Centrale nucléaire de Zaporojie : l’AIEA change de stratégie, pour mieux stigmatiser la Russie
Grossi, le directeur de l’AIEA, intervenant devant le très américain Conseil des relations internationales, vient de déclarer qu’il n’est plus question d’une zone démilitarisée autour de la centrale nucléaire de Zaporojjie … car cela conduirait l’Ukraine à reconnaître son appartenance à la Russie. Une nouvelle ligne — communicationnelle — est donc ouverte : empêcher la Russie de se bombarder elle-même. Logique. L’objectivité de l’AIEA est encore une fois démontrée, dans la digne lignée des organismes internationaux globaux aujourd’hui.
Nous avons souvent parlé ici de l’implication de Grossi et de l’AIEA aux côtés de l’armée atlantico-ukrainienne, afin de l’aider à reprendre le contrôle de la centrale nucléaire de Zaporojié, quitte à la mettre en danger.
L’un des moyens utilisés fut la tentative de mise en place d’une «zone démilitarisée», devant conduire à écarter la Russie du contrôle de la zone (voir par exemple ici notre texte de décembre dernier à ce sujet). Lors de son intervention devant le très américain indépendant Conseil des relations internationales, sous la présidence de Rebecca K. Hersman du Département américain de la Défense, Grossi a déclaré que, finalement, la mise en place d’une zone démilitarisée autour de la centrale nucléaire de Zaparojie n’était plus à l’ordre du jour, car cela conduisait les Ukrainiens à reconnaître son appartenance à la Russie.
«Nous avons discuté avec les deux parties de différentes options, formes et tailles (de la zone démilitarisée). Et je suis arrivé à la conclusion que la question territoriale sera quelque chose qui, pour diverses raisons, pour l’Ukraine peut aussi être considérée comme la légitimation de la présence russe»
Ainsi, pendant 8 mois, il a mené des discussions «avec les deux parties», c’est-à-dire avec l’Ukraine et la Russie, mais comme cela risquait de conduire à légitimer la présence russe, il décide tout à coup que cette zone démilitarisée n’est plus adaptée à la situation, qui est celle d’une zone dans un conflit armé. Comme s’il ne savait pas, qu’il y avait un conflit armé dans la zone, où se trouve la centrale. En effet, quelle découverte, quelle surprise !
«Nous ne parlons pas de la zone démilitarisée. Nous sommes bien conscients des difficultés supplémentaires que cela entraînerait, en particulier dans une zone d’hostilités actives. Il serait extrêmement difficile de mener à bien le processus de vérification — à plus d’un mile de la zone démilitarisée, le territoire sera extrêmement militarisé. Donc, nous ne le prenons plus en considération»
Mais pour autant, il ne s’arrête pas en si bon chemin. Le rôle de l’organisation qu’il préside, comme toute organisation anciennement internationale, est de servir aujourd’hui les intérêts globaux, donc ici de soutenir l’Ukraine. Changement donc de stratégie annoncé par Grossi :
«obtenir des engagements de ne pas attaquer la centrale ou de ne pas utiliser la centrale pour projeter des attaques.»
Comme la centrale est aux mains de la Russie, elle n’a logiquement aucun intérêt à se tirer dessus ou à mettre son fonctionnement en danger, d’autant plus que la région dépend de cette station pour son approvisionnement en énergie. L’on pourrait donc penser que Grossi, dans un élan de lucidité, veule empêcher un incident nucléaire et finisse par demander à l’armée atlantico-ukrainienne de cesser de mettre en danger la sécurité de la région et le fonctionnement régulier de la centrale nucléaire. Et pour que le message passe, il le prononce devant ses maîtres — aux Etats-Unis justement.
Non, il entre simplement dans la comm. La Russie est censée mettre elle-même en danger le fonctionnement de la centrale et se tirer dessus — il faut donc arrêter la Russie …
Pendant ce temps-là, les autorités régionales russes préviennent d’un risque de provocation du côté atlantico-ukrainien, qui sous couvert de travaux d’entretien, couperait l’approvisionnement en électricité de la centrale nucléaire :
«»Pour ce faire, sous couvert de soi-disant travaux de réparation, il est prévu de déconnecter la dernière ligne électrique de secours d’une capacité de 750 kV, qui alimente la centrale nucléaire et soutient ses unités de puissance», a déclaré Rogov.»
La question nucléaire est beaucoup trop présente dans ce conflit … L’on sent une tentation grandissante de briser ce tabou, qui nous protège depuis l’utilisation par les Etats-Unis des deux bombes atomiques, sans intérêt militaire aucun, contre le Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Karine Bechet-Golovko