USA / Russie : Quand Trump lorgne ouvertement sur la centrale nucléaire russe de Zaporojie

L’insistance de Trump à faire accepter par la Russie le moratoire de 30 jours de frappes sur les sites énergétiques prend tout son sens aujourd’hui et n’a, évidemment, rien à voir avec un quelconque processus de paix. De manière pragmatique, Trump veut s’approprier le sous-sol ukrainien et l’accord se finalise, il a donc besoin de sources d’énergie pour que l’exploitation soit possible. Et l’intérêt va ouvertement jusqu’à la centrale nucléaire de Zaporojie, en territoire russe depuis les derniers référendums d’adhésion des nouveaux territoires. Ironie du sort, la Russie a accepté de protéger les investissements américains en acceptant de cesser les frappes, alors que la guerre continue.
Tout comme Trump liait le «processus de paix» avec l’Ukraine à l’appropriation des ressources minérales rares dans le sol ukrainien, ce qui a permis de maintenir l’armement et la fourniture en renseignements de l’armée atlantico-ukrainienne, le «processus de paix» avec la Russie passe par la protection des sites énergétiques. La paix trumpienne est sonnante et trébuchante.
Comme nous pouvons le lire dans tous les médias anglo-saxons, Trump parle ouvertement de mettre la main, une main évidemment protectrice, sur les centrales électriques en Ukraine. Et en toute logique «Kiev» soutient cette idée :
Les États-Unis cherchent à accéder aux minéraux ukrainiens, dont le traitement nécessite une énergie considérable. La centrale électrique de Zaporojia, sous contrôle russe et située dans le sud de l’Ukraine, pourrait contribuer à cet objectif, selon Kiev.
Actuellement, la Russie contrôle la zone, la région étant revenue en Russie. La centrale fait l’objet d’attaques constantes depuis le contrôle russe, l’AIEA y ayant même joué un rôle actif, refusant toujours de condamner l’armée atlantico-ukrainienne pour les tirs, ni les interventions musclées par voie d’eau guidées par les Britanniques.
Désormais Trump entre dans le jeu, par la voie diplomatique. Surtout que, comme le répète ad nauseam le Kremlin, Trump et Poutine ont de bonnes relations, ils se font confiance. C’est effectivement le plus important, quand les deux pays sont en guerre, ça permet en tout cas à l’un de faire des concessions — certes unilatérales, mais tellement amicales.
Et le prix de cette amitié ne cesse d’augmenter. Désormais, Trump a officiellement proposé à Zelensky de lui céder les centrales énergétiques de ce qu’il reste du pays. Comme nous l’avons vu avec les minerais, il peut y avoir différentes mises en scène, mais Zelensky n’étant pas un dirigeant réel et l’Ukraine n’étant plus un pays, Trump se sert.
Ainsi, peut-on lire dans le Time, selon un communiqué du Secrétaire d’Etat américain et du conseiller à la sécurité nationale :
Trump a indiqué à Zelensky, que les États-Unis pourraient être « très utiles pour la gestion de ces centrales grâce à leur expertise en matière d’électricité et de services publics », selon le communiqué.
Trump a suggéré que « la propriété américaine de ces centrales pourrait constituer la meilleure protection pour ces infrastructures », selon des responsables de la Maison Blanche. L’idée a été évoquée alors même que l’administration Trump cherche à finaliser un accord pour accéder aux minéraux essentiels de l’Ukraine, en compensation partielle du soutien américain à l’Ukraine pendant la guerre.
Puisque Poutine a fait le premier pas, ce qui est important dans le processus de négociation pour continuer à en faire d’autres (voir notre chronique pour RT à ce sujet), Trump va continuer à mettre la pression sur la Russie, bien sûr. Puisqu’ils se font confiance, qu’ils sont amis etc. etc. etc.
Zelensky a toutefois déclaré, que la conversation avait porté sur la centrale nucléaire de Zaporojie, la plus grande du genre en Europe, sous contrôle russe depuis le début de la guerre. Il a ajouté que Trump avait évoqué l’idée d’un « accord » permettant aux États-Unis de récupérer la centrale.
Business is usual, certes, mais quel est l’intérêt de la Russie de protéger les intérêts américains ? Le retour en fanfare dans le vocable politico-médiatique russe des «gestes de bonne volonté» va-t-il aller jusque-là ?
Par Karine Bechet-Golovko