Conflit ukrainien : des procureurs américains débarquent à Kharkov pour construire l’accusation contre la Russie

La nouvelle est passée assez discrètement : des procureurs américains débarquent à Kharkov pour «aider» leurs collègues ukrainiens. Il est vrai que jusqu’à présent, au-delà des grandes déclarations politico-médiatiques, la base des éléments de preuve est pour le moins … assez faible. Si ce n’est envoyer des enfants en vacances, loin de la ligne de front. Ce qui vaut bien un procès international … quand on n’a rien d’autre. Le pouvoir d’occupation atlantiste prend les choses en main, puisque les collaborateurs locaux ne peuvent finaliser.

Les pays de l’Axe, dans leur volonté d’organiser une belle mise en scène de procès politique contre Poutine et la Russie, doivent faire le travail eux-mêmes. L’on se souviendra des enquêteurs français à Boutcha. Etrangement, les preuves résultant de leur enquête n’ont pas été retenues dans l’acte adopté par la CPI contre le Président russe Poutine. Ces «juges» ont préféré la protection des enfants, par la Russie, ce qui est à leurs yeux un crime (voir notre texte ici).

A Kharkov, depuis le retrait de l’armée russe de la région, les services ukrainiens s’activent. Ainsi, l’on apprend que soi-disant c’est bien dans cette région qu’aurait été commis 25% des crimes de guerre imputés par l’Ukraine occupée à la Russie, le tout avec un chiffre impressionnant délivré par le procureur ukrainien ne ménageant pas ses effets — 13 234 crimes commis depuis le début de l’Opération militaire de février dernier.

Or, tout cela traîne. Tant de crimes imputés … et pas même un fondement pour la si engagée CPI, qui rappelons-le, n’a pas compétence contre la Russie, puisque que celle-ci, à l’instar des Etats-Unis, n’a pas reconnu sa compétence et ne collabore pas avec elle dans le cadre d’une convention spéciale.

Bref, il faut bien prendre les choses en main. Les médias ukrainiens lâchent le morceau : des procureurs américains débarquent pour garantir l’efficacité et l’indépendance de la justice. Amen !

«»Des collègues américains partageront d’abord leur expérience. Nous parlons des méthodes internationales modernes de stockage des preuves matérielles, de leur traitement et de leur analyse», a déclaré l’enquêteur en chef de la région de Kharkov.»

Il est vrai qu’en ce qui concerne l’expérience de la construction d’une base de preuves «adaptée», les Américains ont une grande expérience …

En revanche, il y a peu de chances que les répressions exercées par les autorités ukrainiennes contre les civils de la région de Kharkov (voir notre texte ici) fassent, elles, l’objet d’une enquête. De la prison ferme pour ces habitants, qui ont organisé un match de foot ou géré le service communal de la ville de Koupiansk, ça c’est normal. 

C’est en tout cas la nouvelle norme, celle des autorités d’occupation. Mais comme les autorités locales de collaboration ne sont pas assez efficaces pour faire passer la politisation de la justice à la vitesse supérieure, les autorités d’occupation elles-mêmes, américaines et otaniennes, doivent faire le travail ou en tout cas expliquer aux polizei comment le faire. Car le but de tout cela n’est pas la condamnation de quelques individus, mais l’instrumentalisation du droit et de la justice contre la Russie comme Etat et contre Poutine comme chef d’Etat.  

Karine Bechet-Golovko