Billet du jour : les BRICS, l’Argentine et la lutte contre la (dé)globalisation
Les dernières déclarations du tout nouveau Président argentin, annonçant notamment la fin de monnaie nationale eu profit du dollar, soulèvent beaucoup de questions au sujet des BRICS en particulier et de la lutte contre la globalisation en général. Peut-on en principe vaincre un adversaire avec ses propres armes ? Ces fameux «pôles» du monde multipolaire peuvent-ils regrouper des pays, sans qu’une ligne interne au pôle ne soit établie et gardée grâce à une hiérarchie ? Les délires argentins obligent à sortir d’une vision bisounours du «monde multipolaire» et à revenir aux fondamentaux des relations internationales : soit tu gouvernes, soit tu es gouverné.
Les élections présidentielles en Argentine conduisent au pouvoir une caricature du monde globale, Javier Miliei, libertarien (pour ne pas dire anti-étatiste) et économiste, qui propose de mettre fin à la monnaie nationale au profit du dollar, et dans la suite logique d’anéantir la Banque centrale. L’Argentine deviendrait ainsi le 10e pays en dehors des USA, à utiliser le dollar comme monnaie nationale :
«Outre les États-Unis eux-mêmes, la monnaie est utilisée par le Panama (depuis 1904), la Micronésie, les Îles Marshall et les Palaos (depuis 1944), le Timor oriental et l’Équateur (depuis 2000) et le Salvador (2001). Le dernier passage au dollar remonte à 2009 par le Zimbabwe.»
En dehors de cela, Javier Miliei reprend le discours radical néolibéral, visant à réduire l’Etat (responsable de tout ce qui est mal) à peau de chagrin et surtout à renforcer sa désorganisation, ce qui permet ensuite de continuer à dire que l’Etat ne fonctionnant pas, qu’il faut aller encore plus loin. En passant, il propose de supprimer des ministères entiers, et évidemment cela ne concerne pas les cultes globalistes comme le numérique ou l’écologie, mais par exemple le ministère de la recherche. D’un autre côté, à quoi peut bien servir la recherche dans une colonie en phase de suicide ?
Et c’est ce pays, qui a été intégré dans les BRICS (voir notre texte ici), organisation qui selon les optimistes est censée mener une lutte acharnée contre la globalisation. L’Argentine a toujours été un pays faible, utilisé comme zone d’expérimentation par les forces globalistes, notamment dans le domaine juridique et de la justice. Désormais, deux options prennent forme.
Soit,l’Argentine a été reprise en main violemment et va sortir des BRICS, comme le nouveau président l’a déclaré. Ce qui pose la question da la procédure de choix des candidats à l’élargissement : pour que les BRICS deviennent un centre politique, il faut que ses membres aient un système politique national résistant.
Soit l’Argentine va jouer le cheval de Troie au sein des BRICS, dont les élites nationales sont en réalité toujours sensibles au chant des sirènes globalistes.
A suivre.
Par Karine Bechet-Golovko