Opposition : Blinken revendique l’ingérence américaine en Biélorussie
Devant la commission des Affaires étrangères du Sénat américain, le Secrétaire d’Etat Antony Blinken a déclaré se préparer à nommer un envoyé spécial, chargé d’intensifier et coordonner le travail avec l’opposition biélorusse. Ingérence ? Qui a dit ingérence ? Mais, non, il s’agit ici de «démocratisation». Et cela est assumé ouvertement. Certes, il n’y a que Tikhanovskaya, pas franchement populaire à l’intérieur du pays, mais faute de grives … Au fait, quelqu’un a des nouvelles de Guaido ?
Lors de l’audition de Blinken mercredi devant la commission des Affaires étrangères du Sénat américain concernant les questions budgétaires, la sénatrice du New Hampshire, Jeanne Shaheen, s’est intéressée à la mise en place d’un envoyé spécial pour la Biélorussie :
«Sans un tel responsable, «il n’y a personne, qui pourrait encourager les Européens et les États-Unis à travailler ensemble ou à servir de relais au mouvement d’opposition», a affirmé le législateur.»
Autrement dit, il faut relancer le travail avec l’opposition en Biélorussie, allié stratégique de la Russie dans le conflit mené contre elle en Ukraine. Et si les Etats-Unis n’en prennent pas l’initiative, rien n’avancera. Or, il faut coordonner le travail avec les Européens, certes dociles, mais eux sans aucune capacité de décision.
Blinken a pu rassurer la sénatrice sur le renforcement prochain de la «démocratie» en Biélorussie :
«Le secrétaire d’État a déclaré qu’il envisageait de nommer «un haut fonctionnaire de notre Bureau des affaires européennes pour servir également d’envoyé, pour pouvoir ensuite entrer et sortir, engagé à des niveaux supérieurs avec l’opposition».»
Pourtant, soyons tranquilles, les Etats-Unis travaillent depuis longtemps avec l’opposition biélorusse, qui est en Lituanie, l’un des pays les plus constant dans la servitude outre-atlantiste.
«Le département dispose déjà d’une unité des affaires biélorusses en Lituanie, où sont basées de nombreuses forces de l’opposition, et l’envoyé compléterait «l’engagement quotidien» de ce bureau, a suggéré Blinken.»
Tikhanovskaya a été condamnée par contumace en Bielorussie, pour avoir tenté de renverser par la force le pouvoir, ce qui est difficilement contestable dans les faits et même fut revendiqué, tant par elle que par ses sponsors. Depuis, son activité est assez relative, car sans accès au pays, il lui est difficile d’avoir un véritable capital politique, qu’elle n’a de toute manière pas obtenu en étant sur place à l’époque. Mais elle continue à servir la cause, pour laquelle elle est soutenue par les Etats-Unis, et notamment appelle à la rupture entre la Biélorussie et la Russie. Ce message est surtout adressé au public atlantiste, car il est difficilement pris au sérieux par les concernés.
Tout comme Guaido au Venezuela avant elle, dont on n’entend plus parler, son poids politique réel est proportionnellement inverse à son soutien atlantiste. Même s’il s’agit d’une reconnaissance de faiblesse des Etats-Unis à pénétrer l’espace politique biélorusse, ceci n’en constitue pas moins une ingérence ouverte dans les affaires intérieures d’un pays, en vue d’en renverser l’ordre constitutionnel.
Mais, évidemment, la presse est extrêmement discrète sur le sujet, tout comme nos dirigeants alignés, voire aplatis, qui n’osent regarder que dans la direction autorisée.
Karine Bechet-Golovko