Tentative d’instrumentalisation de la religion musulmane pour déstabiliser la Russie et contrôle de l’immigration
La tentation de déstabiliser la Russie sur fond de conflit religieux est forte et ici comme ailleurs, la religion musulmane s’y prête à merveille. Avec la politique d’immigration massive d’Asie centrale conduite ces dernières années en Russie, un déséquilibre social se manifeste désormais, justement au moment où le pays a plus que jamais besoin d’une société consolidée. Certaines factions tentent la carte politique sur fond de récent capital patriotique, mais la Douma tient la ligne déglobaliste et reprend en main la question migratoire. Non, l’immigration n’est pas en soi «une chance», tout dépend de chaque personne qui vient dans le pays. Et la communauté musulmane a un rôle important à jouer aujourd’hui en Russie, pour justement ne pas se laisser instrumentaliser et réaliser de l’intérieur, ce que les Atlantistes ne peuvent faire de l’extérieur.
La poussée d’immigration en Russie produit les mêmes effets qu’ailleurs et tel est bien le but de la politique globaliste : déstabiliser la société, faire venir une masse peu qualifiée et peu chère, diluer la culture nationale et faire bouger les normes sociales. Jusqu’à peu, c’était bien la ligne tenue par la Russie, toujours sous le même slogan du manque de main d’oeuvre, que l’immigration est une chance et que sans elle point de salut économique. Amen! L’actuel vice premier ministre, très occupé de construction, Marat Khousnouline, juste avant le début de l’Opération militaire, en 2021, quand les gens commençaient à sérieusement grogner contre l’immigration de masse, déclarait péremptoirement qu’il fallait d’ici trois ans au moins encore 5 millions d’immigrés, rien que dans le secteur du bâtiment. Marat Khousnouline était alors un fervent défenseur de la ligne globaliste de l’immigration à outrance.
Cela a conduit à la montée de la délinquance sur fond de conflit ethnique, en plus de tous les trafics qui accompagnent l’immigration illégale. Les organes des forces de l’ordre le dénoncent cela depuis longtemps, ils ont enfin été entendus. Et par les pouvoirs politiques locaux, qui veulent garder le caractère non religieux de l’espace public, et par le législateur qui entend lutter contre l’immigration illégale.
L’afflux d’immigrés s’accompagne par un afflux dans les écoles d’enfants ne maitrisant quasiment pas la langue russe et placés dans les classes habituelles. Mis à part la montée du mécontentement des parents, qui voient baisser le niveau de l’enseignement car les enseignants ne peuvent objectivement pas gérer la situation, se pose la question de l’apparition massive de vêtements religieux musulmans. La région de Vladimir a posé l’interdiction des vêtements religieux ostentatoires à l’école, rappelant que l’école est un lieu de vie en commun. Tout de suite, montée au créneau du député tchétchène, qui entend faire pression sur le gouverneur de Vladimir pour qu’il retire cette interdiction, conduisant à interdire le port du niqab et du hijab dans les écoles. En effet, quelle horreur, comment peut-on étudier à l’école sans niqab et sans hijab? Les pressions ont échoué, la région de Vladimir préfère s’occuper de l’intérêt de sa population, que des ambitions politiques des députés tchétchènes.
Dans la foulée, le Centre de coordination des musulmans du Causase du Nord (ce qui correspond justement à la région, où se trouve la Tchétchénie) sort un communiqué, qui a fait réagir en raison de la dangerosité de la ligne suivie, du point de vue de la provocation d’un conflit ethnico-religieux en Russie.
Premièrement, le Centre considère la décision de Vladimir comme une initiative destructrice visant à inciter à la haine ethnique. Ils disent que l’accent est mis uniquement sur les vêtements musulmans – hijabs et niqabs. «Nous espérons», écrit le centre, «que cela est uniquement dû à une étude insuffisante de la part des rédacteurs, et non à des actions ciblées contre les musulmans». Ruse. Où sont les manifestations flagrantes d’autres religions dans les écoles ? Bouddhistes en vêtements, hassidim en chapeaux, chrétiens orthodoxes — je ne sais même pas quoi, à part des croix sous leurs vêtements. L’accent est mis sur les vêtements islamiques, car ce sont les vêtements islamiques qui sont présents dans les écoles en tant que vêtements religieux. Dans la région de Vladimir, de nombreux enfants migrants viennent à l’école avec le hijab.
Le Centre joue sur le fait, reprenant ainsi la même argutie qu’en Occident, que ce ne sont pas des vêtements religieux, mais des vêtements habituels pour les musulmans. Ici aussi, la tentative de manipulation est à peine dissimulée.
Le vêtement de tous les jours est le foulard. Traditionnel pour les musulmans russes indigènes. Les femmes musulmanes en Russie ne portaient ni hijab ni niqab ; ce sont les arabes. Et pourtant, le foulard est très différent du hijab, qui couvre le front, les joues, le menton et la poitrine.
Il y a bien ici, dans la position du Centre de coordination des musulmans une position destructrice, conduisant potentiellement au conflit social. Et cela est clairement posé ici :
«Souvent, ce sont les filles en hijab qui se distinguent par un comportement exemplaire», écrit le Centre, «par de bonnes études et qui ne se livrent pas à des actes destructeurs. Nous voudrions également faire appel aux « combattants contre le foulard des filles » afin qu’ils puissent orienter leurs efforts vers un travail pratique efficace sur la formation des valeurs spirituelles et morales russes traditionnelles dans les organisations éducatives de la Fédération de Russie, sur la prévention de l’idéologie destructrice, sur le soutien à l’OMS… » Quoi?! Qu’est-ce que je viens de lire ?!
C’est-à-dire que les représentants du Centre opposent les filles portant le hijab aux filles sans hijab ? Cela signifie-t-il que les filles portant le hijab étudient mieux et ne se livrent pas à des actes destructeurs ? Mais s’il y a cette opposition, alors il est logique que les filles tête nue soient impliquées dans la destruction.
Il y a bien ici une tentative de politiser la question religieuse. La Tchétchénie, avec l’Opération militaire, a gagné un capital politique et patriotique, qui doit effacer la mémoire des deux guerres tchétchènes. Il serait bon que ce capital politique ne soit pas employé pour faire avancer en Russie les idées radicales globalistes, qui utilisent le monde musulman pour déstabiliser les sociétés européennes. Mais contraire, que ce capital soit utilisé pour perpétuer la tradition ancestrale russe de respect mutuel entre les différentes religions et ethnies, et empêcher l’instrumentalisation des musulmans en Russie contre la Russie elle-même. Il est vrai que cela demande une véritable carrure politique, autant qu’un amour de la Patrie, qui va au-delà du respect personnel pour son Président.
Quoi qu’il en soit, la Russie tient le cap du contrôle de l’immigration et même le très immigrationniste Khousnouline, le vent ayant tourné, déclare désormais que cela en est fini de l’immigration clandestine. Comme le chantait Jacques Dutronc, les opportunistes savent pertinemment que lorsque la veste est usée, l’on peut toujours retourner son pantalon.
La Douma vient d’adopter 4 lois, qui doivent permettre de lutter contre l’immigration illégale. Rappelons pour les personnes de mauvais esprit, qu’il s’agit de lutter contre l’immigration illégale et non pas d’interdire toute immigration. Le but est de sortir d’une immigration de masse incontrôlée et faible qualité pour aller vers une immigration contrôlée et choisie.
Ainsi, l’organisation en groupe d’immigration illégale est qualifiée de crime grave; la commission d’une infraction par une personne en situation irrégulière est considérée comme étant une circonstance aggravante; les examens pour les immigrés (conditionnant l’obtention des titres de séjour) ne seront plus confiés à des organisations commerciales privées ; il sera possible de bloquer sans décision de justice les sites internet proposant des services illégaux aux immigrés.
Les mesures adoptées doivent permettre de limiter les fraudes. Comme le rappelle Volodine, le président de la Douma :
« Le pourcentage moyen de migrants n’ayant pas réussi l’examen de langue russe en 2024 est passé de 5 % à 30 %. Selon le ministère de l’Intérieur, environ 14 000 personnes n’ont pas réussi l’examen en présence de policiers. La validation de près de 5 000 certificats, qui se trouvaient déjà entre les mains de migrants qui ne parlaient pas russe, a été refusée. (… ) Selon le ministère de l’Intérieur, sur les 8 premiers mois de 2024, 4 600 cas de falsification de documents pour migrants ont été découverts. C’est 16,5% de plus qu’en 2023»
Une personne, qui ne maitrise pas un minimum la langue du pays, où elle veut s’établir ne peut pas s’intégrer. Ce qui à terme va poser des problèmes, et pour lui et pour la société.
Comme le déclare à juste titre Volodine :
« Les migrants sont tenus de respecter la législation russe, de connaître la langue russe et de respecter nos traditions »
Et cela doit concerner toutes les parties de la société multiethnique et multiconfessionnelle, qui constituent la Russie et en font la richesse.
Par Karine Bechet-Golovko