Mandats d’arrêt contre Choïgou et Guerassimov : la CPI signe et persiste dans l’impuissance
Comme il est coutume de dire : il n’y a que le premier pas qui coûte. Ce proverbe convient parfaitement à la Cour pénale internationale qui, insistant dans son incompétence, continue à une vitesse impressionnante à adopter des mandats d’arrêt déclaratoires contre des ressortissants russes, quand la Russie ne reconnaît pas sa compétence. Cette fois-ci, cela concerne l’ancien ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou et le chef de l’état-major, Valery Guerassimov.
Rappelons tout d’abord, que la CPI, comme tout organe international, n’a de compétence qu’à l’égard des pays, qui justement reconnaissent sa compétence. Que la Russie ne reconnaît pas la compétence de la CPI. Donc que celle-ci n’est pas compétente à l’égard des citoyens russes. Ce qu’elle reconnaît par ailleurs à l’égard des citoyens américains et israéliens.
Or, en mars 2023, la CPI a commencé à émettre des mandants d’arrêts contre des dirigeants russes. Faute de pouvoir mettre en place un «tribunal international» de poche, qui respecte un minimum les exigences juridiques, tout en étant idéologiquement docile, il a été décidé d’instrumentaliser à cet effet cette instance, somme toute peu active.
La première vague a concerné le Président russe Vladimir Poutine et l’Ombudsman pour les enfants Maria Lvova-Belova, sur la vague des accusations de déportation d’enfants (voir notre article ici). Quelle idée d’éloigner les civils, et surtout les enfants, des zones de combats …
La deuxième vague des mandats d’arrêt, qui à la CPI vont toujours par deux en ce qui concerne la Russie, a voulu sanctionner l’armée et a visé le commandant de l’aviation à long rayon d’action des forces aérospatiales Sergueï Kobalych et l’ancien commandant de la flotte de la mer Noire et amiral de la marine russe Viktor Sokolov (voir notre texte ici). Quelle idée de répondre, quand on vous tire dessus, alors que vous pourriez tranquillement capituler …
Cette fois-ci, le duo des mandats d’arrêt de la CPI est lancé contre l’ancien ministre de la Défense Sergueï Choïgou et le chef de l’état-major Valery Guerassimov. En substance, ils sont accusés de conduire la guerre et de ne pas laisser l’armée atlantico-ukrainienne vaincre sans combat. Ce qui du point de vue atlantiste est effectivement un crime.
L’on peut comprendre l’irritation de l’Axe atlantiste : cette guerre coûte cher, elle avance lentement et désormais recule, la tension monte de plus en plus et aucune sortie de crise diplomatique n’est réellement envisageable, puisque seule la capitulation de l’une des deux parties et sa disparition du champ géopolitique permettra une paix durable, car elle permettra l’organisation d’une nouvelle architecture internationale.
Voir à ce sujet notre dernière émission HEGEMON avec Rachid Achachi :
Alors la CPI continue à émettre des mandats d’arrêt, qui n’ont aucun effet. Poutine voyage sans problème, la Russie continue à développer ses alliances et renforce sa position sur la scène internationale. L’impossibilité objective d’exécuter ces mandats d’arrêt, autant que leur enchaînement, est un signe de faiblesse : l’Axe n’a pas d’appui sur le terrain juridique. L’acharnement dans l’impuissance termine de discréditer des institutions déjà largement dévoyées.
Par Karine Bechet-Golovko