Attaque judiciaire contre le RN : Marine le Pen n’est donc plus nécessaire ?
La violence des attaques politico-judicaires contre le RN et contre Marine Le Pen soulève des interrogations. Evidemment en ce qui concerne la sacrosainte «indépendance de la justice» et la véritable dépendance du Parquet en France. Mais aussi plus généralement sur l’assèchement de l’espace politique français, en tout cas de ce qu’il en reste, en vue de son reformatage. Le silence des partis politiques pèse lourd. Et ils se tairont aussi, quand ils seront interpellés à leur tour. La machine est lancée, toute opposition même légère est devenue de la dissidence.
L’affaire dite des assistants parlementaires rappelle fortement l’histoire de Fillon, qui fut écarté de la course présidentielle grâce à l’intervention du Parquet et de la justice. Si le Parquet est directement dépendant du ministère de la Justice, il serait bon qu’il garde ses distances avec la politique. Surtout lorsque les intrigues mettent en péril le pluralisme politique en France, déjà très mal en point avec une opposition faible et souvent virtuelle.
Mais ses demandes sont d’une sévérité, parfaitement décalée au regard de la pratique généralisée des assistants parlementaires à l’Assemblée :
Les procureurs Nicolas Barret et Louise Neyton ont requis contre la cheffe de file du RN cinq ans de prison, dont trois avec sursis, peine qui demeure aménageable, 300 000 euros d’amende, et cinq ans d’inéligibilité, avec exécution provisoire.
Contre le parti lui-même, qui doit manifestement se retrouver en faillite, une amende de 2 millions d’euros est demandée :
L’accusation souhaite par ailleurs que le parti, poursuivi comme personne morale pour complicité de détournement de fonds publics européens, soit condamné à une amende ferme de 2 millions d’euros.
Des peines de prison, notamment ferme, ont également été requises contre d’autres figurants aussi, ce qui doit permettre de décapiter le parti. Et l’inéligibilité requise, elle, est censée «protéger» le prochain scrutin de personnalités devenues intolérables, vu la faiblesse des élites globalistes. Il n’est cependant pas certain que tel soit le rôle du Parquet … Il s’agit ouvertement d’une manoeuvre pour écarter de la vie politique Marine Le Pen et le RN, dans sa version actuelle. Même si le RN était loyaliste sur un grand nombre de questions, le fait même qu’il puisse y avoir une faible opposition n’est plus tolérable en France.
Marine Le Pen présentait pourtant l’avantage de réussir à faire élire quasiment automatiquement son adversaire. Mais elle était formellement à la tête d’une opposition plus souverainiste — même si elle ne remettait quasiment rien en cause. En tout cas, elle canalisait l’électorat souverainiste. Et désormais, elle devient plus dangereuse, car ses résultats électoraux montent. Si jamais elle arrive au pouvoir, elle risque d’être «obligée» par son électorat, ce qui n’en pas dans la ligne globaliste, où les élites dirigeantes sont obligées de l’extérieur.
Le moment est venu de changer de «catalysateur'» pour les aspirations populaires et des figures plus compatibles, comme celle de Bordella, feraient mieux l’affaire.
Avec l’élection de Trump, la situation se rigidifie en Europe et notamment en France. La pression exercée sur les élites politiques devrait les faire réagir face à cet excès de pouvoir. Car si elles laissent instrumentaliser la justice contre le RN, un jour cela se passera aussi avec elles.
Par Karine Bechet-Golovko