La nouvelle doctrine nucléaire russe : le dernier avertissement à l’Axe atlantiste
Au 1 000e jour de l’Opération militaire, alors que les Etats-Unis ont donné l’accord de tirs en profondeur en Russie et qu’un tir a eu lieu dans la région de Briansk, le Président Vladimir Poutine a signé l’oukase portant la Doctrine nucléaire modifiée, comme annoncée dès septembre. Comme des représentants russes l’ont déclaré : c’est le dernier avertissement. Le message passera-t-il cette fois ? Cela dépendra et de la capacité de la Russie à convaincre, et du degré de fanatisme atlantiste.
Hier, l’oukase N°991 a été signé par Poutine, permettant l’entrée en vigueur de la doctrine nucléaire russe, dont il fut question en septembre, suite à l’insistance de l’OTAN (voir notre article ici) et de l’UE (voir notre article ici) à ce que leurs pays-membres autorisent les tirs en profondeur en Russie.
Les grandes lignes de la nouvelle doctrine reprennent, ce qui a été annoncé par Poutine fin septembre (voir notre texte ici). Ce qui a permis aux Etats-Unis d’en diminuer l’impact politique, en déclarant qu’ils s’y attendaient, comme on peut le lire dans le NYT :
La Maison Blanche a déclaré n’avoir observé « aucun changement dans la posture nucléaire de la Russie » et a minimisé la nouvelle doctrine de Poutine.
Ainsi, la doctrine nucléaire russe reste défensive, c’est une mesure extrême devant protéger la souveraineté de la Russie et jouer un rôle de dissuasion. Elle ne peut être utilisée qu’en cas de mise en danger sérieuse de la souveraineté ou de l’intégrité territoriale de la Russie et de la Biélorussie.
En ce sens, le tir des 6 missiles américains sur la région de Briansk dans la nuit du 18 au 19 novembre ne peut en aucun cas entraîner la mise en oeuvre d’une réponse nucléaire. Rappelons que 5 ATACMS ont été détruits par le système de défense aérien et un a été endommagé. L’incendie, qui en a suivi, a été rapidement maîtrisé.
La première question, qui se pose, est celle de l’appréciation du degrés du danger : sera-t-il apprécié à chaque fois de manière isolée ou bien de manière cumulative ? Il n’y a pas de règles en la matière, c’est un choix politique. Dans le premier cas, la Doctrine sera privée de son efficacité, puisqu’il y a des chances pour que l’armée atlantico-ukrainienne conduise une guerre d’usure. Elle n’a objectivement pas les moyens de faire autre chose, tant que les pays de l’Axe atlantiste n’entrent pas directement massivement dans le conflit.
Techniquement, l’agression conduite par un membre d’une coalition entraînera la responsabilité de toute la coalition. De plus, il suffit que dans cette coalition, il y ait un Etat détenteur d’armes nucléaires pour justifier la mise en oeuvre de la Doctrine russe. L’OTAN et l’UE sont ainsi directement visées, surtout avec leur coalition informelle des 50 Etats participant à l’armement de la guerre en Ukraine.
Plus concrètement :
Dans la liste des menaces, qui pourraient amener la Russie à recourir à l’arme nucléaire, il est important de noter :
— une menace à la souveraineté de la Russie, non seulement avec des armes nucléaires, mais aussi avec d’autres types d’armes de destruction massive ;
— le lancement massif d’avions militaires, de missiles de croisière, de drones et autres avions et leur franchissement de la frontière russe.
Comme le déclare le premier vice-président du Comité de la Défense de la Douma, Andreï Krassov :
Il s’agit d’un dernier avertissement adressé à l’Occident collectif, afin qu’il ne cherche pas à tester la force de la Fédération de Russie. De telles tentatives ont généralement conduit la partie adverse à de tristes conséquences»
Le message sera-t-il entendu ? Difficile à dire. Le conflit en Ukraine a évolué lentement et longtemps avant d’en arriver là. Militairement, l’agression atlantiste contre l’Ukraine a commencé en 2014. Politiquement, l’agression atlantiste contre le système étatique ukrainien a commencé en 2004. Ce rythme particulier confère à l’Occident un sentiment illusoire d’impunité. Tout comme, les Atlantistes furent surpris de voir finalement la Russie réagir en 2022 après tant d’années de tentatives de conciliation et d’escroqueries diplomatiques occidentales. Mais elle a réagi. Et aujourd’hui, l’Occident reproduit la même erreur :
Les États-Unis ne voient aucun signe indiquant, que la Russie se prépare à utiliser des armes nucléaires dans le conflit ukrainien, écrit AP. La mise à jour de la doctrine nucléaire russe était un événement attendu pour les États-Unis, note la publication.
PS : Rapide commentaire pour RT France à ce sujet
Par Karine Bechet-Golovko