Suède : La Turquie entrouvre la porte de l’OTAN
Après la visite du Premier ministre suédois en Turquie, Erdogan laisse entendre son accord pour l’entrée de la Suède dans l’OTAN. Quels intérêts défend la Turquie ? Les siens — et ceux de l’OTAN. What else ? Surtout que la décision de principe d’entrée de ces pays est déjà prise, ce n’est qu’une question de prix.
La Turquie, qui sans aucun doute donnera son accord à l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’OTAN puisque l’OTAN en a déjà décidé ainsi, joue pour l’instant son jeu pour faire monter les enchères sur le prix d’entrée. Erdogan veut utiliser cette carte pour durcir la position atlantiste à l’égard de ce qu’il considère comme du terrorisme, à savoir principalement les Kurdes, mais également les fidèles de Gülen, accusé d’être impliqué dans le coup d’état manqué contre Erdogan de 2016.
La Turquie avait contraint la Suède et la Finlande à signer un mémorandum à Madrid en juin, qui engageait ces pays à certaines mesures concrètes : en plus d’une réforme de leur législation dans la lutte contre le terrorisme, ils devaient également extrader un certain nombre de personnes, voulues par la Turquie. Mais ici comme ailleurs, c’est surtout un rapport de force, ou plutôt l’acceptation de la soumission. Déclaration d’Erdogan :
Ce n’est pas tant une question de nombre que « d’attitude » de la Suède, a affirmé Recep Tayyip Erdoğan :
« Trente, soixante-dix, cent personnes… tout ça, ce sont des sujets qui peuvent être discutés (…) Quand le mémorandum aura été entièrement mis en œuvre, notre souhait sincère est que l’adhésion de la Suède à l’Otan se concrétise. »
Et réponse de la Suède :
Ulf Kristersson a insisté sur l’intention de Stockholm de coopérer davantage avec la Turquie dans la « lutte contre le terrorisme » : « La Suède remplira tous ses engagements envers la Turquie (…) Nous avons déjà mis en œuvre une bonne partie du mémorandum, nous sommes en train de répondre à d’autres points… La Suède va faire de grandes avancées d’ici à la fin de l’année et le début de l’année prochaine, qui donneront aux autorités judiciaires plus de muscles pour lutter contre le terrorisme sur le sol suédois, peu importe que ces activités terroristes visent la Suède ou la Turquie. »
La soumission est consommée.
A la fin du mois, la Turquie, la Finlande et la Suède se rencontreront à Stockholm pour finaliser l’entrée de ces deux pays dans l’OTAN. Et ceci marquera une nouvelle étape dans les rapports entre l’OTAN et la Russie, surtout s’ils acceptent d’accueillir des bases militaires avec des armes nucléaires (voir notre texte ici). Le conflit primaire, conflit géopolitique et civilisationnel, continue à prendre de l’ampleur.