OTAN / Russie : de la réaffirmation de la stratégie d’endiguement aux tirs préventifs
Il est bien connu, que le meilleur moyen de contenir et d’endiguer son ennemi … est de la détruire. C’est manifestement la conclusion faite par l’OTAN. D’un côté, l’Assemblée parlementaire de l’OTAN assume officiellement le retour à la stratégie de la Guerre froide de l’endiguement. Mais une stratégie, qui semble adaptée à une confrontation déjà bien «chaude», où certains envisagent des tirs «préventifs» sur la Russie.
L’intensification de la confrontation sur le terrain s’accompagne d’une montée en tension politique vertigineuse. Ainsi, l’Assemblée parlementaire de l’OTAN ressort de ses tiroirs, pour autant qu’elle ait été véritablement rangée, la stratégie de l’endiguement.
Rappelons qu’après la Seconde Guerre mondiale, où l’espace d’un bref instant les Etats-Unis et l’URSS se sont retrouvés tactiquement, mais non stratégiquement, dans le même camp, en 1947 la Doctrine Truman conduit la politique étrangère américaine à opérer un revirement par rapport à la ligne tenue sous Roosevelt et affirme en substance la confrontation politique avec l’URSS et le «soutien» actif de tout pays, afin de limiter l’expansion de la zone d’influence soviétique après la victoire sur le nazisme. Pour légitimer cet interventionnisme américain, les Etats-Unis s’auto-proclament les défenseurs du monde dit libre. Comme chacun le sait, la soumission c’est la liberté.
Par manque de créativité, ou objectivement de possibilités, l’OTAN revient à ses fondements et se recroqueville sur l’endiguement :
« La Russie demeure à ce jour la menace la plus importante et la plus directe pour la sécurité des Alliés […] cette menace persistera à long terme », selon les termes d’un projet de résolution débattu dans le cadre de la session annuelle de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN (AP-OTAN) qui se tient actuellement à Montréal.
A cet égard, l’OTAN doit s’attacher, dans les mois à venir, à développer « une approche stratégique commune à l’égard de la Russie, axée sur la pleine préparation de l’Alliance à endiguer et à contrer son comportement hostile dans tous les domaines – conventionnel, hybride ou nucléaire », a fait valoir le parlementaire slovaque Tomas Valasek, auteur du texte de cette résolution.
La stratégie est assez simple : puisque cela déjà réussi une fois et permis de conduire à la destruction de l’URSS, en alternant les phases conflictuelles puis de «détente», l’OTAN espère répéter l’histoire.
D’ici janvier 2025, nous sommes dans la phase de menaces et de confrontation grandissante. Ainsi, des voix au sein de l’OTAN font passer le message d’une possibilité de frappes «préventives» en Russie. Ce que Rob Bauer, le président du Comité militaire de l’OTAN, évoquait en ces termes :
« L’idée est que nous sommes une alliance défensive, donc nous allons simplement nous asseoir et attendre jusqu’à ce que nous soyons attaqués. Et lorsque nous serons attaqués, nous pourrons abattre les flèches (missiles — ndlr), qui nous arriveront dessus. Mais il est plus intelligent, non seulement de faire cela, mais aussi d’attaquer l’archer qui est en Russie, si la Russie nous attaque »
Ensuite doit arriver Trump et les espoirs de paix, qu’il a fait naître en avance. Une «paix» assez surprenante, qui selon Keith Kellog, l’émissaire de Trump pour l’Ukraine, doit s’obtenir «par la force«. Une paix, qui ressemble plus à un gel du conflit sur la ligne de front, en attendant de reprendre des forces.
Il n’est pas certain que la stratégie de l’endiguement fonctionne une deuxième fois. L’effet de surprise est absent. Le contexte est fondamentalement différent. L’Occident n’est plus un modèle de réussite, faisant envie. Le Monde global a peu à proposer, il a déjà du mal à ne pas perdre politiquement les territoires, qu’il avait conquis à l’Est, lors de la chute de l’URSS.
Par Karine Bechet-Golovko