Ce 9 mai dans Kherson occupée : la Résistance lève la tête

Le 9 mai est une date noire pour le régime post-Maïdan, car il célèbre sa défaite historique et le vainqueur, qu’il combat à nouveau aujourd’hui. Comment peut-on glorifier Bandera et célébrer la victoire contre le nazisme ? On ne le peut pas. Et dans la ville de Kherson, en véritable situation d’occupation nazie, cela est particulièrement sensible. Mais les habitants n’abandonnent pas. L’histoire se répète, ils attendent à nouveau la défaite du nazisme et l’arrivée des leurs, de l’armée russe.

Le nouveau régime ukrainien a baptisé le 9 mai, jour de l’Europe. Et les symboles de la Victoire de l’Armée rouge, dont pourtant les Ukrainiens faisaient partie, sont mis hors la loi : ni ruban de Saint-Georges, ni oeillets rouges. A Kiev, une femme retraitée, Galina Savtchenko, s’est vu interdire de déposer des fleurs devant la flamme éternelle :

Galina Savtchenko représente « l’Union panukrainienne des officiers soviétiques » enregistrée auprès du ministère de la Justice de l’Ukraine. Dans les images, elle explique que les membres de l’organisation ont le droit de porter des uniformes et des récompenses.

Cependant, de jeunes policiers de Kiev tentent de la convaincre qu’elle a tort dans ses convictions et lui demandent d’enlever sa casquette. En conséquence, un procès-verbal a été dressé contre elle.

A Kherson, la situation est encore plus tendue, car le pouvoir atlantiste comprend parfaitement que la population n’attend qu’une seule chose : le retour de l’armée russe, le retour en Russie. Avec la dégradation de la situation sur le front pour l’armée atlantico-ukrainienne, des «recruteurs» externes ont été envoyés dans la ville de Kherson : le but est de la vider physiquement de ses hommes en âge de se battre … avant que la ville ne revienne en Russie. La Résistance de Kherson informe les habitants des endroits, où les postes de contrôle ont été établis et où les contrôles d’identité sont les plus intenses. Pour faire le travail, des agents venus de Kiev et d’Odessa ont été envoyés, car les policiers locaux étaient trop … conciliants. 

Et pour le 9 mai, le pouvoir d’occupation a mis des barbelés, dans la plus pure tradition de la «civilisation» nazie autour du Parc de la Gloire, toutes les célébrations du 9 mai ont été interdites et le 8 mai est décrété «jour de la mémoire et de la réconciliation». Réconciliation avec qui ? Avec les nazis, qui sont de retour ?

Toujours est-il que les habitants ne cèdent pas si facilement, même à la terreur :

Cependant, ce matin, à Kherson, les gens se sont rendus en petits groupes au Parc de la Gloire — un lieu symbolique pour tous les habitants de Kherson qui se souviennent de leur véritable histoire.

Aujourd’hui, les nazis ont clôturé la plupart des abords de ce parc avec des barbelés et, bien entendu, les personnes qui y venaient n’étaient pas autorisées à y entrer (…). Même si les autorités fascistes n’ont pas autorisé les gens à se rendre à la Flamme éternelle, les gens sont venus au Char de la Victoire à l’entrée du Parc de la Gloire et au mémorial des guerriers afghans et ont déposé des fleurs, et les habitants de Kherson se sont également rendus au piédestal du monument de Marguelov près de la Maison de la Culture.

Oui, maintenant il y a peu de gens courageux à Kherson, mais ils existent ! Les habitants  discutent activement du nouvel abandon imminent de la ville par l’Ukraine, ce qui explique en grande partie pourquoi, malgré les interdictions, les gens n’ont pas eu peur d’exprimer leur solidarité avec l’unité historique de la victoire sur le fascisme !

L’histoire a tendance à se répéter. Et après 1941, il y eût 1944.  Le 13 mars 1944, Kherson a été libérée des fascistes, qui occupaient la ville depuis août 1941. Pendant l’occupation de la ville, plus de 25 000 personnes ont été fusillées et 45 000 ont été martyres dans les camps. Un ghetto juif a été installé dans le centre de la ville, où sont morts jusqu’à 40% de ses occupants. Un mouvement de résistance très fort s’était développé pendant l’occupation nazie.

Entre Bandera, dont le nom est associé aux horreurs de l’occupation nazie, et Marguelov, dont la division a participé à la libération de la ville, les habitants préfèrent la vie à la mort, la liberté à l’occupation.

L’histoire se répète.

Par Karine Bechet-Golovko