Pachinian fait de l’Arménie une colonie atlantiste
Les manifestations demandant le départ du Premier ministre arménien Pachinian n’en finissent pas, elles sont réprimées dans la violence par la police, mais personne en Occident ne lui demande de laisser le peuple arménien s’exprimer. En effet, celui-ci ne brandit, ni drapeau européen, ni drapeau américain, il ne veut que retrouver sa souveraineté, quand Pachinian l’a vendu, remplissant la mission pour laquelle il a été mis en place. Ce n’est pas ce peuple, qui intéresse le monde global. Mais c’est sur lui, que repose l’Arménie.
Le refus de Pachinian de se battre contre l’Azerbaïdjan pour le Haut-Karabakh, territoire symbolique pour les Arméniens, et le transfert de territoires et localités aux Azéris (voir notre article ici) est la goutte de trop pour les Arméniens. En sortant du mode de régulation du conflit proposé par la Russie, Pachinian a volontairement trahi l’Arménie. Il fallait achever la société, qui semblait résignée, en fait il l’a réveillée.
Les manifestations ont tout d’abord commencé dans les régions concernées, les gens bloquaient en groupes les routes, avec leurs voitures et leurs animaux. Désormais, c’est la capitale arménienne, qui est soulevée. Hier, les manifestants sortaient à nouveau dans la rue et se dressaient contre le Parlement. La police a été lancée contre eux, à coups de grenades et de gaz démocratiques. Rien que hier, une centaine de personnes ont ainsi été blessées. Aujourd’hui, les manifestants sont revenus devant le Parlement et crient «Pozor!», «Honte!». Les policiers se sont retournés.
Décidément, les leaders atlantistes ont tous le même mépris de leur peuple. Justement, parce que ce n’est pas le leur. Pachinian ne veut pas comprendre que les Arméniens ne peuvent être séparés de la Russie, tous y ont de la famille, ils ont une histoire commune, la Russie a toujours été là pour les protéger. Lui, comme tout leader globaliste, n’a ni patrie, ni histoire. Il n’a qu’un job à remplir.
Désormais, Pachinian signe des accords de coopération avec les Etats-Unis dans le cadre de leur Dialogue stratégique, devant placer fermement l’Arménie dans les griffes américaines, autant dans le domaine de la sécurité énergétique que militaire. Comme on peut le lire dans leur déclaration commune:
Erevan et Washington poursuivront leur coopération dans le domaine de la sécurité, indique la déclaration commune finale de la réunion de clôture du dialogue stratégique bilatéral.
Les États-Unis continueront de soutenir les réformes du secteur de la défense et du système des forces de l’ordre, en fournissant notamment des conseils et en mettant en œuvre des programmes de formation militaire et de partenariat avec la Garde nationale du Kansas.
Toujours selon le document, les deux pays souhaitent consolider la coopération tous azimuts et élever son statut au niveau de partenariat stratégique. Les États-Unis apporteront aussi leur soutien en matière d’indépendance énergétique de l’Arménie.
Prise en main des structures de force de l’Arménie et mise sous dépendance énergétique, les Etats-Unis finalisent l’opération Pachinian. Va rester en perspective la liquidation de la base militaire russe en Arménie, qui devient alors anachronique.
Pachinian continue donc à faire monter la pression pour provoquer toute rupture avec la Russie. S’il entend passer sous la coupe atlantiste, il ne peut rester dans l’Organisation du Traité de sécurité collective. Mais il faut trouver un prétexte, car il ne peur annoncer aux Arméniens, qui demandent déjà sa démission, qu’il s’agit de faire de l’Arménie une colonie américaine et qu’ils peuvent dire adieu à leurs proches en Russie.
Pachinian joue donc une véritable crise d’hystérie, accuse la Biélorussie d’avoir soutenu la guerre lancée par l’Azerbaïdjan contre les Arméniens et d’être responsable de la situation. Donc, Pachinian est sorti du mécanisme de régulation russe de ce conflit, est passé sous la coupe UE/US, a refusé de se battre pour le Haut-Karabakh … et accuse désormais la Biélorussie, et en filigrane la Russie … de quoi ? De n’avoir pas défendu l’Arménie malgré et contre la position claire du Premier ministre de ce pays ? De n’avoir pas envahi l’Arménie ? L’on s’y perd un peu …
En tout cas, il paraît que l’Arménie sortira de l’OTSC, quand elle le décidera, comme l’a déclaré le Premier ministre à un député de l’opposition :
Ceux qui ont formé l’alliance [OTSC] dont les membres planifiaient une guerre contre nous avec l’Azerbaïdjan sont responsables de tout cela, a-t-il dénoncé. Un des députés de l’opposition lui a alors proposé de quitter l’alliance.
Nous allons partir, vous tentez de me faire peur? On va bien, on va décider quand s’en retirer. Qu’en pensez-vous, quelle est la prochaine étape, pourrons-nous revenir? Ne vous inquiétez pas, nous ne reviendrons pas, a répondu le chef du gouvernement.
Dans la foulée, Pachinian a déclaré qu’il ne remettra pas les pieds en Biélorussie, tant que Loukachenko sera Président et que l’Arménie ne reviendra pas dans l’OTSC si la Biélorussie n’en sort pas.
Qu’avait donc déclaré Loukachenko pour provoquer une telle tornade ? Rien que de censé : Loukachenko disait qu’au lieu de prendre les médias d’assaut, l’Arménie ferait mieux de tranquillement énoncer ses récriminations et de s’asseoir à la table des discussions.
Bref, l’Arménie sous Pachinian est un véritable cheval de Troie et tant qu’il est au pouvoir, il vaut mieux la sortir complètement des organisations de coopération en matière de sécurité, alors qu’une guerre est en cours. En attendant, le peuple arménien ne baisse pas les bras et cela peut conduire à un scénario à la géorgienne.
A suivre.
Par Karine Bechet-Golovko