Axe atlantiste : la Finlande, sera-t-elle à nouveau lancée contre la Russie ?

La guerre, qui se déroule en Ukraine, est un conflit secondaire de la confrontation primaire qui oppose l’Axe atlantiste à la Russie, comme l’une des forces potentielles défendant encore la souveraineté des Etats. Comme tout conflit de cette ampleur, il ne peut se concentrer sur un front restreint et tend à être développé, afin de disperser les forces de l’adversaire, en l’occurrence de la Russie. La Finlande est à nouveau priée de jouer le même rôle qu’en 1939, elle est à nouveau dirigée par des forces étrangères, qui cherchent à la lancer contre la Russie, en préparation d’une agression plus large. Son entrée dans l’OTAN fut un pas décisif pour la perte de son autonomie géopolitique.

L’occupation atlantiste des pays européens conduit à importer dans ces pays la figure de l’ennemi, constituée au sein du monde atlantiste. Et cet ennemi est la Russie. Les pays de l’Est et du Nord sont donc sommés de se remilitariser, évidemment «pour se défendre» d’une potentielle attaque de la Russie — et finalement d’attaquer la Russie en premier, dès le niveau d’hystérie politico-social sera suffisamment élevé pour le permettre.

Nous voyons la Pologne lancée dans ce processus, qui double son armée et bloque 4% de son PIB à cela. Ce mouvement s’accompagne d’une militarisation des pays Baltes. Au Sud, l’on attend le changement de politique en Arménie sur ce point et au Nord, la Finlande remplit déjà le rôle. Et, selon le NYT, elle prépare son armée à une confrontation avec la Russie, en modélisant ce conflit, donc en en faisant une réalité pour ces hommes, une perspective qui n’a plus rien d’extraordinaire. Et la déconstruction de l’Ukraine réalisée par les Atlantistes, est avancée comme argument, imposant l’oubli sur les débuts de conflit, où la Russie et les Russes furent les victimes et non les agresseurs.

«Ces exercices d’entraînement sont au cœur de la stratégie militaire finlandaise, visant à créer une force, basée sur la conscription et les réservistes, capable de combattre si le pays entre en guerre – d’autant plus crucial depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Chaque année, quelque 20 000 hommes sont soumis à la conscription masculine universelle en Finlande, tandis qu’environ 1 000 autres femmes se portent volontaires.»

L’entrée de la Finlande dans l’OTAN l’oblige à être un pion dans un jeu, qui la dépasse. Pour justifier la remilitarisation du pays et la fin de sa neutralité, imposée à la fin de la Seconde Guerre mondiale en raison de sa participation active aux côtés de l’Allemagne nazie, l’idée d’une possible «agression russe» est distillée dans les esprits. Les esprits sont remodelés, pour intégrer ce facteur. La société doit alors être modifiée de l’intérieur et c’est ce qui se produit.

«Kasper Wallasvaara, 21 ans, a décidé de servir après ses études secondaires et de travailler pendant un certain temps. Il souhaite éventuellement devenir enseignant ou entraîneur, mais maintenant il apprend à tirer avec un fusil, à gérer les conséquences de cet attentat urbain et à arrêter des terroristes armés.

« La réalité de la guerre est devenue bien plus proche », a déclaré M. Wallasvaara. « Cela semble plus possible, maintenant que la Russie a attaqué l’Ukraine. Cela nous a réveillés.»»

Et le processus de remilitarisation du pays accompagne cette transformation profonde de la société, sa militarisation au quotidien :

«En temps de paix, seulement 13 000 personnes servent dans l’armée, dont 4 500 civils. Si nécessaire, la Finlande dispose d’un effectif potentiel de 280 000, composé des réservistes plus jeunes et mieux entraînés, ainsi que de 590 000 autres réservistes de moins de 60 ans ayant suivi une formation militaire.

Depuis l’invasion, la Finlande a considérablement augmenté son budget militaire – et avec lui, la fréquence des exercices de formation qui sont fondamentaux pour les nouveaux soldats et réservistes. «

La guerre initiée par l’OTAN en Ukraine contre la Russie, réécrite en Occident comme «agression russe», est désormais la réponse à toutes les questions, qui peuvent se poser, est la justification suprême, qui doit empêcher toute remise en cause de cette politique :

«Le commandant de l’exercice de bombardement, le colonel Vesa Laitonen, 53 ans, a déclaré que l’invasion de l’Ukraine par la Russie avait amélioré le moral et le dévouement des conscrits. « Maintenant, ils savent pourquoi ils font leur service militaire », a-t-il déclaré. «Maintenant, nous pouvons répondre à la question.».»

Décidément, l’histoire se répète, parce que les hommes n’en tirent aucune leçon. La Finlande a perdu la guerre contre l’Empire russe d’Alexandre 1er en 1808 et a été intégrée en 1809 en qualité de Grande Principauté dans l’Empire russe. A la chute de l’Empire, lorsque la Russie sort épuisée de trois années de guerre lors de la Première Guerre mondiale, la Finlande déclare son indépendance en 1917. Ensuite, l’histoire a un goût de déjà vu :

«Après la sécession avec la Russie et la défaite de la révolution ouvrière, dans les années 20 et 30, la Finlande, ainsi que d’autres pays de la région baltique (Lettonie, Lituanie, Estonie) et la Pologne, étaient sous le patronage de l’Angleterre et de la France, puis de l’Allemagne ; son gouvernement a mené une politique étrangère antisoviétique. Durant les années de crise de 1938-1939, cela a conduit à la réslution par la force du problème de la sécurité aux frontières nord-ouest de l’URSS. Le 30 novembre 1939, la guerre soviéto-finlandaise éclate.»  

Rappelons, que la Finlande a perdu cette guerre, demandé l’armistice qui a été signée le 12 mars 1940, ce qui a permis à la Russie de sécuriser son territoire, et notamment Saint-Pertersbourg, en repoussant la frontière et en reprenant notamment la Carélie. Et déjà à l’époque, la Finlande avait été utilisée pour lancer une offensive de plus grande ampleur, mais heureusement la Suède et la Norvège avaient alors bloqué les velléités franco-britanniques :

«À la mi-décembre 1939, un plan fut discuté à Londres pour l’entrée de troupes anglo-françaises sur le territoire de la Suède et de la Norvège afin de fournir une assistance conjointe aux Finlandais. Ce n’est que grâce à la position ferme des gouvernements suédois et norvégien, qui ne voulaient pas faire de la Scandinavie le nouveau théâtre d’opérations militaires de la guerre mondiale, que les projets de participation des troupes anglo-françaises aux côtés de la Finlande n’ont pas été réalisés.» 

Pour autant, la Finlande, sous la coupe de l’Allemagne nazie, ne s’arrête pas en si bon chemin et s’allie aux nazis lors de l’agression de l’URSS en 1941. Ce qui a justifié, après la guerre, sa neutralité. 

Le NYT oublie ce détail dérangeant et justifie justement par l’histoire du pays cette résurgence anti-russe :

«La Finlande a mené de nombreuses guerres contre la Russie au fil des siècles et garde de forts souvenirs de la « guerre d’hiver » de 1939 et de la Seconde Guerre mondiale. Elle repousse les Soviétiques mais perd du territoire et doit conserver une forme de neutralité.»

Ceci s’inscrit parfaitement dans le processus de normalisation du nazisme, que l’on observe aujourd’hui en Occident. Pas un mot sur l’évidence : si la Finlande combattait la Russie lors de la Seconde Guerre mondiale, c’est qu’elle était dans le camp nazi. Il n’y a pas d’autres alternatives. La Finlande, veut-elle vraiment répéter l’histoire ? A-t-elle seulement encore les moyens politiques de ne pas le vouloir ?

Par Karine Bechet-Golovko