Echec du plan atlantiste : la Russie reconnaît l’indépendance de DNR et LNR
Mardi 22 février 2022
Après une longue hésitation, la Russie s’est décidée à reconnaître l’indépendance de DNR et LNR, ainsi qu’à envoyer l’armée russe stabiliser la situation sur place. Les menaces proférées par l’Occident n’ont pas pu étouffer le son de l’artillerie ukrainienne, qui ce week-end a résonné dans tout le Donbass et continue encore aujourd’hui à faire des victimes. Le combat n’est pas terminé, mais les populations civiles reprennent espoir : le Monde russe n’est pas mort, cela valait la peine de le défendre pendant toutes ces années.
Après une réunion d’urgence du Conseil de sécurité, le Président russe a décidé de reconnaître l’indépendance des républiques du Donbass.
Trois facteurs ont principalement joué sur cette décision, que la Russie reportait toujours, espérant pouvoir conduire l’Occident et l’Ukraine sur la voie d’une solution diplomatique, qui aurait permis de préserver l’intégrité territoriale de l’Ukraine :
- La reprise des combats ces derniers jours a entraîné la nécessité de l’évacuation d’urgence des femmes, des enfants et des personnes âgées, l’armée ukrainienne a ciblé les infrastructures vitales et laissé 90% de la population sans eau courante, les infrastructures de gaz sont touchées, etc. Il y a donc un problème humanitaire urgent.
- La Russie s’est toujours accrochée aux Accords de Minsk, espérant que l’Occident finirait par conduire l’Ukraine à les appliquer, or les livraisons d’armes en provenance des pays de l’OTAN ne font que s’accélérer ces derniers temps et l’Ukraine elle-même déclare ne pas vouloir les appliquer, quand les pays occidentaux estiment que c’est à la Russie, et non pas à l’Ukraine, de les appliquer. La mort clinique de ces Accords a donc enfin été reconnue par la Russie, qui a également reconnu que les négociations avec l’Occident ne permettront pas l’application de ces Accords par l’Ukraine.
- Au-delà de la question ciblée et urgente du Donbass, c’est le monde russe qui est touché depuis la chute de l’URSS et si la Russie ne peut le protéger, il disparaîtra. L’équilibre des forces internationales est en jeu, la Russie restant la dernière puissance civilisatrice capable de limiter les effets anticivilisationnels de la globalisation.
Hier, soir, le Président russe a donc signé la reconnaissance de l’indépendance de DNR et LNR et un accord d’entraide et de coopération avec chacune de ces entités, textes qui doivent être ratifiés par le Parlement. Lors de son adresse, très longue car la situation est délicate, au peuple russe, il a clairement envoyé un message : cessez les attaques contre le Donbass, ou sinon vous serez responsable du sang qui sera désormais versé.
Dans la soirée, les tirs de l’artillerie ukrainienne ont fait concurrence aux cris de joie des populations et à l’hymne russe, qui résonnait comme un chant d’espoir et de liberté. Car toute la nuit, l’artillerie lourde a continué son oeuvre, détruit des habitations, touché des écoles, etc. Un groupe ukrainien de sabotage a miné la route Donetsk-Gorlovka, 3 civils sont morts.
Afin de stabiliser la situation, Poutine a demandé au ministère de la Défense de prendre position dans le Donbass, pour assurer les fonctions de maintien de la paix. Quant à la question centrale de l’emplacement des frontières de ces entités (actuelle ou avant le conflit et l’occupation par l’armée ukrainienne, comme cela a été formulé hier), le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que pour l’instant, il faut laisser le Parlement ratifier la reconnaissance d’indépendance et que cet aspect sera traité après la signature de l’accord de coopération. Les combats politiques internes reprennent, lcertains estiment qu’il faut revenir aux frontières des régions de Donetsk et Lougansk, qui avaient par référendum demandé leur indépendance avant l’arrivée de l’armée ukrainienne, d’autres que la Russie a reconnu DNR et LNR dans leurs frontières de facto existantes aujourd’hui. Les deux positions sont logiques, mais elles ressortent d’une logique différente.
La fureur qui est montée chez les dirigeants occidentaux (voir cet article du journal Le Monde) est très significative : en refusant de continuer à discuter pour discuter, la Russie est sortie du jeu, qui consistait à épuiser ses forces politiques, sans jamais faire de réelles concessions. Maintenant se pose pour eux la question de la réaction et la réponse n’est pas évidente. Un soutien militaire à Kiev est à attendre, mais il y a très peu de chances pour que les pays occidentaux interviennent directement, avec l’armée russe qui prend désormais position dans le Donbass. En revanche, la fourniture d’armes, l’utilisation de groupes terroristes ou extrémistes, l’envoie de mercenaires, tout cela au minimum est à attendre, puisque ces méthodes avaient déjà cours en Ukraine. En ce qui concerne les sanctions, elles existaient avant, elles auraient de toute manière été adoptées pour une raison ou pour une autre, car le but est de faire tomber la Russie. Ici, les pays européens auraient un rôle à jouer, car ils seront directement impacté par des sanctions trop lourdes.
Le monde atlantiste a perdu cette partie, mais les Etats-Unis sont de très mauvais perdants et l’Europe risque d’en faire les frais. Donc, à suivre.