La CPI récidive : encore deux mandats d’arrêts contre des Russes
La Cour pénale internationale vient pour la deuxième fois d’adopter des mandats d’arrêt contre des ressortissants russes, alors que la Russie n’a pas reconnu sa compétence et que ses ressortissants ne peuvent donc être soumis à sa juridiction. Après le Président russe et l’Ombudsman pour les enfants, cette fois-ci, il s’agit du commandant de l’aviation stratégique et du commandant de la flotte de la mer Noire. En effet, de quel droit la Russie, ose-t-elle mettre en échec la grande stratégie de l’offensive de l’armée atlantico-ukrainienne contre elle ? Cela vaut bien deux mandats d’arrêt ! Vive la globalisation …
La CPI, dans le cadre de ce qu’elle appelle «La situation en Ukraine», désolée il n’y a rien de plus précis, vient d’adopter encore deux mandats d’arrêt. Cette fois-ci, il ne s’agit pas des enfants, cette ligne pourtant si émouvante pour faire pleurer dans les chaumières n’a finalement conduit que dans une impasse. Non, il s’agit de la réponse de l’armée russe. Ces salauds osent toucher des sites stratégiques … sans oublier tous ces «humanitaires» occidentaux, qui sont touchés. Ca ne se fait pas. Alors la CPI le formule ainsi :
«M. Sergei Ivanovich Kobylash, né le 1er avril 1965, un lieutenant-général des forces armées russes, qui à l’époque des faits était commandant de l’aviation à long rayon d’action des forces aérospatiales, et M. Viktor Nikolayevich Sokolov, né le 4 avril 1962, un amiral de la marine russe, qui à l’époque des faits était commandant de la flotte de la mer Noire, sont chacun présumés responsables du crime de guerre consistant à diriger des attaques contre des biens de caractère civil (article 8(2)(b)(ii) du Statut de Rome) et du crime de guerre consistant à causer incidemment des dommages excessifs à des civils ou à des biens de caractère civil (article 8(2)(b)(iv) du Statut de Rome), ainsi que du crime contre l’humanité d’actes inhumains en vertu de l’article 7(1)(k) du Statut de Rome. «
N’oublions pas que la CPI enquête à charge, c’est d’ailleurs son mandat et elle n’en sort pas. A quoi bon jeter un oeil sur les crimes, eux réellement commis, par l’armée atlantico-ukrainienne contre les civils en Ukraine ? On ne juge pas ses chefs … En revanche, juger des ressortissants d’un pays, qui ne reconnaît pas la compétence de la Cour, cela ne pose aucune difficulté à ces personnes. Passons.
Nous apprécierons également le flou de la formulation du communiqué :
«des mandats d’arrêt à l’encontre de deux personnes, M. Sergei Ivanovich Kobylash et M. Viktor Nikolayevich Sokolov, dans le contexte de la situation en Ukraine pour des crimes présumés qui auraient été commis entre le 10 octobre 2022 au moins et le 9 mars 2023 au moins.»
Quelle est cette «situation» en Ukraine ? Le coup d’Etat du Maîdan ou la Révolution «de la dignité» ? Puisque l’Ukraine s’est tournée vers la CPI en 2014 … Rappelons, qu’ils ont commencé à faire semblant d’enquêter en 2015, afin de légitimer le Maïdan. mais à l’époque, nous n’en avons pas trop entendu parlé. Donc, «situation» renvoie à tout ce qui est nécessaire pour construire le «bon» discours politico-médiatique.
Nous sommes face à «des crimes présumés«. Autrement dit, rien n’est établi, mais il y aurait suffisamment de conviction, pardon de preuves, pour lancer des mandats d’arrêt. Le monde du highly likely se porte à merveille.
C’est quoi ce délai, dans lequel la compétence de la CPI doit être encadrée ? L’expression «au moins» laisse perplexe. Bref, si les commanditaires ont besoin d’élargir, c’est open bar.
Sur le fond, ces deux arrêts montrent la situation difficile, sur le plan militaire, dans laquelle l’Axe atlantiste se trouve. Leur offensive a échoué, ils ne savent pas s’il faut vraiment et officiellement envoyer des forces militaires des pays occidentaux, mais ils sont incapables de repenser leur stratégie rapidement, car s’impliquer directement dans le conflit oblige à remasculiniser la société occidentale et réindustrialiser les pays, ce qui va frontalement à l’encontre des dogmes globalistes.
En ce qui concerne la compétence de la CPI, toutes les explications fournies par la Cour laissent perplexe … En droit international, l’on ne suppose pas les obligations qui pèsent sur les Etats. Les Etats doivent, d’une manière ou d’une autre, mais formellement, reconnaître un traité ou une instance, pour que ces dispositions lui soient imputables. Les Etats-Unis n’ont pas ratifié le statut de Rome et l’ont vertement rappelé à la CPI, quand celle-ci avait naïvement fait une tentative. L’affaire est close, car les Etats-Unis sont le chef. La Russie n’a pas ratifié et peu importe, le monde global est en guerre contre elle, donc les règles normales du droit ne s’appliquent pas, car le droit ne s’applique pas à l’ennemi.
En tout cas, la réputation de la CPI n’en sort pas grandie. Et la Russie dit simplement et calmement qu’elle ne reconnaît pas la validité de ces mandats d’arrêt. Qui n’auront pas plus de valeur juridique que les précédents, mais servent en revanche à remplir la communication. Et les médias y travaillent activement, dans leur grande et incontestable indépendance, sans même soulever la question de la compétence de la CPI … Pour eux, les Etats n’existent plus, vive ces structures gouvernantes, devant lesquelles chacun doit s’incliner. Des structures fonctionnant dans des intérêts très précis, n’ayant rien à voir avec la défense des victimes, le droit international ou même la justice.
Par Karine Bechet-Golovko