La Chine appelle à réglementer l’intelligence artificielle à l’échelle mondiale

Suite aux publications, que l’on peut trouver ici et là, visant à lancer une réglementation, donc l’institutionnalisation, de ce qu’il est convenu d’appeler «l’Intelligence artificielle», Jean-François Geneste revient pour Russie Politics sur l’abus de langage que constitue cette dénomination : il n’y a d’intelligence qu’humaine.

Sur un canal Telegram, j’ai trouvé ceci.


Tout le monde doit s’unir pour mettre en œuvre une réglementation commune concernant le développement sûr de l’intelligence artificielle, a déclaré le président chinois Xi Jinping.

La proposition chinoise vise à rassembler les États invités dans un projet appelé Initiative mondiale pour la gouvernance de l’intelligence artificielle, abordant les risques et les défis découlant des progrès technologiques.

Lors de son discours lors de la cérémonie d’ouverture de la Conférence mondiale sur Internet à Wuzhen, le dirigeant chinois a appelé à un cyberespace plus équitable, inclusif et sécurisé, selon l’agence de presse Xinhua.


Jinping a également souligné la nécessité de lutter contre la cybercriminalité, de renforcer la sécurité des données et de protéger les informations personnelles.

Avant d’élargir le sujet, commençons par enfoncer une porte qui devrait être ouverte pour tout le monde, mais ce n’est pas sûr. Le terme intelligence artificielle que nous abrégerons par IA dans la suite, constitue une propagande éhontée et qui cache une réalité bien plus terre à terre. Cassons le mythe ! Il n’y a aucune intelligence dans l’IA. Aucune ! Il y a des règles de logique qui sont bêtement appliquées et des statistiques qui le sont non moins bêtement.

Une chose devrait néanmoins vous inquiéter sérieusement. Si vous pouvez, dans votre activité, qu’elle soit professionnelle ou non, être remplacé par une IA, c’est que ce que vous faites ne requiert aucune intelligence. Alors, réagissez rapidement, car, sous peu, vous pourriez être avantageusement substitué pour beaucoup moins cher et avec bien davantage d’efficacité.

Mais venons-en à la préoccupation du président chinois qui veut gouverner l’IA et qui en souhaiterait un développement sûr. Commençons par remarquer que les machines ne connaissent pas les barrières de la langue, puisqu’aujourd’hui, traduire instantanément un texte dans un quelconque idiome étranger est à la portée de tous et l’on est étonné de la qualité obtenue.

L’IA se nourrit des bases de données et donc de l’information à disposition, quel que soit son dialecte et son État d’origine. Elle est dès lors par essence mondiale, voire mondialiste. Néanmoins, de la même manière qu’expliqué plus haut, elle a une approche statistique. Et l’on a beau être à la tête d’un peuple de 1,5 milliard d’habitants, cela permet peut-être de peser, mais sûrement pas de l’emporter quant à un résultat majoritaire. La Chine ayant un gouvernement très spécifique, son régime a donc de légitimes craintes concernant l’influence que pourrait avoir l’IA sur sa capacité à administrer comme il l’entend. Ce qui est en conséquence en jeu est un contrôle de l’IA qui devrait « bien penser ».

Bien entendu, il en est de même pour les autres pays de la planète et, à part l’Inde, leur poids statistique étant encore plus faible,  la menace est plus forte. Il y a alors de bonnes chances que l’initiative de Xi Jinping fasse florès sur le globe  et que l’on exige des développeurs une IA bien pensante et aseptisée qui nous servira le discours ad hoc sur un plateau et qui ne dérangera pas les grands de ce monde, quelle que soit leur nationalité, car, pour nous plumer, ils seront tous d’accord… Comme d’habitude !

Ainsi, le terme inclusif utilisé dans le message, qui pourraient paraître, a priori, woke, prend toute sa signification. Il s’entend ici pour les gouvernants de la planète entière pour qu’ils puissent continuer à « maîtriser » leurs peuples de façon à ce que l’IA suive la thèse officielle ou, au minimum, ne s’en détourne pas trop. Il ne fait nul doute que, malgré les divergences, Xi recevra un écho favorable, non seulement de ses pairs au niveau international, mais, n’en doutons pas, des grands groupes informatiques qui sont les vecteurs de l’IA. Les deux dernières guerres mondiales, en la matière, nous ont amplement prouvé ce que collaboration veut dire.

Par Jean-François Geneste, ancien directeur scientifique du groupe EADS/Airbus Group, PDG de WARPA.