FSB : Apple ouvre les données des diplomates occidentaux en Russie aux services spéciaux américains
Le FSB a mis à jour une collaboration particulièrement active entre la marque de smartphone Apple et les services de renseignement américains, notamment la tristement célèbre NSA. Cela concerne non seulement des abonnés russes, mais également des diplomates occidentaux travaillant en Russie … C’est vraiment une habitude pour les Américains d’espionner leurs «partenaires». La confiance, rien de tel.
L’espionnage est, semble-t-il, une tradition aux Etats-Unis. L’on se souviendra des systèmes d’écoutes de leurs «amis» européens, qui n’ont pas osé s’offusquer de peur de déplaire au Chef, qui leur a fait l’honneur d’un tel intérêt. Le développement du culte technologique facilite grandement la chose.
Comment vivre aujourd’hui sans smartphone ? C’est une question de statut social que de posséder le dernier modèle Apple, avec tous les gadgets. Il est devenu absolument impensable de s’en passer. Imaginer, le monde pourrait tourner sans vous quelques heures et vous devriez le reconnaître. Quelle honte !
Par ailleurs, le risque humain serait encore plus important que le risque social. Vous ne seriez plus gavés aux vidéos indispensables, oubliées 10 minutes plus tard. Vous seriez obligés de regarder le monde, et les gens, autour de vous, au lieu de pouvoir confortablement vous cacher dans un écran. Vous devriez libérer votre cerveau et réfléchir, au lieu de l’abrutir d’une quantité d’informations inutiles et indigestes, qui lui permettent l’endormissement quotidien. Non, ce serait vraiment trop difficile.
Les officiels et hauts fonctionnaires russes, dont pourtant le pays est en guerre, ne font pas exception à la règle. En mars, une instruction est passée à l’Administration présidentielle, recommandant aux personnes travaillant dans le bloc de la politique intérieure, de changer de smartphone s’il s’agit d’un modèle Apple. Pas une obligation, juste une recommandation. Pas pour tous, juste pour les personnes de ce bloc — manifestement, les autres peuvent être tranquilles. Et pas contre les smartphones, juste contre Apple — car les smartphones chinois, par exemple, sont «gentils», car la Chine est un pays ami. Il ne faut pas plus perturber les habitudes, que briser les mythes. La guerre n’y change rien, surtout lorsqu’elle n’est pas intégrée.
Or, le FSB vient justement de mettre à jour un système d’espionnage — qui va bien au-delà et de l’Administration présidentielle et des Russes, mais concerne quelques milliers de cartes SIM enregistrées auprès des missions diplomatiques, notamment des pays de l’OTAN, travaillant en Russie. Voici la traduction de leur communiqué :
«Le Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie, en collaboration avec le FSO de Russie, a mis à jour une opération d’espionnage des services de renseignement américains, menée à l’aide d’appareils mobiles Apple (États-Unis).
Dans le cadre de la garantie de la sécurité de l’infrastructure de télécommunications russe, des anomalies spécifiques aux seuls utilisateurs de téléphones mobiles Apple ont été identifiées, qui ont été causées par le fonctionnement de logiciels malveillants (VPO) jusque-là inconnus, qui utilisent les vulnérabilités logicielles fournies par le fabricant.
Il a été constaté, que plusieurs milliers de postes téléphoniques de cette marque étaient infectés. Par ailleurs, en plus des abonnés nationaux, des faits d’infection de numéros étrangers et d’abonnés utilisant des cartes SIM enregistrées auprès de missions diplomatiques et d’ambassades en Russie, y compris des pays du bloc de l’OTAN et de l’espace post-soviétique, ainsi qu’Israël, la Syrie et la Chine, ont été mis à jour.
Ainsi, les informations reçues par les services spéciaux russes témoignent de l’étroite coopération de la société américaine Apple avec le système national du renseignement, en particulier la NSA américaine, et confirment que la politique déclarée d’assurer la confidentialité des données personnelles des utilisateurs d’appareils Apple ce n’est pas vrai.
La société offre aux services de renseignement américains un large éventail d’opportunités pour contrôler à la fois toute personne présentant un intérêt pour la Maison Blanche, y compris leurs partenaires dans les activités anti-russes, et leurs propres citoyens.»
N’ayons aucun doute, il n’y aura aucune conséquence sérieuse à cette révélation. Les Occidentaux ont depuis longtemps intégré le fait que le Chef ait le droit de les surveiller, tant qu’il le fait assez discrètement. L’essentiel étant donc ici, pour eux, que l’on n’en parle pas trop. D’ailleurs, pour leur permettre de garder la face, Apple vient évidemment de rejeter ces accusations :
«Dans un communiqué, Apple a nié l’allégation. «Nous n’avons jamais travaillé avec un gouvernement pour insérer une porte dérobée dans un produit Apple et nous ne le ferons jamais», a déclaré la société dans un communiqué.»
Ouf, l’honneur est sauf ! Il est possible de ne rien faire. Sauf faire semblant, et pour cela nos élites sont douées.
Par Karine Bechet-Golovko