Conflit ukrainien : Pourquoi l’on ne pouvait attendre qu’un échec de Macron en Chine
La visite de Macron en Chine est un échec diplomatique. Mais l’on se doit bien de reconnaître, que tout a été fait, pour qu’il en soit ainsi. Sous tutelle de la guerrière Ursula von Leyen, il est difficile de parler de paix. En donnant des injonctions au Président chinois, il est impossible de le convaincre. La France globalisée, défendant un ordre du monde qui la fait disparaître, est parfaitement incarnée par Macron. Son travail de sape continue, inlassablement. Les manifestations ne changeront rien au cours pris par la politique française, car les décisions ne se prennent plus à Paris.
Le journal Politico taille un costard à Macron. Echec sur toute la ligne. Macron n’a pas fait changer d’avis Xi Jinping, qui ne fera pas pression sur la Russie. L’alliance russo-chinoise n’a pas été fragilisée, alors que tel était le seul véritable but de cette visite. Cet échec est également constaté par le NYT ce matin :
«Xi Jinping, le plus haut dirigeant chinois, et Emmanuel Macron, le président français, ont appelé à un retour aux pourparlers de paix pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Mais Xi n’a pas publiquement accepté de faire pression sur Moscou pour négocier.»
Si chacun parle de paix, la Pax americana défendue par Macron, n’est pas la vision portée par la Chine, qui appelle à un compromis raisonnable de la communauté internationale et à la prise en compte des revendications légitimes de sécurité des différents pays, entendre la Russie :
«Le deuxième jour de la visite d’État de Macron en Chine, Xi a repris sa position de longue date sur l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie – affirmant que «toutes les parties» avaient des «préoccupations raisonnables en matière de sécurité» – et n’a donné aucun signe, qu’il utiliserait son influence pour aider à mettre fin au conflit.
«La Chine est prête à lancer un appel conjoint avec la France à la communauté internationale pour qu’elle reste rationnelle et calme», s’est contenté d’affirmer le dirigeant chinois lors d’une conférence de presse au Grand Palais du Peuple à Pékin.»
Bien loin de faire pression sur la Russie, le Président chinois a lancé un appel à la communauté internationale, autrement dit aux pays de l’Axe atlantiste : soyez rationnels, avant que la situation ne devienne incontrôlable.
Evidemment, il n’a pas été entendu, car la «paix» portée par Macron est celle de la reddition inconditionnelle de la Russie, d’un retour à 2014. Sur le fond, Macron ne pouvait pas convaincre, car il n’avait rien à négocier.
S’asseoir à la table des négociations dans ces conditions, n’a aucun sens. Et c’est bien la réponse donnée par le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov :
«Le porte-parole du Président russe Dmitri Peskov, commentant la possibilité d’une médiation chinoise dans le conflit ukrainien, a noté le «potentiel effectif et impressionnant» de ce pays. « Dans le cas de l’Ukraine, la situation reste difficile, tant qu’elle n’offre aucune perspective de règlement pacifique. Sur la base de la position — à la fois officielle et officieuse — qui est déclarée depuis Kiev. Jusqu’à présent, il n’y a pas d’autres moyens pour nous, que la poursuite de l’Opération militaire spéciale », a déclaré Peskov.»
Le «plan de paix» proposé par la Chine n’est pas nouveau, certains points sont intéressants comme l’a déjà déclaré le Kremlin il y a un certain temps de cela, mais de toute manière, ce n’est pas le moment. Les révélations autour des Accords de Minsk, qui à l’époque avaient été présentés comme une grande initiative du Président russe, ont servi de douche froide.
Si sur le fond, aucun accord ne pouvait être atteint, sur la forme non plus. Quelle idée géniale que d’aller en visite d’Etat en Chine avec la présidente de la Commission européenne. Je cite France Info, la voix de son maître :
«Emmanuel Macron est accompagné de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Objectif : afficher un front uni et de parler d’une seule voix, celle de l’Europe face à Xi Jinping. Pourtant, le régime chinois ne se réjouit pas de la présence de la cheffe de l’UE, qui a mis en garde Pékin : «L’avenir des relations sino-européennes, a-t-elle dit, dépendra de l’attitude de Pékin vis-à-vis de la guerre de Poutine en Ukraine».»
Une visite «d’Etat», sous l’égide de l’UE … Voilà ce qu’il reste de la souveraineté française aujourd’hui. Ce qui explique bien des déboires. «Un front uni», dit-on. Nous restons dans une logique de confrontation, qui est celle portée par les responsables européens et docilement conduite à son paroxysme par les pantins, qui servent de Chefs d’Etat en Europe.
Il faut dire que l’idée ne vient pas de Macron. Comme il avait téléphoné à Biden avant d’appeler Poutine, il a ici aussi pris ses ordres avant sa visite.
«Une recherche de dialogue sur l’Ukraine. Lors d’un entretien téléphonique, Emmanuel Macron et son homologue américain Joe Biden ont émis le souhait que la Chine aide à «accélérer avec nous la fin de la guerre en Ukraine», selon des responsables français. Alors qu’un front anti-occidental a été affiché par Xi Jinping et Vladimir Poutine à Moscou il y a deux semaines, le président français va rechercher «un espace» de dialogue avec Pékin pour des «initiatives» afin de «soutenir la population civile» ukrainienne, mais aussi «identifier un chemin» de sortie de crise à moyen terme, a dit un conseiller.»
Quelle parodie ! Quelle tristesse ! Nous avons obtenu ce que finalement nous avons mérité. Macron achève de discréditer la France sur la scène internationale, incapable de lui faire tenir son rang. Un rang, que de toute manière, elle ne peut pas avoir en étant un maillon de l’UE et un satellite des Etats-Unis. Sans reprendre sa souveraineté. Et en plus, ce triste sire se permet de donner des leçons de choses, presque de menacer. Et c’est bien la seule chose, qui soit retenue par la presse française publique, de plus en plus larbin.
Qui est l’agresseur — depuis 2014 ? Qui a armé et formé l’armée ukrainienne et les bataillons néonazis punitifs ? Qui couvre les slogans nazis ? Qui couvre les législations de ségrégation anti-russe, comme à la «bonne vieille époque» ?
Sans parler des leçons de morale sur les dangers de la dispersion des armes nucléaires. Le message, est-il adressé aux Etats-Unis, comme l’a judicieusement souligné la porte-parole du MAE russe ? Car combien de pays en Europe entreposent-ils ces armes ? Presque une dizaine.
Cerise sur le gateau, Macron, qui utilise la conférence de presse, pour être grandiloquent et chercher à mettre le Président chinois en défaut, sur son propre sol. Faut-il être à ce point stupide, fat ou fanatique ? Calmement, il a été remise à sa place, celle de l’insignifiance. Le problème est qu’il entraîne la France avec lui …
Karine Bechet-Golovko