Déglobalisation : la Russie précise les mécanismes d’immigration idéologique

Pour la première fois dans un document officiel russe, la rupture idéologique avec le néolibéralisme est posée. Dans un oukase présidentiel du 19 août 2024, le Président russe pose le principe de la Russie, terre d’accueil des résistants à l’ordre néolibéral, en ce qui concerne les valeurs humaines classiques. C’est un pas aussi symbolique qu’important dans la lutte contre la globalisation, surtout qu’une forte demande  d’émigration vers la Russie existe en provenance des ressortissants d’Europe et des Etats-Unis.

Même si l’on en parle peu, et absolument pas dans les médias atlantistes, l’on voit à Moscou arriver bon nombre de ressortissants des pays occidentaux, cherchant à fuir l’ambiance malsaine progressiste, centrée sur le culte des minorités, le conditionnement idéologique des enfants, le processus d’acculturation et la destruction des bases sociales, qui permettent le développement d’une personnalité forte et équilibrée, à savoir principalement la famille, l’école et la religion.

Or, les règles d’immigration en Russie sont assez strictes. Pour obtenir un titre de séjour, même temporaire, il faut passer un test de langue russe, de bases historiques et juridiques. L’idée est simple : si l’on veut vivre en Russie et pas uniquement faire du tourisme, il faut être capable de s’intégrer. Pour cela, la maîtrise de la langue, la connaissance de l’histoire nationale et des règles de vie sont indispensables.

Actuellement, la confrontation militaire entre l’Axe atlantiste et la Russie n’est que la partie visible de l’iceberg de la confrontation idéologique, et civilisationnelle, qui est à la source de ce conflit. Ce cadre très particulier nécessite la mise en place de règles dérogatoires, pour les ressortissants de ces pays non-amis, qui ne soutiennent pas la politique destructrice de leurs élites dirigeantes, mais ne maîtrisent pas suffisamment la langue russe pour pouvoir obtenir un titre de séjour, souvent pour eux et leur famille. Sachant, qu’il leur faudra bien s’en occuper une fois dans le pays, s’ils veulent réellement s’intégrer.

Le Président Poutine vient d’adopter un oukase posant le principe de ce mécanisme dérogatoire et intitulé oukase sur l’aide humanitaire apportée aux personnes partageant les valeurs traditionnelles morales et spirituelles russes. L’article 1 de l’oukase formule ainsi le principe de l’immigration idéologique :

«Reconnaître le droit de déposer une demande de titre de séjour temporaire, en dehors des quotas déterminés par le Gouvernement de la Fédération de Russie et sans déposer le document certifiant la maîtrise de la langue russe, la connaissance de l’histoire de la Russie et les bases de la législation russe, aux ressortissants étrangers et aux apatrides, ayant déclaré leur volonté de venir vivre en Russie, en provenance de pays dont ils sont citoyens ou où ils résident de manière permanente en raison de l’opposition à la politique en vigueur dans ces pays, imposant les bases idéologiques néolibérales destructrices, contrevenant aux valeurs traditionnelles morales et spiritituelles russes, prévues par les Fondements de la politique nationale de renforcement et de protection des valeurs traditionnelles morales et spirituelles russes, établis par l’oukase du Président de la Fédération de Russie du 9 novembre 2022 (…).»

Cette procédure dérogatoire n’est pas ouverte à tout le monde, mais uniquement en fait aux ressortissants des pays non-amicaux, qui sont ces pays où les élites globalistes mènent une politique néolibérale autoritaire et intrusive. La liste exacte de ces pays sera établie d’ici un mois par le ministère des Affaires étrangères et validée par le Gouvernement. 

La frontière idéologique s’installe entre l’Occident globaliste et la Russie. Pour l’instant, la conception néolibérale est focalisée en Russie sur les valeurs traditionnelles, ne remettant pas en cause les autres aspects non moins destructeurs de l’idéologie néolibérale, que sont notamment les cultes numérique, écologiste et manageurial. 

C’est en tout cas un début important, qui va emporter le reste. Car ces étrangers, qui veulent venir vivre en Russie, n’y cherchent pas les délires globalistes de la reconnaissance faciale pour le paiement du métro moscovite ou aux caisses automatiques de certains supermarchés, ni la parodie scientifico-scolaire de certains établissements soi-disant scolaires pour petits génies en herbe ou le délire futuriste du parc Zaradie. Les valeurs traditionnelles vont bien au-delà de la famille, elles imprègnent toute la vie sociale et en les annonçant, la Russie s’oblige à terme à y revenir et donc à remettre en cause les excès néolibéraux, qui la rongent depuis 30 ans.