Billet : quand Druzhkovka ne sera pas une «réponse» à Makeevka, l’on se rapprochera de la victoire

En réponse à Makeevka, la Russie a tiré cette nuit sur l’Arène d’hiver de la localité de Druzhkovka (DNR), tenue par les forces atlantico-ukrainiennes, qui utilisait le bâtiment à proximité de la gare, pour le déchargement des armes livrées par l’OTAN. Une centaine de militaires ukrainiens sont morts, des HIMARS et les munitions qui vont avec ont été détruits. La question qui commence toutefois à se faire entendre est pleine de bon sens : pourquoi faut-il des «réponses», si toutes les informations étaient (manifestement) réunies, il n’était pas possible de détruire ce point stratégique avant ? L’on fait la guerre avec une stratégie, non pas avec des «réponses» — tactiques. Au pont de Crimée, à Donetsk, etc. C’est un choix, qui coûte cher — en hommes, autant qu’en capital politique.

Ce 3 janvier en début d’après-midi une vidéo du tir de l’armée russe hier soir sur l’Arène d’hiver de Druzhkovka a circulé. Comme on peut le lire sur le site Ukraina.ru :

«Au moment de la frappe sur Druzhkovka, capturée dans cette vidéo, un convoi avec deux lanceurs Himars MLRS, quatre «Vampires» tchèques et des munitions pour eux étaient en cours de déchargement.

Toujours avec ce convoi, des mobilisés ukrainiens sont arrivés, qui ont été transférées pour renforcer les unités battues des forces armées ukrainiennes près d’Artyomovsk. Les décombres sont toujours en cours de déblaiement, mais selon les données du matin, les pertes ennemies ont déjà dépassé 100 personnes.

L’arène de Druzhkovka a été endommagée à la suite de l’explosion de roquettes sur le MLRS de l’armée ukrainienne.»

Selon le ministère russe de la Défense :

«à la suite de frappes sur l’accumulation d’équipements militaires près de la gare de Druzhkovka en RPD, 2 installations HIMARS, 4 véhicules RM-70 MLRS de la République tchèque, plus de 800 obus pour plusieurs lance-roquettes, jusqu’à 120 militaires ukrainiens ont été détruits;»

Selon les médias russes, 23 mercenaires étrangers auraient également été tués par cette frappe. Mais une interrogation à laquelle je me joins, commence à se faire insistante :

«Druzhkovka. «Response pour Makeevka» — écrivent-ils. À mon avis, il est temps de mettre fin à la pratique vicieuse des «réponses». Sur Druzhkovka, ils ont travaillé rapidement, en fait, à la vitesse de l’éclair. Autrement dit, si je comprends bien, nous savons comment travailler? Trouver, calculez, cibler, frapper. De plus, les dégâts, notamment humains, étaient importants.

La question est — avant qu’est-ce qui empêchait cela ? Ils ont apporté là-bas des forces vives et de l’équipement non pas en réponse. Ou bien allons-nous également inclure l’emplacement des combattants dans un système de «réponses» pour le pont, l’aérodrome, Donetsk? Quelle extravagance sanglante obtient-on. Et un étrange manque d’initiative. Compte tenu de ce que montre la pratique — nous savons comment travailler.

Alors je répète — qu’est-ce qui nous en empêche ?

Timofey Ermakov«

Et la question se pose. S’il n’y avait pas eu Makeevka, les systèmes HIMARS de Druzhkovka auraient pu tirer sur les habitants de Donetsk ? C’est absurde. Nous sommes dans une guerre longue et ces choix purement tactiques ne vont pas la raccourcir, ne vont pas raccourcir le chemin qui reste jusqu’à la victoire contre le monde global.

Combien de victimes russes, civils, militaires de carrière ou mobilisés, volontaires, faut-il encore pour qu’une véritable stratégie politico-militaire soit assumée dans la durée et puisse empêcher les changements de cours politiques en fonction de considérations purement situatives ? Que cette stratégie ne soit pas forcément annoncée sur toutes les chaînes, c’est normal en temps de guerre. Mais qu’elle soit ressentie, qu’elle soit visible, que les gens sachent qu’elle existe, est fondamental. A ce jour, ce n’est pas le cas. 

Karine Bechet-Golovko