Billet du matin : ne serait-il pas temps de se secouer un peu ?

Toutes les guerres sont sales, certainement. Lorsque les enjeux sont existentiels, il semble que les forces politiques soient prêtes à n’importe quoi pour emporter une victoire, qui fera oublier les moyens. Et l’armée atlantico-ukrainienne, joue l’existence du monde global, elle ne peut pas se permettre une défaite. Alors à la guerre comme à la guerre, le recours aux armes chimiques et tirer en profondeur sur des cibles civiles sont une stratégique, qui ne dérange absolument pas les dirigeants atlantistes, d’autant plus que les médias dociles n’en disent pas un mot et laissent les populations dormir en paix. La Russie doit passer à un rythme supérieur, si elle ne veut pas se faire enliser, dans un conflit de longue durée, qui utilise la normalité comme un chloroforme quotidien.

Les nouvelles armes fournies par les pays de l’OTAN commencent à produire leur effet : elles permettent de tirer plus en profondeur sur le territoire russe, ce qui se voit déjà dans la région de Donetsk :

«L’armée ukrainienne aurait utilisé de nouveaux types de munitions pour le MLRS. Des bombardements massifs ont été observés dans un certain nombre de villes de l’arrière du Donbass. La défense aérienne travaillait activement au-dessus de Donetsk. Au total, plus de 30 explosions ont retenti sur le territoire de la RPD.

De plus, Marioupol était attaqué. Selon une source de Readovka, il y a eu plus de 15 explosions dans la ville. Très probablement, les forces armées ukrainiennes ont utilisé de nouveaux types d’armes à longue portée, dont la fourniture avait été précédemment annoncée par les États-Unis, puisque Marioupol est situé profondément à l’arrière.»

Les villes paisibles sont à nouveau des cibles, les civils sont à nouveau visés par l’Axe atlantiste, car ils ont voulu vivre en Russie.

La défense aérienne fonctionne, mais la fameuse avancée du front, qui est censée aller de pair avec la fourniture d’armes de plus en plus puissantes par l’Occident, elle, se fait dangereusement attendre. Or, quelle que soit les formules ampoulées utilisées, c’est bien le territoire russe, qui est ici touché. Et aucune réaction particulière de la Russie — militaire, n’est, à ce jour, visible. Au regard des résultats. Sans oublier, que le décalage de plus en plus visible entre les mots et les faits, est une bombe à retardement, difficilement maîtrisable. 

La stagnation est évidente, sauf certainement pour ceux qui ne veulent le voir. A ce sujet, un début d’explication avec le commentaire ce matin d’Alexandre Khodakovsky, commandant du célèbre bataillon Vostok, concernant la réduction de l’approvisionnement en armes de Wagner et des armées privées :

«Le problème n’est pas que les unités militairaires privées ont cessé de recevoir des munitions, mais qu’elles ont commencé à en recevoir, comme tout le monde. Franchement, nous enviions les «Wagners» dans le bon sens lorsqu’ils avaient leur propre aviation de première ligne, une indemnité journalière de deux Iskander et un Caliber, lorsqu’ils signaient des demandes de deux mille cinq cents canons pour l’entraînement (!) pratique, quand ils ont été traînés vers eux avec tout le pays des condamnés … Nous les envions, mais nous comprenions que tout le monde ne recevrait pas un tel approvisionnement — et il donnerait le même résultat qu’eux. Même si le résultat n’est pas seulement lié à la quantité …

Maintenant, ils sont fournis comme tout le monde, et le plus déprimant n’est pas que leurs normes aient été spécifiquement abaissées aux normes générales, mais que ces normes générales ne leur permettent pas de donner le résultat souhaité. Sous Ugledar, avant l’offensive, l’armée réduisait au minimum la consommation quotidienne, afin d’accumuler un approvisionnement pour au moins le premier jour de l’offensive. Cela ne suffisait évidemment pas à réprimer la résistance de l’ennemi et les conséquences ne se firent pas attendre.»

Nous sommes assez loin d’une stratégie d’offensive terrestre. Et il est difficile, autrement, de faire reculer le front, de contrôler le territoire et de protéger les populations et les territoires. Il est impossible autrement de libérer le territoire russe, qui se trouve aujourd’hui occupé, au regard du droit national — à moins de relativiser la valeur de la Constitution russe et donc de l’étaticité.

Ces demi-mesures sont assez surprenantes, surtout qu’en face tous les moyens sont bons. Et les moyens les plus sales sont particulièrement  appréciés. Ainsi, les armes chimiques sont de retour dans ce conflit et il semblerait qu’elles soient régulièrement utilisées contre l’armée russe. Au début du mois, Pouchiline, le dirigeant de la région de Donetsk, avait lancé l’alerte en déclarant que dans la direction d’Ugledar et d’Artemovsk, les forces atlantico-ukrainiennes utilisaient des drones pour larguer des armes chimiques. Le Comité d’enquête de la Fédération de Russie a alors ouvert une enquête pénale sur ce sujet et a noté la présence de symptômes d’intoxication chez les militaires russes exposés.

Or, il ne s’agit pas d’une utilisation ponctuelle, mais d’une stratégie militaire régulière. En fin de semaine dernière, l’armée atlantico-ukrainienne a de nouveau largué des armes chimiques :

«Des militairs ukrainiens ont largué des munitions contenant une substance toxique inconnue sur les positions des troupes russes en direction d’Ugledar, a déclaré l’armée russe à RIA Novosti»

Pendant ce temps, Biden en Pologne accuse la Russie de commettre des horreurs, de faire plonger l’Europe dans la brutalité, et promet d’entraîner l’Europe toujours plus loin, jusqu’au combat ultime :

Biden a promis que les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN resteraient inébranlables. «Notre soutien à l’Ukraine ne faiblira pas, l’OTAN ne sera pas divisée et nous ne nous fatiguerons pas».

Rappelant que le conflit est loin d’être terminé. S’il faut en effet tenir sur la durée, si la Russie est en effet confrontée à une coalition d’une véritable puissance militaire, politique et idéologique, cela ne doit pas être une raison de ralentissement, d’économie de soi et de fuite en avant vers une normalité sociale totalement décalée de la réalité du front, mais dont on attend un patriotisme sans frein — tout en étant parfaitement maîtrisable.

Si la Russie ne passe pas à la vitesse supérieure, elle ne pourra pas reprendre l’offensive et donc l’initiative et s’épuisera dans des réponses tactiques, sans maîtriser le déroulement du conflit.  

Karine Bechet-Golovko