Guerre en Ukraine : cette implication que la France se refuse à reconnaître
Un Français vient encore d’être tué sur le front de Koupiansk dans la bataille d’Ukraine. Formellement, la France refuse de reconnaître sa participation militaire au conflit en Ukraine. De facto, des Français sont engagés aux côtés de l’armée dite ukrainienne, souvent dans la Légion internationale, et la France forme et arme cette armée atlantico-ukrainienne. Sans consultation populaire, sans consultation des parlementaires, la France est devenue partie au conflit, qui se joue en Ukraine pour protéger la Pax Americana.
Juridiquement, la France n’a pas engagé d’opération militaire en Ukraine, aucune déclaration de guerre contre la Russie n’a été faite dans les règles de l’art, ce qui ne l’empêche pas de participer très activement du côté ukrainien contre l’armée russe.
Selon les données officielles du ministère des Armées, le soutien apporté par la France à la guerre en Ukraine comporte deux volets, un strictement national et un européen. A titre individuel, l’aide se fait en matériel, en formation et financière.
Dès la fin de février 2022, du matériel de première importance est cédé à l’Ukraine (…) : des missiles antichars, des missiles antiaériens, des équipements de protection individuelle et de l’armement individuel. (…)
Dans un second temps, un effort est conduit pour fournir des systèmes plus lourds et plus complexes : des véhicules légers, des blindés et surtout des systèmes d’artillerie Caesar avec leurs munitions. (…) La France livre notamment 18 Caesar et assure la formation à leur utilisation et à leur maintenance. (…) L’efficacité des missiles sol-air Mistral est également appréciée par les forces armées ukrainiennes. (…)
Dans un troisième temps et en réponse à la demande ukrainienne de renforcement capacitaire dans le domaine de la défense aérienne, la France a fourni, entre autres, deux systèmes anti-aériens Crotale NG. Dans le domaine de l’artillerie, elle a aussi livré des lance-roquettes multiples (LRU) ainsi que leurs munitions.
Et cela continue :
En parallèle, la France continue de livrer des munitions et des missiles sol-air, 12 nouveaux Caesar, un radar de veille air longue distance GM200 ainsi qu’un système SAMP/T (…). Lors du sommet de l’OTAN à Vilnius, le Président de la République annonce la livraison de missiles Scalp, qui viennent étendre les capacités de frappes dans la profondeur déjà livrées avec le LRU.
Pour un pays qui ne se considère pas impliqué dans un conflit armé, sa participation est loin d’être négligeable. L’on appréciera surtout l’importance de frapper en profondeur … vers des villes russes. Sans évidemment que la France ne se reconnaisse partie au conflit, sans qu’elle ne prenne aucune responsabilité pour ces tirs. Ajoutons à cela, la formation de militaires ukrainiens, sur le sol français et en Pologne. Cette formation est également conduite dans le cadre du programme européen EUMAM (voir notre article ici) et conduit à la formation de 200 Ukrainiens par mois en France et 600 en Pologne. Soulignons que la formation des pilotes de chasse doit commencer en France cette année.
Mais l’on ne parle pas de l’implication directe de militaires français. Or, comme le reconnaît le ministère de la Défense, il y a des problèmes — avec les Ukrainiens servant dans la Légion étrangère, qui «désertent» pour partir au combat contre la Russie. La position du porte-parole du ministère de la Défense est ainsi posée :
«Un militaire français ne sert qu’un pays, la France. Il n’est pas possible à un militaire français de s’engager sur un théâtre d’opération où la France n’est pas partie. Un militaire français ne choisit pas ses combats, ni les conflits sur lesquels il intervient. C’est une position extrêmement claire», a rappelé Hervé Grandjean.
Parallèlement, l’on voit fleurir ici et là de beaux articles de propagande sur ces Français, qui sont partis se battre en Ukraine, justifiant au-delà du discours officiel, le «combat pour la liberté» qu’ils mènent soi-disant en Ukraine.
Et de temps en temps, l’on voit apparaître l’insigne de la France sur le champ de bataille, comme c’est le cas ici sur le front de Koupiansk :
Ces Français, qui se sont engagés dans la Légion internationale ukrainienne, sont des mercenaires. Or, en France, le mercenariat est condamné pénalement. Pourtant, l’on ne voit aucune intention de réellement soulever la question de leur responsabilité pénale. Et pour cause, ils font soi-disant à titre personnel, ce que les autorités françaises font à titre institutionnel — ils s’impliquent dans cette guerre atlantiste en Ukraine, cette guerre qui doit défendre la Pax Americana. Comment pourrait-on les condamner en France ? Surtout quand l’on voit le groupe ukrainien néonazi Azov ouvertement recruter dans notre pays sans aucune réaction du Parquet (voir notre texte ici) …
Quel que soit le discours officiel, la France est impliquée dans la guerre en Ukraine. Les autorités françaises veulent jouer sur les mots, comme si le «soutien» qu’elles revendiquent à l’Ukraine ne les conduirait pas à être impliquées dans cette guerre, c’est-à-dire à être partie au conflit. Le mot «guerre» fait peur aujourd’hui, il ne correspond pas au culte bisounours de l’idéologie globaliste, qui doit endormir les sociétés occidentales, ce qui n’empêche pas de conduire de véritables guerres. Comme nous le voyons sur plusieurs points de la planète — notamment en Ukraine depuis 2014. Et la France est partie au conflit.
Peut-être pourrait-on sérieusement analyser la question ? Ou bien la question est-elle taboue dans le discours politico-médiatique français ?
Par Karine Bechet-Golovko
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[…] de Français à ce combat, des Français meurent régulièrement sur ce champ de bataille (voir notre texte ici). Jusqu’à présent, l’on parlait de quelques personnes, individuellement. Ici, il […]