Conflit en Ukraine : Macron et la trahison ouverte des élites nationales françaises
La France macronienne tient à merveille son rang de fille aînée de l’Otan. Elle accueille les responsables ukrainiens à l’Assemblée Nationale et à l’Elysée, elle importe au sein des institutions nationales, ce discours atlantiste, qui va à l’encontre de son intérêt national. La trahison ne pouvant être que momentanée, le Président Macron va toujours plus loin, renforce son aide militaire dans le conflit ukrainien, un conflit qui n’est pas le nôtre. Qu’il est loin le temps de De Gaulle! Qu’il est loin le temps de la France! N’oublions pas : quand les élites trahissent, ce sont les peuples qui en paient le prix. Et la facture devient lourde.
Dès 1958, le Général De Gaulle déclarait que l’OTAN ne correspondait plus aux intérêts de la France :
« L’OTAN ne correspond plus aux nécessités de notre défense », écrivait-il dès le 17 septembre 1958 dans un mémorandum adressé aux Américains et aux Britanniques.
Et contre la politique des socialistes et des centristes de la IVe République, qui alignaient la diplomatie française sur la position atlantiste, pas à pas, De Gaulle a pu libérer — un instant — la France de cette encombrante tutelle en 1966. Et déjà Mitterrand, qui accéléra l’enlisement de la France dès qu’il sera Président, condamnait l’idée même de l’intérêt national, poujadisme d’un autre temps paraît-il.
L’intérêt national est depuis longtemps trop encombrant pour nos élites dirigeantes. Il est tellement plus confortable, et pour la majorité et pour l’opposition fantoche, de chacun jouer son rôle, avec toutes les garanties de satiété, que confère la soumission.
Mais tout a un prix. Et quand les élites politiques n’ont pas le courage d’assumer le prix politique de leurs décisions, c’est tout le pays qui paie la facture. Cela fait des années que nous le voyons, mais cela prend des proportions Ô combien dangereuses avec la furie militariste de l’OTAN dans ce conflit ukrainien. L’alignement total de la France sur le ligne atlantiste sur cette question constitue un danger existentiel pour notre pays.
Quand le président de la Rada ukrainienne s’exprime devant des députés passifs à l’Assemblée nationale, pour servir sa propagande, acceptée docilement avec hypocrisie, c’est toute l’institution qui se discrédite. Où étaient ces bonnes consciences endormies lors des bombardements de civils par l’armée ukrainienne pendant 9 ans, quand Porochenko se vantait de ce que les civils du Donbass vivaient dans des caves quand les petits «ukrainiens» jouaient dans les cours ?
Et l’on en arrive à ce que cette marionnette, jouant devant d’autres marionnettes, leur demande de reconnaître la Russie comme pays terroriste, ce que même les Etats-Unis se refusent à faire. Mais si l’OTAN fait la guerre en Ukraine contre la Russie par l’intermédiaire des pays de l’Alliance et de ses satellites, la politique se fait aussi par des pions dirigés.
Quand le Président de la République envisage la possibilité, pour l’instant théorique, de livrer des avions de combat à l’Ukraine, et des chars, si cela ne provoque pas d’escalade et n’affaiblit pas l’armée française, nous sommes déjà en pleine escalade. Les armes sont faites pour tirer, plus elles sont puissantes, plus le conflit est dévastateur. Et encore 12 canons Caesars prennent la direction du champ de bataille.
Alors que le ministre de la Défense ukrainienne et le président de la Rada sont reçus par Macron, les Etats-Unis annoncent l’envoi pour la première fois de roquettes à longue portée, des chars Abraham, des missiles guidés et des missiles anti-chars. Et le ministre ukrainien des Affaires étrangères de déclarer que l’Ukraine va recevoir 120-140 chars modernes occidentaux. Ces gens comprennent-ils ce qu’il reste des villes et des hommes après une bataille de chars ? Il faudrait peut-être relire les récits historiques sur la bataille de Koursk lors de la Seconde Guerre mondiale …
Aucun pays n’a déclaré la guerre à la Russie, aucun pays n’a voulu risquer un désaveu populaire. Et toutes ces élites savent pertinemment comment sont utilisées ces armes : également contre des sites civils. Toutes ces élites sont responsables des crimes de guerre commis sur le terrain.
Cette politique d’alignement et de soumission est une trahison de l’intérêt national par les élites politiques. Ils mettent la France, notamment, en situation de cobelligérance (voir notre colonne pour RT France ici), alors que ni les peuples, ni les institutions, ne se sont formellement prononcées sur la question.
Comme De Gaulle le déclarait : l’OTAN ne correspond pas aux besoins de la défense de la France. Et pour cause, il n’a pas été créé pour cela, mais pour défendre l’intérêt américain dans le monde — l’OTAN est le bras armé de la globalisation. Qui oserait, aujourd’hui, envoyer ces quelques mots ?
« La France, écrit le général de Gaulle à Lyndon Johnson , se propose de recouvrer sur son territoire l’entier exercice de sa souveraineté, actuellement entravée par la présence permanente d’éléments militaires alliés ou par l’utilisation qui est faite de son ciel, de cesser sa participation aux commandements intégrés et de ne plus mettre de forces à la disposition de l’Otan. »
Karine Bechet-Golovko