Billet du jour : oups, mais il y aurait des néo-nazis en Ukraine ?!

Puisqu’on vous le dit et le répète depuis des années — ce doit donc être vrai : il n’y a pas de néo-nazis en Ukraine, c’est de propagande russe ! Les croix gammées, les insignes SS, ça n’a rien à voir et ça n’a aucune importance … De temps en temps, un élu français pose la question : mais ces croix gammées, elles sont bien nazies ! Le Gouvernement s’émeut pendant un instant, minimise le problème et reprend le cours de sa politique atlantiste. Qui s’inquiète des nazis ukrainiens ? Personne, ils sont tellement utiles aujourd’hui, et contre les Ukrainiens pas assez «pro-atlantistes», et contre les Russes. L’hypocrisie de nos sociétés est un véritable délice !

Depuis 2014, le discours politico-médiatique occidental est linéaire : il n’y a pas de néo-nazis en Ukraine, car l’Ukraine est pro-européenne et pro-atlantiste depuis le Maïdan et elle s’est enfin engagée sur la voie démocratique, en tuant — physiquement et politiquement — toute opposition. Elle est bien, en ce sens, l’avenir du monde global avec ses commandos punitifs, ses troupeaux humains et ses élites fanatiques.

Mais de temps en temps, presque par hasard, un élu ouvre un instant les yeux, s’effare, s’esclame, avant que le monde ne retombe dans la léthargie morale.

Ainsi, ces jours-ci la France est en émoi. Ô mon Dieu, formerait-on des néo-nazis ukrainiens ? Mais c’est un scandale, nous qui sommes dans le camp du Bien, que dis-je, nous qui sommes le Bien incarné.

Un article de Médiapart, largement repris jusque sur France 3, a semé la zizanie : l’armée française forme des Ukrainiens néo-nazis au camp d’entraînement de La Courtine, en Creuse.

Dans les rangs de ce «groupe venu en France à la fin de l’année 2023«, détaillent nos confrères, «d’authentiques néonazis, une donnée que l’armée française ne pouvait ignorer : l’un portait le symbole de la SS tatoué sur le visage«. 

Le journaliste du site d’investigation Sébastien Bourdon évoque notamment la présence d’un soldat dont le corps a été «marqué de nombreux tatouages plus ou moins achevés. Plusieurs lui marquent le visage. Un couteau croisé avec une fleur sur l’extrémité de la joue, la formule « My princess » (« Ma princesse ») sur l’arcade sourcilière avec les deux dernières lettres ( « ss » ) accentuées, une faux sur l’autre arcade, mais surtout la rune de Sieg sur la tempe, celle-là même qui, doublée, forme l’emblème de la Schutzstaffel, la SS du régime national-socialiste«. 

Et la question est devenue aussi virale dans les médias, que discrète chez nos dirigeants. La député de la Creuse pose alors la question au ministre des Armées : nous formons réellement des néonazis ?

Elle souligne que «bien que la majorité de ces soldats ne partagent pas cette idéologie, nombre des soldats présents auraient ouvertement tenu des propos nazis sur les réseaux sociaux«.

Ils ne sont pas tous ainsi, mais ils sont quand même franchement nombreux … Pour l’instant, le silence est pesant. Et que peuvent dire les autorités françaises? Qu’elles ne sont pas au courant ? Qu’elles sont aveugles pour ne pas voir les insignes ou incultes pour ne pas savoir ce que cela signifie ? Non, elles sont juste amorales : les groupes SS sont nécessaires à la fois pour maintenir la population et les appelés dans un état de terreur nécessaire à leur soumission, et pour aller faire le sale boulot contre la Russie.

Au Canada, qui forme les Ukrainiens depuis 2015 dans le cadre du programme UNIFIER, la question a aussi été posée et écartée : on ne voit rien, et on ne veut rien voir.

En 2018, Parouby, le bras armé nazi du Maïdan, débarqué les armes à la main à la tête du Parlement démocratique, invité par notre président de l’Assemblée nationale en grande pompe, déclarait tranquillement que dans le cadre de ses travaux «scientifiques» (car Monsieur est aussi un intellectuel), il en était arrivé à la conclusion très scientifique que Hitler était un grand démocrate.

En 2021, une sénatrice s’inquiète, après son passage en Ukraine, de la normalisation du néo-nazisme dans le pays et pose une question au Gouvernement.

En effet, les partis néonazis développent des activités de plus en plus visibles, y compris au centre de Kiev, avec des stands de tir, des pratiques de montage et de démontage de kalachnikovs, et des bureaux d’embrigadement de jeunes dans des milices qui se revendiquent clairement de l’idéologie nazie.
Des papiers d’identité de soldats nazis morts pendant la guerre, dont des membres des sonderkommandos, sont en vente libre sur la descente Saint-André.
Ces activités sont conjointes à l’entraînement de miliciens de suprématie blanche qui fomentent des attentats dans toute l’Europe, au nom du tristement célèbre régiment Azov.

Le Gouvernement est rassurant : s’il reconnaît leur existence, il estime qu’ils ne représentent aucune force politique, aucun danger. Dormez tranquilles, bonne nuit.

Il est possible de démultiplier les exemples, mais la situation est claire. Les autorités françaises savent pertinemment qu’il y a des groupes néo-nazis en Ukraine, pour la simple et bonne raison que ces groupes sont justement les interlocuteurs et les mains armées de la politique menée en Ukraine par les tuteurs atlantistes.

Comme les collaborateurs nazis en Europe avaient été sauvés et récupérés en Amérique pour ensuite continuer à se battre contre les Communistes, les néonazis sont aujourd’hui utilisés pour faire le sale travail contre les Russes et briser la société ukrainienne. 

Par Karine Bechet-Golovko