Elon Musk, le contre-exemple à analyser pour assainir nos sociétés néolibérales

Elon Musk quitte ses fonctions au sein de l’Administration Trump. Chacun l’attendait, on ne peut pas dire qu’il entrera dans l’histoire en tant qu’homme politique. On ne gère pas un Etat comme on gère une entreprise. La politique est un métier. A l’époque du néolibéralisme conquérant, dont ces personnes sont la parfaite incarnation, il faudrait revenir aux fondamentaux pour reconstruire nos Etats. En un sens, ce qui se passe au sein de l’Administration américaine est un parfait contre-exemple à analyser.
Après une première fausse annonce, cette fois-ci Elon Musk confirme son départ de l’Administration Trump. Pour comprendre comment Musk est arrivé au poste spécial de DOGE, qui devait réformer en profondeur l’administration, il suffit de se rappeler qu’il fut le plus gros sponsor de la campagne de Trump. Bref, il a acheté cette fonction, tel était son caprice. Il n’est pas certain qu’il continue à financer cette équipe et l’arrivée des élections de mi-terme vont alors s’annoncer plus difficile pour Trump.
Il a annoncé cette année aux conseillers de M. Trump qu’il donnerait 100 millions de dollars à des groupes contrôlés par l’équipe présidentielle avant les élections de mi-mandat de 2026. Cette semaine, l’argent n’était toujours pas arrivé, selon plusieurs sources proches du dossier, qui ont requis l’anonymat pour décrire les coulisses de l’opération.
Certes il y aurait des différends entre Trump et lui, le départ serait motivé par la désillusion. Ces gens sont de grands idéalistes, ça se voit …
Elon Musk a vivement critiqué la loi de politique intérieure emblématique du président Trump, affirmant qu’elle creuserait le déficit national. Il s’est plaint auprès de l’administration d’un contrat lucratif conclu avec une entreprise concurrente pour la construction d’un centre de données d’intelligence artificielle au Moyen-Orient. Il n’a toujours pas honoré sa promesse de don de 100 millions de dollars pour les opérations politiques de Trump.
M. Musk, qui se qualifiait autrefois de « premier ami » du président, prend désormais ses distances avec M. Trump, annonçant qu’il met fin à ses fonctions au gouvernement pour se consacrer davantage à ses entreprises. M. Musk reste en bons termes avec M. Trump, selon des responsables de la Maison Blanche. Mais il a également clairement fait part de sa désillusion envers Washington et de sa frustration face aux obstacles rencontrés lors de son renversement de la bureaucratie fédérale, ce qui soulève des questions sur la solidité de l’alliance entre le président et l’homme le plus riche du monde.
En tout cas, un élément intéressant et important est mis en avant par Le Point :
Elon Musk avait été chargé par Donald Trump de couper drastiquement dans les dépenses publiques et de démanteler un certain nombre d’agences fédérales, via le Doge, mis sur pied par le président républicain à son retour à la Maison-Blanche en janvier. Le patron de Tesla avait été nommé « employé spécial du gouvernement », un statut qui l’exemptait temporairement des règles régissant les conflits d’intérêts, pour une période de 130 jours, qui devait expirer autour du 30 mai.
Première remarque : s’il y a conflit d’intérêts potentiel, il ne disparaît pas parce qu’un «statut» spécial permet de ne pas le prendre en considération. Or, il est justement dans l’intérêt public de protéger la gouvernance de tout conflit d’intérêts.
Deuxième remarque : si Elon Musk quitte ses fonctions, justement au moment où cette impunité prend fin, cela veut bien dire qu’il y a conflit d’intérêts. D’où cette simple question : mais quels intérêts défendaient-ils alors lorsqu’il était en poste ?
La politique est un métier. Les politiciens peuvent être plus ou moins doués, comme les médecins ou les ingénieurs, mais ils doivent être professionnels. Nous avons vu avec l’arrivée de Macron et des non-professionnels à l’Assemblée nationale, ce que donne le déni de politique.
Or, c’est bien la logique néolibérale, qui nous a fait passer du politique au managerial, puisqu’il est posé comme un a priori que les règles du privé sont plus efficaces. Pour en arriver là, il a d’abord fallu déstructurer le public sous le slogan de le «rationaliser». Ensuite, de toute manière, il fut trop tard. Et désormais aucune véritable évaluation d’efficacité, qui ne soit pas strictement formelle, n’est réalisée.
Qui oserait dire, que les services publics fonctionnent mieux aujourd’hui que dans les années 70 ?
Revenons aux fondamentaux. Revenons à l’Etat souverain. Cela implique de déglobaliser nos modes de pensée et de gouvernance.
Par Karine Bechet-Golovko