Billet du jour : Lech Walesa, le prix de la Pax Otana

Tout a un prix, l’obtention d’un prix Nobel également. Et surtout celui de la «paix», délivré par les tenants de la Pax Otana pour ceux, qui la défendent. Lech Walesa, avec son passé ombragé d’indicateur blanchi, a une parfaite connaissance des tarifs. Aujourd’hui, il est à nouveau utile. Et à nouveau utile pour détruire. Comment l’Allemagne ose-t-elle hésiter à envoyer des chars ? Une honte qu’il dénonce dans un journal polonais, appelant l’Allemagne à saisir cette chance historique pour régler une fois pour toute la question russe. Rien de moins. L’histoire a pourtant montré comment cela se terminait à chaque fois …

Lech Walesa est un grand habitué des déclarations tombant à point nommé pour servir ses maîtres. En juillet 2022, il normalisait déjà le discours d’un génocide de la population russe, pouvant sans aucun problème être réduite à 50 millions d’habitants. L’idée est simple : la Russie n’a jamais été reconnue comme un Etat Nation, mais comme un Etat multinational — et non pas multi-ethnique. Ce qui justifie le pas suivant : Moscou a colonisé le reste du territoire et des peuples, laissons survivre la Moscovie et terminons le travail commencé avec la destruction de l’Union Soviétique, qui existait dans les frontières historiques russes. Qu’importe l’histoire, quand il faut réécrire le discours nécessaire. Et ainsi, Lech Walesa de déclarer :

«Il faut soit changer le système politique de la Russie, soit la ramener à une population de moins de 50 millions d’habitants»

Donc, soit les Russes font le boulot eux-mêmes et se massacrent les uns les autres dans une bonne vieille guerre civile — provoquée de l’extérieur, soit il faut les massacrer de l’extérieur dans une guerre globale. 

Et toujours dans cette logique otanienne de la guerre est le chemin de la paix, qui est pavé par les armes ukrainiennes (dixit Stoltenberg), notre prix Nobel de la Pax Otana revient aujourd’hui sur le devant de la scène, suite à l’hésitation des Allemands à envoyer des chars Léopards, dans une interview donnée au journal polonais Fakt. Et il paraît que Lech Walesa a du poids en Allemagne, qui lui a donné, sans rire, «la médaille d’or du mérite de la réconciliation et de la compréhension mutuelle entre les peuples», dixit cet article dans Fakt.

Pour illustrer cela, Lech Walesa enjoint les Allemands à ne plus hésiter et à envoyer leurs chars à l’Ukraine. Car il faut absolument régler la question russe, une fois pour toute.

«Il faut montrer aux Allemands qu’il y a toujours eu des problèmes avec la Russie, et nous, les Polonais, le savons particulièrement bien, et donc nous avons une chance, aujourd’hui avec cette génération de mettre les choses en ordre avec la Russie. Il ne nous arrivera plus, que le monde entier voie un si mauvais comportement de la Russie, qu’il souhaite des changements en Russie. Les générations ne nous pardonneront pas, si nous ne profitons pas de l’erreur de Poutine.»

La réaction de Dmitri Medvedev ne s’est pas faite attendre :

Hier, le NYT annonçait la décision de Biden d’envoyer 31 chars Abrahams en Ukraine, ce qui ouvre la voie à l’Allemagne pour envoyer ses chars, comme l’a déjà déclaré le Chancelier Scholtz. Pour l’instant, la France hésite toujours, même si elle a déjà largement fourni l’Ukraine en armement lourd.

PS : Comme Peskov, le porte-parole du Kremlin, vient de le rappeler : la fourniture d’armes à Kiev est le signe de l’implication directe de ces pays dans le conflit.

La guerre c’est la paix, en tout cas c’est la Pax Otana. Merci Lech Walesa de nous rappeler le prix de la trahison !

Karine Bechet-Golovko