Billet dubitatif : les Européens, soutiennent-ils vraiment la Pax Americana ou cela n’est-il pas un élément de la propagande intrusive européenne?

L’UE est en quête de légitimité. Que cela concerne sa politique extérieure, d’alignement atlantiste allant jusqu’à l’implication directe des pays européens dans le conflit en Ukraine entre les Etats-Unis et la Russie, ou sur les questions de politique énergétique — qui sont de toute manière liées à la ligne atlantiste de cette organisation. A l’aide d’une propagande intrusive, l’UE formate le discours nécessaire et le dernier sondage publié est un élément de cette propagande, devant imposer le soutien des Européens à ce suicide collectif.

Un sondage de propagande parfaitement dévoyé vient de sortir sur le site de l’UE et d’être repris par les médias. L’on y a apprend sans grande surprise que les Européens soutiennent la politique extérieure européenne. Ainsi, peut-on lire dans les médias :

«Les personnes interrogées sont 86 % à approuver que l’UE continue de fournir une aide humanitaire aux populations touchées par la guerre, 77 % à accepter d’accueillir dans l’UE les personnes fuyant la guerre et 71 % à soutenir l’imposition de sanctions économiques à la Russie.» 

Et même les livraisons d’armes sont validées :

«Plus de la moitié (57%) des Européens estiment que l’Union doit soutenir l’achat et la livraison d’équipements militaires ainsi que l’offre de formations militaires à l’Ukraine, ressort-il lundi d’une enquête Ipsos commandée par la Commission européenne. En Belgique, ce taux s’élève à 54%.»

En effet, le sondage publié, plus général car il permet même de voir qu’une bonne partie des personnes interrogées soutient également la politique énergétique, montre la légitimation de la ligne atlantiste anti-eurpéenne de l’UE.  Tout va bien Madame la Marquise … 

Les formulations sont intéressantes : le «partenariat» avec les Etats-Unis pour ne pas dire la «soumission», qui devient une entrée dans le premier cercle globaliste atlantico-centré lorsque l’on voit les autres pays cités. Et l’ennemi est pointé — la Chine et la Russie. La «diversification» énergétique, qui est en fait la sortie du marché russe, moins cher, pour permettre de renforcer la position américaine (commercialement moins intéressante) sur le marché européen de l’énergie et la sous-alimentation de l’économie européenne en énergie, notamment avec les énergies renouvelables, vertes, etc. Il en découle un affaiblissement voulu et recherché des pays européens, mise en oeuvre grâce à l’aide de l’UE.

Mais lorsque ces questions ont été posées aux Européens, leur a-t-on expliqué les tenants et les aboutissants de cette politique ? Non, bien sûr. Ils répondent conformément à la propagande dominante, et même avec cette propagande, les résultats sont assez mitigés …

En ce qui concerne la guerre en Ukraine, l’on voit ici les résultats du monopole du discours politico-médiatique en Europe : les pôv’ Ukrainiens, qu’il faut défendre contre les méchants Russes, et point.

A-t-on expliqué aux Européens comment l’Europe a soutenu les Etats-Unis dans le coup d’Etat de 2014? Comment le pays est occupé littéralement par des puissances étrangères, qui l’ont poussé au combat fratricide après l’avoir dissolu dans la guerre civile ? Les Européens, soutiendraient-ils réellement les sanctions contre la Russie, si on leur disait ouvertement qu’ils en paient le prix, tous les jours lorsqu’ils font leurs courses ou paient leurs factures ? Je doute sérieusement que les Européens soutiendraient les livraisons d’armes et la formation des militaires ukrainiens, si on leur expliquait qu’ainsi, les pays européens deviennent partie au conflit et qu’à terme, ne pouvant plus reculer, ces mêmes pays devront bien y envoyer aussi leurs hommes, c’est-à-dire ces mêmes Européens, si tolérants.


Ce sondage ne légitime pas la politique européenne, car il biaise les questions et donc les réponses. En revanche, il constitue un élément de cette propagande intrusive atlantiste, posant le discours unique accepté — la Russie est l’ennemi, les sanctions sont donc justifiée, l’alignement atlantiste est une évidence, qui ne se discute pas, et le prix à payer pour tout cela est acceptable et normal. C’est le prix de la Pax Americana.

Par Karine Bechet-Golovko