Billet européen : j’irai pisser sur vos autels
Les Femens, les nouvelles déesses du monde postmoderne! La CEDH vient de condamner la France pour avoir osé, dans un dernier sursaut, tenté de protéger l’Eglise. En effet, quelle idée de sanctionner une furie en pleine adolescence attardée, qui souille l’autel de l’église parisienne de la Madeleine et crie les seins nus. Le guide idéologique suprême européen a tranché : la vulgarité primaire est le summum de la liberté d’expression (c’est d’ailleurs tout ce qu’il en reste), surtout lorsque cela permet de détruire les autels du vieux monde, du monde humain. Le postmodernisme n’a pas besoin de la religion, ni des hommes, il a ses lieux de cultes (protégés) et ses individus, parfaitement dressés. Amen !
La profanation de l’église de la Madeleine à Paris a eu lieu en décembre 2013, peu avant la Noël, quand Eloïse Bouton fait irruption les seins nus avec une inscription «Noël est annulé!» devant une dizaine de personnes et une chorale en pleine répétition.
«À quelques jours de Noël, le 20 décembre 2013, Éloïse Bouton pénètre seins nus dans l’église de la Madeleine, dans le VIIIe arrondissement de Paris, et se poste devant l’autel où elle simule un avortement à l’aide de morceaux de foie de veau sanguinolents censés symboliser un fœtus. Elle termine son «happening» à la sauce Femen en urinant devant une assemblée interdite.»
Le curé de la paroisse déposa plainte et dès janvier Eloïse Bouton est placée en détention préventive. Comme le note la CEDH :
«Mme Bouton expliqua qu’elle avait été désignée pour la France par le mouvement Femen afin d’intervenir selon un scénario semblable dans d’autres pays à la même période que d’autres militantes des Femen. L’église de la Madeleine avait été choisie en France « pour son symbole au niveau international ». Les enquêteurs versèrent au dossier de la procédure une publication du site internet des Femen-France avec des photographies sous-titrées : « Noël est annulé du Vatican à Paris, Sur l’autel de l’Église de la Madeleine, la Sainte Mère Éloïse a avorté de Jésus ».»
Donc, l’action est volontaire, elle reconnaît s’être exhibée dans l’église.
«(Le tribunal) rejeta en particulier l’argumentation de la requérante selon laquelle son action était exclusivement politique et relevait de sa liberté d’expression.»
La liberté d’expression ne peut être l’excuse à toute profanation, en tout cas chaque société doit protéger ses lieux «sacrés». Et la justice française, étrangement aujourd’hui, a défendu l’Eglise :
«Le tribunal correctionnel condamna la requérante pour exhibition sexuelle à un mois d’emprisonnement assorti d’un sursis simple et, sur les intérêts civils, à payer au représentant de la paroisse un montant de 2 000 euros (EUR) au titre du préjudice moral, ainsi qu’à participer aux frais de procédure de son adversaire à hauteur de la somme de 1 500 EUR. La cour d’appel de Paris confirma le jugement en tous points. La requérante se pourvut en cassation contre cet arrêt. La Cour de cassation rejeta le pourvoi.»
Evidemment, Eloïse Bouton a trouvé son salut devant la CEDH, qui elle a d’autres sacrés. Ne relevant pas le fait que cette délicate personne a uriné sur l’autel à la fin de sa performance, la CEDH estime dans sa décision du 13 octobre que la peine prononcée est disproportionnée dans une société démocratique, car les motifs de cette provocation n’ont pas été pris en compte, ce qui constitue une atteinte à la liberté d’expression :
«La Cour note enfin que si les juridictions internes n’ont pas fait abstraction des déclarations de la requérante au cours de l’enquête pénale, elles se sont toutefois bornées à examiner la question de la nudité de sa poitrine dans un lieu de culte, sans prendre en considération le sens donné à sa performance ni les explications fournies sur le sens donné à leur nudité par les militantes des Femen. (…) La Cour en conclut que les juridictions n’ont pas procédé à la mise en balance entre les intérêts en présence de manière adéquate et que l’ingérence dans la liberté d’expression de la requérante que constitue la peine d’emprisonnement avec sursis qui a été prononcée à son encontre n’était pas « nécessaire dans une société démocratique ».»
Chaque époque et chaque société a son sacré, ce qu’elle protège de toute profanation. L’entrée seins nus et uriner dans une église, c’est la profaner. Soit la société considère qu’il entre dans ses valeurs de protéger les lieux de cultes catholiques, car ils font partie du sacré de cette société, soit elle leur dénie leur caractère sacré et dans ce cas il est possible de s’y dénuder pour raison idéologique et d’y uriner comme dans un pissoir.
La CEDH réduit l’Eglise catholique à un pissoir.
Je serais curieuse de savoir quelle serait la réaction de cette institution, si un groupe de citoyens en colère venait réaliser en son sein une telle «performance» ? Ou si l’on portait atteinte aux lieux sains qu’elle protège idéologiquement ? La réponse serait sans pardon, car chaque système idéologique protège son sacré, sinon il est condamné à disparaître.