret-de-la-cpi-contre-netanyahou-la-france-estime-que-le-premier-ministre-israelien-beneficie-d-une-immunite_6416796_3210.html
[10] https://www.la-croix.com/a-vif/l-afrique-comptera-38-milliards-dhabitants-en-2100-soit-un-etre-humain-sur-trois-20241016
[11] https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_monnaies_de_la_France
[12] https://www.lesechos.fr/1997/10/le-prix-nobel-deconomie-a-deux-experts-americains-des-produits-derives-822078
[13] https://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9s_de_Westphalie
[14] https://francais.news-pravda.com/russia/2024/11/19/289437.html
[15] https://www.amazon.fr/GUERRE-BOERS-Bernard-Lugan/dp/2262007128
[16] https://fr.wikipedia.org/wiki/Mille_milliards_de_dollars
[17] https://www.librairie-kleber.com/livre/9782376072492-le-boomerang-americain-le-recrutement-de-nazis-par-les-etats-unis-et-ses-consequences-annie-lacroix-riz/
[18]https://www.amazon.fr/Gaulois-v%C3%A9rit%C3%A9s-l%C3%A9gendes-Jean-Louis-BRUNAUX/dp/2262072310/ref=sr_1_8?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=2ZYPVILHE4E90&dib=eyJ2IjoiMSJ9.cUBihjxYqoxxVLKgguIbNML9f-s6XkLFg9fRqcRnud-qQkpD1FsonQ9wGhY0ZB6sLt-_AmN_FO6UzRO7MT7prlz6B0-7KSM3MWi52-gv5ez8gNwIBCh16H1KeKAqk8WQbGk_w1mjKbQe5PtIuJW-P5saV2OQdLo3oTN-I0jVz34JjmMXYMfoUHNS8jTCytcR4VoGk-KyWVEPlAaJ2558vH1LJwq-ESTMx4MyUo1YubyAppSAjZprsBQrBJMgbkNTxZGLJdR13yQ2Wkr8bhydEna1-a5FpHWnIUqZ40XN5z0.GzFgp4mLU56gz9unCDZ133ZK0XHaT6di59y871IWh_E&dib_tag=se&keywords=jean-louis+brunaux&nsdOptOutParam=true&qid=1732911833&sprefix=jean-louis+brunaux%2Caps%2C126&sr=8-8
[19] https://fr.wikipedia.org/wiki/Relations_entre_les_%C3%89tats-Unis_et_Ta%C3%AFwan
[20] https://www.lesechos.fr/2018/03/avec-un-discours-militaire-martial-poutine-cible-les-americains-et-gagne-les-voix-des-russes-985602
[21] https://fr.wikipedia.org/wiki/Sabotage_des_gazoducs_Nord_Stream
[22] https://www.lemonde.fr/pixels/article/2024/11/21/cables-sous-marins-endommages-en-mer-baltique-pourquoi-l-etau-se-resserre-autour-du-bateau-chinois_6407425_4408996.html
[23] En réalité, avec les torpilles Poséidon, il est asymétrique en faveur de la Russie.