Daghestan : la tentative de déstabilisation de la Russie a échoué

La Russie est historiquement un pays multiconfessionnel et cela constitue l’un des axes favoris d’attaque de l’Occident. L’on se souviendra des guerres récentes dans le Caucase, qui devaient conduire à la dislocation de la Russie après la chute de l’URSS. Sur fond de conflit israélo-palestinien, des groupuscules islamistes ont été activés au Daghestan depuis l’étranger, mais les forces de l’ordre ont pu restaurer rapidement l’ordre public.

Dimanche soir, vers 19h heure locale, une foule grandissante et agressive s’empare de l’aéroport de Makhatchkala, au Daghestan. Il paraît qu’un vol spécial en provenance d’Israël doit rapatrier des «réfugiés», c’est en tout cas ce qui est annoncé par les réseaux sociaux, notamment une chaîne Telegram «Daghestan matin», profondément dans l’opposition. Non pas seulement l’opposition politique, mais l’opposition à la Russie. Sur cette chaîne, le discours anti-russe est chose courante sur fond de rien moins qu’une «occupation du Daghestan par la Russie».

La foule arrive donc à l’aéroport :

Un contrôle sauvage des personnes et des véhicules quittant l’aéroport est violemment opéré par ces individus, ils entrent en conflit avec les forces de l’ordre et finissent par envahir la piste d’atterrissage à la recherche des fameux Israéliens, après avoir saccagé les locaux de l’aéroport, au son d’Allah Akbar et de slogans pro-palestiniens.

Les forces de l’ordre interviennent et la situation est reprise en main vers 23h. L’on compte une vingtaine de blessés et plus de 160 interpellés. Le Comité d’enquête de la Fédération de Russie prend l’enquête sous son contrôle et les déclarations officielles commencent.

Le gouverneur du Daghestan condamne cet acte, qu’il considère comme une preuve de lâcheté et une profonde violation de la législation russe. Le porte-parole du Kremlin estime que cela a été provoqué par les images à la télévision montrant les atrocités à Gaza suite aux bombardements israéliens, mais que la population russe a montré son unité. L’Ombudsman estime que cela est organisé pour déstabiliser la Russie de l’intérieur. C’est la position également défendue par Kadyrov. Le grand Mufti appelle au calme et condamne ces excès.

L’ensemble est résumé par l’allocution du Président russe, lors d’une réunion de sécurité, le lendemain, au sujet de la situation au Daghestan et en Palestine. Selon lui, des forces étrangères tentent de déstabiliser la Russie en montant les différentes confessions les unes contre les autres. Les antennes conduisent à l’Ukraine, d’où le canal anti-russe «Daghestan matin» est administré. 

Le Daghestan n’est pas la seule région, où ce genre d’action peut être menée. La montée de l’islam radical en Russie, non-contrôlé par les structures religieuses établies ni par les structures étatiques, est un fait, qu’il devient de plus en plus difficile de nier, même s’il est convenu de ne pas en parler. Pour autant, Poutine a bien mis en garde les gouverneurs :

«Je souhaite attirer l’attention des chefs de toutes les régions, des chefs des forces de l’ordre et des services spéciaux sur la nécessité de prendre des mesures fermes, opportunes et claires pour protéger le système constitutionnel de la Russie, les droits et libertés de nos citoyens, interethniques et harmonie interreligieuse»

L’incident de l’aéroport du Daghestan a tiré la sonnette d’alarme. Si d’un côté, les extrémistes n’ont pas pris le dessus et les autorités publiques ont fait corps ; d’un autre côté, ces groupuscules extrémistes existent bien au sein de la société et peuvent facilement être manipulés, sont prêts à aller contre les autorités publiques. Car si c’est bien, notamment, ce canal telegram qui est à la source de ces événements, cela veut dire qu’il existe bien un auditoire favorable à la thèse de «l’occupation» russe du Daghestan et donc prêt à oeuvrer au démantèlement territoriale de la Russie, dans le prolongement du démantèlement territorial de l’URSS. Pour achever le travail et ainsi servir, sans forcément en avoir conscience d’ailleurs, les intérêts atlantistes.