Conflit en Ukraine : l’aide atlantiste est maintenue — quel que soit l’agenda international

Entre les habituelles difficultés budgétaires américaines et l’inattendue reprise de la guerre en Israël, beaucoup espèrent voir baisser, qui sait peut-être même cesser, l’aide apportée à l’Ukraine contre la Russie par les pays de l’Axe. Bien loin de cette fantasmagorie, Zelensky convoqué à l’OTAN se voit confirmer un soutien, qui est par ailleurs épaulé directement par de nouvelles aides américaines. Le conflit en Ukraine est bien prévu pour durer jusqu’à la défaite militaire d’un des deux camps, l’Axe atlantiste ou la Russie. Les autres théâtres de conflit ne changent rien à la donne.

Il est habituel d’entendre qu’il suffirait que l’Occident cesse de fournir des armes à l’Ukraine, pour que le conflit cesse. En effet. Mais, cela ne veut pour autant strictement rien dire, car cette déclaration, que l’on entend également régulièrement dans la bouche des hauts responsables russes, est fondée sur le mythe de la souveraineté de l’Ukraine. Comme si l’Ukraine menait elle-même la guerre. Cette guerre est celle de l’Axe. Ces pays fournissent donc leur «aide», sous différentes formes, aux forces qui combattent pour eux. Et en grande partie à leur place. Pourquoi devraient-ils cesser de fournir armes et aide financière ? Ils cesseront le jour où, soit ils capituleront, soit ils auront gagné.

Ainsi, Zelensky a été convoqué à l’OTAN, pour ce qui est appelé par le NYT une visite surprise (comme s’il avait lui-même décidé d’y aller), pour que le message soit passé publiquement, notamment aux pays membres de l’Alliance, qui se réunissent pour deux jours : l’aide à l’Ukraine continue, car c’est le combat de l’Axe et la guerre d’Israël n’y change rien. Comme l’a déclaré Stoltenberg :

«Votre combat est notre combat, votre sécurité est notre sécurité et vos valeurs sont nos valeurs», a déclaré Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, au début de deux jours de réunions entre les chefs de la défense de l’alliance. « Et nous resterons aux côtés de l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra. »

Les habituelles difficultés budgétaires américaines n’y changement évidemment rien non plus. L’Ukraine vient de recevoir une nouvelle aide américaine via la Banque mondiale :

«L’Ukraine a reçu mercredi une aide d’un montant de 1,15 milliard de dollars (1,08 milliard d’euros) des États-Unis dans le cadre du programme PEACE en Ukraine, a déclaré le ministère ukrainien des Finances.»

Cette aide non-militaire est destinée à maintenir en action les structures de l’état-fantôme ukrainien et l’illusion d’une guerre menée par cette entité, désormais juridiquement et politiquement inexistante. 

«En 2023, l’Ukraine a déjà reçu 10,9 milliards de dollars de soutien budgétaire direct des États-Unis sous forme de subventions», a commenté le ministère.

«Depuis le début de la guerre, le budget de l’État ukrainien a déjà reçu 22,9 milliards de dollars des États-Unis», a déclaré le ministre des Finances, Serhiy Martchenko, cité par son ministère.

Par ailleurs, l’aide militaire continue. Le Secrétaire américain de la Défense a assuré une aide constante et ininterrompue à l’Ukraine. En plus des aides européennes devant faire la jonction le temps que le cirque budgétaire américain ait pris fin, pour cette fois, le Royaume-Uni alloue une aide de 115 millions d’euros de son Fonds international pour l’Ukraine, aide qui doit être officiellement annoncée lors de la réunion de coordination des soutiens militaires à l’Ukraine, organisée … à Bruxelles … sous l’égide des Etats-Unis. De son côté, l’Allemagne renforce son aide :

  • Berlin va livrer à son allié ukrainien dans les prochaines semaines de nouveaux systèmes de défense antiaérienne, des chars et d’autres véhicules blindés « afin de protéger les infrastructures essentielles pour le début d’hiver ».

S’il y a bien un élément de langage qu’il faudrait modifier, c’est celui de «l’aide» atlantiste apportée à l’Ukraine. Les pays de l’Axe n’aident pas l’Ukraine, ils font la guerre en Ukraine et par l’Ukraine, contre la Russie. Et cela n’aide en rien l’Ukraine, dans une guerre qui par ailleurs n’est pas la sienne. 

Par Karine Bechet-Golovko