Tirs en profondeur en Russie : Macron soutient Biden

La pression politico-médiatique en faveur de l’utilisation des missiles à longue portée en profondeur en Russie continue à s’exercer sur les satellites atlantistes, principalement la France et la Grande-Bretagne, qui sont les deux grandes puissances nucléaires en Europe. Si la décision n’a manifestement pas encore été prise, elle divise encore plus l’Axe atlantiste que la question de l’envoi officiel des troupes atlantistes sur le sol ukrainien. Et Macron, comme à son habitude, soutient la solution du pire, c’est-à-dire la décision de Biden, telle que diffusée par le NYT, d’autoriser les tirs en profondeur en Russie.

Le NYT nous gratifie chaque jour d’une nouvelle publication sur la nécessité de lancer des missiles américains (et pas uniquement) en profondeur en Russie. Après la publication d’hier (voir notre article), nous avons droit ce matin à une nouvelle fournée, reprenant en substance exactement la même chose qu’hier. Toujours sans que Biden n’ait lui-même publiquement (encore) prononcé ces paroles. Le porte-parole du Kremlin a déclaré, que le Kremlin était au courant de la publication du NYT, sans pour autant avoir entendu de confirmation officielle. Rappelant toutefois, que si tel est bien le cas, le conflit en Ukraine va changer de qualité.

La Russie a en tout cas réagi à cette annonce des États-Unis estimant qu’elle est de nature à « jeter de l’huile sur le feu », a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.

Si elle devait être officiellement confirmée par Washington, cette autorisation conduirait à « une situation fondamentalement nouvelle en termes d’implication des États-Unis dans ce conflit », a-t-il encore mis en garde.

Car selon lui, qui cite Vladimir Poutine, des frappes en territoire russe ne seraient « pas réalisées par l’Ukraine, mais par les pays qui en donnent l’autorisation »« Les coordonnées des cibles ne sont pas fournies par les militaires ukrainiens, mais par des spécialistes de ces pays occidentaux. Cela change radicalement la nature de leur implication », a-t-il répété.

L’illusion d’une guerre conduite par l’Ukraine contre la Russie, ne pourra pas y résister. Et l’on voit le flou autour de la position officielle des deux puissances nucléaires européennes. Le Figaro a tout d’abord publié un article, affirmant que la France et la Grande-Bretagne avaient elles aussi donné leur accord. Puis l’a retiré, sans vouloir fournir d’explications.

De son côté, le ministre français des Affaires étrangères affirme, que c’est toujours une «option» et que finalement rien n’a changé. De son côté, Macron estime que la décision américaine est une excellente décision :

«C’est une décision qui est tout à fait bonne, je comprends qu’elle a été déclenchée aussi par un changement profond dans ce conflit qu’il ne faut pas sous-estimer, qui est l’engagement des troupes nord-coréennes aux côtés de la Russie sur ce qui est le sol européen»

Bref, Macron «président de l’Europe» se pose en défenseur du «sol européen». Adieu, les Etats, adieu la souveraineté ! Vive la globalisation ! Et en toute logique, la présence des troupes américaines sur ce même sol européen ne le dérange absolument pas. Ils sont chez eux. En province mais chez eux.

Boris Johnson sort pour l’occasion et pousse la France et la Grande-Bretagne à lancer le mouvement, pour entraîner avec elles les autres pays européens. Il est vrai que la position britannique n’est pas beaucoup plus claire, que celle de la France. Après l’autorisation qui aurait été donnée par Biden, la Grande-Bretagne envisage aussi de passer le pas, mais sans le préciser nettement :

La Grande-Bretagne devrait fournir des missiles Storm Shadow à l’Ukraine pour qu’ils soient utilisés sur des cibles en Russie, maintenant que le président américain, Joe Biden, a accepté de faire de même pour l’arme américaine similaire à longue portée Atacms. Keir Starmer, le Premier ministre, a déclaré lors du sommet du G20 que le Royaume-Uni reconnaissait qu’il devait « redoubler d’efforts » dans son soutien à l’Ukraine, tandis que des sources diplomatiques ont indiqué qu’elles s’attendaient à ce que d’autres pays européens suivent l’exemple des États-Unis.

Il est difficile pour les élites globalistes de lancer ce mouvement, même en s’appuyant sur la soi-disant présence des troupes nord-coréennes, je rappelle, sur le territoire national russe. Et cela principalement pour deux raisons. Tout d’abord, Biden est sortant et personne ne sait pour l’instant quelle sera la capacité réelle de gouvernance de Trump, au-delà des déclarations dans les réseaux sociaux. Ensuite, parce que les Atlantistes ont du mal à évaluer la réponse de la Russie, si un missile vise son sol en profondeur, voire à Koursk. Tant que les pays de l’Axe estiment qu’il peut réellement y avoir une réponse militaire directe de la Russie, et non pas une «réponse asymétrique en fonction de nos intérêts», alors ils resteront sur le plan de la communication. S’ils deviennent certains de leur impunité (c’est-à-dire d’une absence de réponse directe et proportionnée de la part de la Russie directement à leur encontre), alors ils risqueront de passer le pas. 

Il n’y a rien d’étonnant à cela. Nous sommes en guerre et chaque partie teste la limite de résistance de l’autre, tente d’élargir son espace d’action et estime les risques en fonction du coût.

Le Joker dans cette affaire reste de savoir, ce que les Atlantistes entendent concrètement, quand ils affirment que l’Ukraine ne doit pas perdre et que la Russie ne peut pas gagner. Jusqu’où sont-ils prêts à nous entraîner pour préserver leur pouvoir ? Et quelle est leur force réelle ?

Le lancement de la Troisième Guerre mondiale ressemblerait à cela :

L’alternative est simple pour les peuples en Europe : soit il faut se battre dans son pays pour retrouver souveraineté, soit il va falloir aller se battre en Ukraine contre la Russie pour défendre le pouvoir gobaliste. Le moment du choix est arrivé, à chacun de le faire.

Par Karine Bechet-Golovko