Les élections présidentielles en Russie : victoire de Poutine et volonté de souveraineté des Russes
Si la victoire de Poutine aux élections présidentielles ne faisait pas l’objet d’un suspense intense, la question était plutôt de savoir comment ces élections allaient se dérouler, quelle serait la participation, quels seraient les résultats dans les nouveaux territoires. Et la réponse apportée par la population est sans appel : le soutien apporté au Président Poutine pour le renforcement de la souveraineté de la Russie et la défense de ses intérêts stratégiques est plus que majoritaire, avec un taux de participation historique dépassant les 74% et une victoire à plus de 87%. C’est toute la propagande atlantiste qui vient d’être désavouée ici par les électeurs.
Dans le discours politico-médiatique atlantiste, il est convenu de parler des territoires «annexés» par la Russie, ce qui sous-entend une prise par la force contre la volonté des populations locales. Cette rhétorique confortable, devant justifier le combat mené par l’OTAN contre la Russie sur le front ukrainien, vient d’être fortement remise en cause.
Tout d’abord par le taux de participation dans ces nouvelles régions russes, qui dans l’ensemble a dépassé les 80%, c’est-à-dire est encore supérieur à la moyenne nationale :
«Le taux de participation final aux élections présidentielles dans la République populaire de Lougansk était de 87,12 %, et dans la région de Kherson de 83,87 %. (…) Le taux de participation dans la République populaire de Donetsk à 12h00, heure de Moscou, était de 88,17% ; il dépassait les 85% dans la région de Zaporozhye, à 15h00, heure de Moscou.»
Les habitants de ces régions ont ainsi renouvelé le choix fait lors des référendums d’entrée dans la Fédération et s’affirment citoyens russes. Cela est bien loin de la logique de l’annexion.
Ensuite, le résultat, obtenu par Vladimir Poutine dans ces régions, montre bien le soutien de la population:
«Poutine a obtenu 95,23 % des voix après traitement de 100 % des protocoles de la République populaire de Donetsk ; Poutine remporte les élections présidentielles dans la région de Kherson avec 88,12 % des voix après traitement de 100 % des protocoles ; et Poutine remporte 94,12 % des voix après traitement de 100 % des protocoles dans la République populaire de Lougansk.»
Ces régions suivent la ligne déjà ouverte par la Crimée :
«Poutine est en tête avec 93,60 % des voix après avoir traité 100 % des bulletins de vote pour les élections présidentielles russes en Crimée.
Le taux de participation final dans la république est de 89,76 %.»
Ces régions ont le même parcours, elles sont revenues vers la terre-mère après s’être battues pour cela. Pour les habitants de ces régions, être citoyen russe ne coule pas de source, ils ont obtenu ce droit les armes à la main. Désormais, ils l’affirment haut et fort.
Enfin, il faut souligner l’importance du soutien réel de la population exprimé à Poutine. Importance ne veut pas dire totalité, mais toute démocratie fonctionne conformément à la volonté de la majorité et non de la minorité, ce que nous semblons avoir oublié en Europe.
Un taux de participation national dépassant les 74% est un record, qui dépasse celui de 1996, ces élections qui avaient marqué la chute politique définitive du Parti communiste russe, plus par faiblesse interne que suite au rejet de la population. Et le résultat sans appel dépassant les 87% est un plébiscite réussi pour Poutine, quand ses opposants restent autour de 3-4% : Kharitonov (Parti communiste) — 4,30%, Davankov (Les gens nouveaux) — 3,84% et Sluttsky (LDPR) — 3,21%.
Quelques remarques d’ordre général.
Tout d’abord, le culte globaliste numérique, incarné ici par le vote électronique à distance, a été poussé à son paroxysme. A la fois par l’incitation très lourde faite aux gens de voter de cette manière, ensuite par la mise en scène du vote de Poutine à distance «donnant l’exemple». Rappelons, que le vote électronique a plusieurs défaut intrinsèques, qu’il est impossible de dépasser : on ne sait pas qui physiquement vote et, soit le vote est anonyme, soit il est sécurisé. Politiquement, c’est aussi un moyen d’affaiblir la légitimité d’un système politique si ce type de vote est utilisé majoritairement, car il faut réellement croire dans les algorithmes, aucun recompte n’est possible (Voir notre article à ce sujet ici). Heureusement, malgré le matraquage médiatique, qui continue encore dans les médias russes vantant la grande réussite et l’ampleur du vote électronique, celui-ci n’a pas convaincu. Il y a en Russie 112,3 millions de votants et seulement (heureusement !) 4,7 millions se sont enregistrés pour voter en ligne. Les résultats de la participation comprennent moins de 1% de variation avec le vote électronique.
Ainsi, la population russe, plus conservatrice et sensée, reste attachée au vote traditionnel, normal, celui qui comporte le rituel presque religieux du déplacement dans le bureau de vote et de la mise du bulletin dans l’urne. Ce rituel est important pour maintenir et réaffirmer le lien civique, physique entre le citoyen et la pays, le détruire est favoriser la délégitimation du pouvoir.
Ensuite, le pluralisme politique a été introduit parmi ces candidats avec Davankov du parti artificiel Les gens nouveaux, qui a déjà pu entrer grâce aux technologies politiques à la Douma. Ce candidat a bénéficié d’une surmédiatisation, comme ce fut déjà le cas pour les législatives. Et son discours, s’il est moins direct que celui de l’opposition radicale, sur le fond il en reprend tous les axes, notamment celui de la «paix», sans jamais préciser dans quelles frontières …
Enfin, l’armée atlantico-ukrainienne s’est physiquement jetée contre la Russie lors de ces élections. L’on a pu voir des tentatives désespérées et systématiquement repoussées d’entrée sur le territoire russe à Belgorod, conduisant le Président russe a relancé l’idée d’une zone de sécurité. Les tirs de roquettes par les systèmes tchèques Vampire, je ne parle même pas des attaques de drones, furent particulièrement intenses. Ce matin, 10 roquettes furent détruites, hier 23, samedi 15. Et ce sont des zones habitées, qui sont visées, comme ici dans cette vidéo de l’attaque de Belgorod samedi, à proximité d’un espace de jeu pour les enfants :
En principe, en une semaine, l’on compte 82 blessés et 11 morts à Belgorod. Tous des civils. Il s’agit bien de terroriser la population, de la punir pour soutenir le choix de la souveraineté de la Russie.
Voilà à quoi servent les armes que nous envoyons en Ukraine. Quelles «valeurs» protègent-elles de cette manière ? A moins de considérer l’affirmation de sa souveraineté et la volonté d’une sécurité stratégique comme des valeurs à combattre, car incompatibles dans le monde global. C’est finalement le message lancé par l’Occident. La réponse des Russes fut sans appel : ils ne veulent pas de ce monde.
Par Karine Bechet-Golovko