Billet qatari : la Russie veut-elle la victoire ou la fin du conflit ?

Il ne se passe pas une semaine sans que le thème des pourparlers entre l’Ukraine et la Russie ne soit remis sur le devant de la scène médiatique et politique. Et cette semaine ne fait pas exception : selon le Financial Times, la Russie aurait repris au Qatar les négociations avec l’Ukraine sur la cessation réciproque des tirs sur les sites énergétiques, celles-là même qui avaient conduit à l’attaque atlantico-ukrainienne de la région de Koursk. Pour tirer les leçons de l’histoire, encore faut-il le vouloir.

Une publication vient de sortir dans le Financial Times, selon laquelle, grâce aux «bons offices» du Qatar, la Russie serait revenue à la table des négociations, afin de trouver un accord commun avec l’Ukraine pour réciproquement cesser les tirs sur les sites énergétiques.

Ne criez pas trop vite à la désinformation, le fait qu’il y ait eu jusqu’à août des négociations avec l’Ukraine justement sur ce sujet, et que la Russie était prête à l’accord a été confirmé. Or cela a débouché sur l’agression par l’armée atlantico-ukrainienne de la région de Koursk. 

La Russie reprend les négociations car elle estime que la cessation réciproque des tirs sur les infrastructures énergétiques lui serait également profitable. Soit. Si l’armée atlantico-ukrainienne respectait sa parole, si le but de ces négociations était réellement l’arrêt des tirs sur les sites énergétiques. Surtout avant l’hiver … cela est important pour les Ukrainiens. Dans ce cas, cela pourrait avoir un sens, même si au regard des pratiques historiques en temps de guerre, cela semble assez ubuesque.

Mais tel, est-il le but véritable ? 

L’article émet des doutes, quant au fait que Poutine soit prêt à donner un accord cette fois-ci … tant que la région de Koursk n’a pas été libérée. 

D’un autre côté, comme cela devrait être le cas d’ici la fin de l’année, le timing de la reprise des négociations par l’intermédiaire du Qatar, pays qui n’a strictement aucun poids politique pour garantir quoi que ce soit, est parfait. 

Et comme le déclaraient les Atlantistes par la voix de Zelensky, si la Russie est prête à signer ici, ce serait la concession la plus importante depuis le début du conflit. Si l’on oublie gracieusement, bien sûr, le retrait unilatéral des troupes russes et l’abandon des populations locales, après les négociations grandioses organisées sous les bons offices la Turquie. Mais comme cela a déjà été acquis, ça ne compte plus.

Et Zelensky de continuer — si la Russie signe ainsi, cela voudrait dire qu’elle serait prête à des négociations plus larges. Comme on peut le lire dans le Financial Times :

«La Russie mettant fin aux attaques aériennes contre les cibles énergétiques et les cargos ukrainiens pourrait ouvrir la voie à des négociations pour mettre fin à la guerre»

Il ne s’agit toujours pas de pourparlers, mais de contraindre politiquement la Russie, puisqu’il n’est pas possible de la vaincre militairement, avec les forces humaines actuellement engagées. 

Dans cela, il n’y a pas que de la propagande. Le Qatar est entré en juin dans le jeu des pourparlers, après l’échec de la Conférence de Genève. Alors que la Russie était prête à signer, l’armée atlantico-ukrainienne est entrée en août sur le territoire de la région de Koursk, ce qui a provoqué le retrait de la Russie du processus de pourparlers. Alors que l’agression de Koursk n’a pas donné les résultats escomptés, le processus de pourparlers reprend et la Russie est revenue à la table des négociations.

De nouveaux accords conduiront, comme à chaque fois, à de nouvelles escalades contre la Russie, puisque le but de ces négociations est de tester la résistance politique de la Russie, qui est assez objectivement faible, et non pas de trouver un compromis. En ce sens, pour les Atlantistes, le processus de négociation est plus important que le résultat (qu’ils ne comptent de toute manière pas mettre en oeuvre).

De là une seule question : la Russie veut-elle la victoire et être en mesure de garantir elle-même sa sécurité ou bien veut-elle la fin du conflit et que d’autres lui donnent des garanties de sécurité, avec les résultats que l’on connaît ? 

Par Karine Bechet-Golovko