Belgorod : Les Etats-Unis soutiennent l’attaque par l’armée atlantico-ukrainienne du territoire russe

Le 22 mai, une importante attaque, réalisée avec du matériel militaire américain, a été opérée par l’armée atlantico-ukrainienne sur le territoire de la région frontalière de Belgorod. L’armée russe a détruit le groupe. Les régions frontalières sont souvent l’objet d’incursions de groupes de sabotage, mais celle-ci se démarque de par son importance et le soutien technique des Etats-Unis. Les fameuses «lignes rouges» continuent tranquillement à se déplacer … vers l’intérieur des terres.

L’armée atlantico-ukrainienne a attaqué la région de Belgorod le 22 mai, touchant principalement des bâtiments administratifs et des habitations. Autrement dit, aucune cible militaire n’était en vue et de loin. Tout a commencé à 6 heures du matin, avec l’agression de l’armée atlantico-ukrainienne du territoire national russe.

«Dix unités de véhicules blindés et un groupe d’infanterie des Forces armées ukrainiennes d’un nombre inconnu ont participé à l’attaque du groupe de sabotage et de reconnaissance des Forces armées ukrainiennes sur la région de Belgorod et de la ville de Graivoron.»

Voici le déroulement de l’agression :

«L’attaque des forces armées ukrainiennes contre la région de Belgorod a commencé à 6h00, heure de Moscou, le 22 mai. À partir de ce moment jusqu’à 11 heures, un bombardement massif de la ville de Graivoron a été effectué. À 11 h 30, des chars ukrainiens ont tiré sur le poste de contrôle frontalier de Graivoron, après quoi l’unité de chars est retournée sur le territoire ukrainien.

A 11h40 depuis l’Ukraine, le MLRS a tiré sur le territoire d’une unité militaire située à plus de 10 km de la frontière.

À midi, les forces armées ukrainiennes ont commencé à bombarder le village de Kozinka, district urbain de Graivoronsky. Environ 60 mines de calibre 120 mm et le même nombre de roquettes du MLRS ont été tirées dessus. Après cela, dix unités de véhicules blindés et d’infanterie sont entrées dans la localité.

Une heure plus tard, à 13h30, le signal «Frontière» a été lancé sur le territoire des zones frontalières de la région de Belgorod, et le signal «Forteresse» a été activé dans les organes territoriaux du ministère de l’Intérieur de la Fédération de Russie.

Dans le même temps, la réunion des états-majors opérationnels de la région a commencé. A 14h10, il est décidé de mettre en œuvre le plan Edelweiss (regroupement des effectifs affectés au groupement des forces et moyens de l’état-major opérationnel).

Pendant ce temps, des unités du ministère de la Défense et de la garde russe ont bloqué les villages de Kozinka et Glotovo.

A 16h30, l’Ukraine a de nouveau tiré sur les zones frontalières. Cette fois, trois roquettes de MLRS ont été tirées sur le bâtiment administratif de Graivoron. Il a été détruit, deux personnes ont été blessées, dont le chef adjoint de l’administration du district de la ville.

À 19h15, les forces des Forces armées ukrainiennes ont été sortiesir du village de Glotovo vers Kozinki.»

Le 23 mai, en plus de l’attaque de drones massive sur la région de Belgorod, le gouverneur a annoncé que le nettoyage de la zone d’agression se poursuivait et qu’il n’était pas recommandé aux habitants de revenir. Environ une centaine de personnes ont été évacuées en attendant la normalisation de la situation. 

Suite à cela, une femme est décédée, 13 personnes ont été blessées, dont 9 hospitalisées et 3 en réanimation dans un état grave. 70 militaires de l’armée atlantico-ukrainienne ont été tués et le matériel américain utilisé détruit par l’artillerie, soit 5 pick-ups et 4 blindés.

Cela a été délicatement qualifié d’acte de terrorisme, pour ne surtout pas parler d’agression, ce qui obligerait à prendre d’autres mesures. Les déclarations du porte-parole du Kremlin laissent d’ailleurs songeur … Il s’agirait d’une manoeuvre pour faire oublier Artiomovk … Soit. Et en ce qui concerne l’utilisation d’armement américain, il ne trouve rien de mieux à dire qui oui, l’armée ukrainienne utilise des armes américaines et des pays de l’OTAN contre l’armée russe, ils sont au courant. Bref, tout va bien. En l’occurrence, ce sont surtout des civils, qui furent l’objet de l’attaque, nous ne sommes pas sur un front entre deux armées, simple précision en passant.

Toutefois, l’utilisation du matériel militaire américain sur le sol russe pose quelques problèmes … Les Ukrainiens affirment que ce sont des Russes, qui mécontents de Poutine, ont eux-mêmes décidé d’attaquer … à la frontière ukrainienne avec des tanks et de HIMARS venus du territoire ukrainien. La déclaration américaine est plus intéressante. Car si les Américains continuent à soi-disant ne pas être au courant de ce que fait leur main gauche, ils soutiennent in fine l’agression du territoire national russe. Kirby parle d’une énième enquête, qui doit faire traîner et oublier ce fait avec temps, pour déterminer comment du matériel américain envoyé en Ukraine peut, par surprise, être utilisé (et non pas revendu au marché noir, par exemple?).

Alors Matthew Miller, le porte-parole du Département d’Etat de nuancer les paroles de Kirby :

«Nous avons dit très clairement aux Ukrainiens que nous ne permettons ni n’encourageons les attaques en dehors des frontières ukrainiennes, mais je pense qu’il est important de prendre du recul et de rappeler à tout le monde, au monde, que c’est bien sûr la Russie qui a lancé cette guerre.»

Et de préciser :

«C’est donc à l’Ukraine de décider comment elle veut mener ses opérations militaires. (…) Nous n’encourageons pas», mais «nous ne condamnons pas».

Autrement dit, les Etats-Unis acceptent que les armes fournies soient utilisées contre le territoire que même eux reconnaissent comme russe. Leur seule réelle limite : ne pas provoquer la Russie sur le terrain d’une réponse nucléaire. 

Le problème n’est pas que communicationnel : le discours tenu par Peskov rend compte du positionnement politique. Là, est la source de la faiblesse de la Russie aujourd’hui dans ce conflit.

PS : Pendant ce temps-là, tous les soirs, sur la Première chaîne, les Russes ont la chance de pouvoir regarder en prime time un magnifique feuilleton de propagande américaine «Trader«, réalisé d’ailleurs en 2023 en collaboration avec les Américains, légitimant l’intervention américaine en Irak, présentant les traitres russes travaillant pour les CIA comme des gens biens (les seuls en Russie à être honnêtes), les structures étatiques russes totalement corrompues et amies avec le banditisme et laissant pour l’instant entendre (le feuilleton n’est pas encore fini) qu’il y a bien des armes bactériologiques particulièrement dangeureuses en Irak et que les USA doivent intervenir pour sauver le monde, conformément au droit international (dixit).

Cela fait suite à la diffusion sur la même chaîne russe d’un feuilleton appelé «Espion» réalisé en 2022, il y a quelques semaines de cela, présentant de manière radicalement positive un espion américain infiltré dans le Service de renseignement extérieur russe. Nous sommes tombés bien bas, par rapport à Stierlitz … 

Il semblerait que cette grande chaîne de télévision russe, très proche du Kremlin tout comme son directeur général Ernst, diffuse une nouvelle image / conception du «patriotisme» en temps de guerre. Pardon, d'»Opération spéciale», un peu terroriste, enfin dans certaines régions seulement. La question restant de quel pays ou de quel pouvoir ces forces sont-elles patriotes en Russie …

Par Karine Bechet-Golovko