Macron rapproche dangereusement la France d’une confrontation militaire avec la Russie
Macron entraîne la France toujours plus près d’une confrontation militaire directe avec la Russie. Ainsi, non seulement il autorise l’utilisation des armes françaises contre des cibles en profondeur sur le territoire russe, mais il envoie des militaires français en Ukraine, formellement des «instructeurs». Face à l’avancée de l’armée russe sur le front, l’Axe atlantiste joue l’escalade. Au prix de nos hommes. Comme si la Russie allait indéfiniment se retenir de répondre directement.
Nous le disons depuis le début de ce conflit en Ukraine, bien avant 2022 : les Atlantistes ne peuvent se permettre de perdre contre la Russie, car ils jouent leur pouvoir. Après avoir utilisé le potentiel ukrainien, après avoir mis à contribution les pays de l’Est, plus atlantistes qu’européens, les Occidentaux doivent donner l’exemple et entraîner le Continent dans une confrontation contre la Russie, pour protéger la domination américaine.
Et c’est justement ce que Macron est en train de faire. Entraîner notre pays dans un guerre, qui n’est pas la nôtre. Notre territoire national n’est pas mis en danger par la Russie. Les intérêts vitaux de la France ne sont pas mis en danger par la Russie. Ce n’est pas la Russie, qui fait de l’ingérence directe, et économique, et politique, dans notre pays, mais les Etats-Unis. Ce n’est pas la Russie, mais bien les Etats-Unis, qui nous mettent en danger en nous lançant dans une confrontation avec une puissance nucléaire.
Macron a fait deux pas de géant, qui nous rapprochent de l’abîme.
Pour la première fois officiellement, des militaires français seront envoyés en Ukraine. Un tabou est brisé. Il s’agit dit-on, de «formateurs». Le nombre de personnes n’est pas précisé. Un simulacre a été joué, avec les Ukrainiens adoptant un acte juridique, légalisant la présence des instructeurs français, puis l’annonce de l’envoi de ces formateurs. Comme s’il n’y avait pas déjà d’instructeurs des pays de l’OTAN en Ukraine …
En ce qui concerne les Français, l’on notera que le scandale de la formation de néo-nazis ukrainiens sur le sol français ayant fait quelques remous (voir notre texte à ce sujet), délocaliser cette activité peu ragoûtante non seulement en Pologne, mais aussi sur le sol ukrainien, permettra à chacun de se recoucher dans sa mauvaise foi et de ne rien voir, de ne rien savoir. Mais non, il n’y a pas de néo-nazisme en Ukraine … que des démocrates … certes un peu «gammés».
Ensuite, Macron s’est prononcé en faveur de l’autorisation d’utiliser les armes fournies par la France en profondeur sur le sol russe. Sans aucune surprise, il a soutenu, après la Grande-Bretagne et l’injonction de Stoltenberg, leur utilisation contre des cibles militaires en Russie. Manifestement, à Belgorod aussi, il devait déjà y avoir des cibles militaires … au milieu des immeubles d’habitation, dans les écoles, dans les bus, sur les espaces de jeux pour enfants … Sinon, certainement, Macron aurait dû dire un mot, puisqu’il entend restreindre l’utilisation des armes françaises de longue portée aux seules cibles militaires, dans une logique de «défense» très active de l’armée atlantico-ukrainienne. N’oublions que pour ces gens, l’Histoire a commencé en février 2022, c’est tellement plus confortable de jouer les victimes, plutôt que les agresseurs.
C’est étrange ce cinéma autour de l’utilisation des armes fournies. Depuis quand un pays, lorsqu’il est souverain et se bat lui-même, demande-t-il l’autorisation d’utiliser les armes qu’il possède dans une guerre qu’il mène ? C’est inédit. A moins de reconnaître, que ce n’est en Ukraine qu’une fiction, elle ne possède pas ces armes et elle ne décide pas de leur utilisation. Ce n’est pas l’Ukraine, comme Etat, qui se bat, c’est une guerre qui se déroule sur le territoire ukrainien, menée par ces pays, qui fournissent leurs armes pour leur guerre. Dans ce cas, ces précautions oratoires sont nécessaires, pour tenter de cacher la responsabilité de ces pays sous un léger voile communicationnel.
Dans tous les cas, avec cette escalade, deux questions se posent.
Quid de l’article 5 ?
En envoyant officiellement des militaires français sur le sol ukrainien, la France prend le risque de les voir mourir. Ceci n’est pas une hypothèse, puisque l’armée russe tire souvent et avec succès sur les centres de formation militaire, où se trouvent des instructeurs des pays de l’OTAN. Mais déjà le Premier ministre estonien déclare que, de toute manière, si les instructeurs des pays de l’OTAN sont tués en Ukraine, ce n’est pas grave, car cela n’engagera certainement pas l’art. 5. Les familles apprécieront … En tout cas, le message est clair : l’escalade du conflit entraîne une nullification de l’art. 5, les Mousquetaires sont en vacances et chacun pour soi. De toute manière, Dieu reconnaîtra les siens.
Quid de la réponse de la Russie contre les pays européens ?
Pourquoi les pays européens sont à ce point certains, qu’ils resteront physiquement en dehors de cette guerre, si les armes de l’OTAN touchent la Russie en profondeur et, vu la pratique à ce jour, touchent des cibles civiles ? Car soyons clairs, des sites militaires sont déjà visés et les territoires devenus russes après 2014 le sont quotidiennement, sans qu’il ne soit nécessaire pour l’armée atlantico-ukrainienne d’y justifier de cibles militaires : elle fait ouvertement payer à la population le prix de sa liberté.
La Russie pourrait parfaitement décider d’élargir le cercle de ses cibles légitimes, en y incluant les stocks d’armes, les centres de formation militaire et l’infrastructure mise à contribution de cette guerre, qui se trouve dans les pays est-européens, en dehors donc du territoire ukrainien, auquel elle se restreint pour l’instant. Pensez-vous vraiment que l’Oncle Sam enverra ses hommes défendre la Pologne ? Ici aussi, chacun aura rapidement oublié l’art. 5, dès qu’il sera question de devoir réellement et personnellement entrer en guerre contre la Russie ( voir mon interview, disponible ici sur la chaîne Télégram Russie Politics, donné à RT France).
Il n’y a donc plus de forces politiques en France, pour rappeler cette simple réalité à Macron, avant qu’il ne soit trop tard et que l’engrenage de la guerre ne soit enclenché ?
Par Karine Bechet-Golovko