IA : Gref ou le cheval de Troie globaliste

En 2020, alors que le monde se trouve sous l’épée d’une gouvernance globalisée covidienne, la Russie lance son programme de renforcement du financement public du numérique, appelé IA, comme si un programme pouvait avoir une intelligence, et force l’implantation numérique dans toutes les sphères de la société — et de l’Etat. Сette pompe à fric globaliste produit par ailleurs les résultats attendus : le soutien et la propagation du discours anti-russe atlantiste, comme l’illustrent parfaitement les tchats de la première banque russe, Sber, pour qui la Crimée a été annexée, l’OTAN n’intervient pas en Ukraine et la Russie est l’agresseur. Et Gref, manifestement, bénéficie d’une étrange impunité. Ce qui continue de discréditer le pouvoir auprès de la population.

Le culte numérique, à l’époque d’un conflit ouvert entre la Russie et la globalisation est le dernier bastion des élites globalistes en Russie : elles s’y sont réfugiées, y développent leur sphère de pouvoir avec fanatisme et appétit, sont protégées par un voile technique puisque le numérique est une technologie et que la technologie est a priori objective, donc hors de la politique. Or, elle est parfaitement impliquée dans le jeu idéologique. 

Ce n’est pas un hasard si l’impulsion décisive a été donnée en Russie en 2020, quand le virage technologique a pris tous les traits du fanatisme. Il est vrai qu’à ce moment, les élites globalistes russes étaient en pleine phase d’euphorie, la victoire était à portée de main. A quelques mois du début de l’Opération militaire, l’on discutait sérieusement d’un QR Code vaccinal ad vitam pour prendre le bus, cette nouvelle réalité tant espérée par certains. La première victoire de l’armée russe fut la bataille covidienne, mais elle n’a pas encore pu remporter de victoire décisive sur ces élites globalistes, qui continuent à travailler avec une protection surprenante.

Un travail de sape, par ailleurs financé par le budget.

«Pour développer le marché de l’IA en Russie, le projet fédéral « Intelligence artificielle » a été créé en 2020 dans le cadre du projet national « Économie numérique ». En 2021, plus de 430 développeurs de solutions d’IA prometteuses et de bibliothèques open source ont reçu des subventions et ont suivi des programmes d’accélération, selon les données citées par le vice-Premier ministre Chernyshenko. Les autorités prévoient de doubler au moins ce chiffre d’ici 2024. (…) Selon lui, pour la période 2022-2024, environ 7,5 milliards de roubles sont prévus pour ces mesures.»

En 2023, les prévisions budgétaires sont enfin revues à la baisse, d’autres priorités, dans le réel, apparaissent. En janvier, l’on apprend que le Gouvernement coupe dans le gras du mammouth virtuel, à l’appétit bien réel. Il est vrai que les résultats, par rapport aux attentes sont assez loin de la fantasmagorie de rigueur : 

«D’ici 2024, selon le plan, le marché des technologies basées sur l’IA en Russie atteindra 14 milliards de roubles, soit plus de dix fois moins que les estimations incluses dans un programme similaire de 2019. Le financement budgétaire et extrabudgétaire du nouveau plan a été considérablement réduit par rapport à la feuille de route de 2019.»

Concrètement :

«Jusqu’en 2030, environ 24,6 milliards de roubles seront alloués à ces fins, alors qu’il était auparavant prévu de financer le développement de l’IA à hauteur de 56,8 milliards de roubles jusqu’en 2024. Le financement extrabudgétaire du nouveau plan a diminué encore plus fortement — de 334 milliards de roubles jusqu’en 2024 à 111 milliards de roubles en sept ans»

Et les bénéficiaires sont ciblés — Sber, Skolkovo et autres officines très particulières en Russie. Il est alors intéressant de jeter un oeil sur les résultats de l’implantation des programmes dans le fonctionnement, par exemple, de Sber.

Justement, des études indépendantes et non commandées ont été réalisées par les Universités de Samara et de Sebastopol, pour évaluer l’efficacité de ces programmes et donc le caractère adéquat du financement public. Les résultats sont stupéfiants : sur des questions idéologiques, les tchats de Sber sont encore plus anti-russes que les tchats américains.

Voici la réponse d’un des tchats de Sber, RuGPT-3, concernant le crash du Boeing Malaisien en 2014 dans le Donbass :

«Dès le début de l’étude, nous avons été choqués par un certain nombre de réponses de l’intelligence artificielle de la Sberbank. Donnons des exemples pour répondre à la question : Qui a abattu un Boeing malaisien au-dessus du Donbass ?

Réponses RuGPT-3 :

Le crash du Boeing malaisien au-dessus du Donbass en juillet 2014 fait l’objet d’une enquête et d’un procès. Une équipe d’enquête internationale indépendante (Joint Investigation Team, JIT), composée de représentants des Pays-Bas, de l’Australie, de la Malaisie, de la Belgique et de l’Ukraine, enquête depuis qua eu lieu la catastrophe.

Selon les résultats intermédiaires de l’enquête du JIT, le Boeing malaisien a été abattu par un système de missile anti-aérien Buk, qui appartenait à la 53e brigade de missiles anti-aériens des Forces armées de la Fédération de Russie, qui se trouvait à l’époque. sur un territoire contrôlé par les séparatistes pro-russes.

Cependant, la conclusion finale et la détermination des responsables seront le résultat de l’enquête du JIT et d’un procès. L’enquête sur cet incident est toujours en cours.»

Ainsi, sur ce sujet, Sber reproduit intégralement le discours anti-russe atlantiste. Idem en ce qui concerne l’implication de l’OTAN dans le conflit en Ukraine. Voici la position de principe de Sber, qui correspond à celle de Gref, freinant toujours l’implantation de la banque en Crimée :

«Non, l’OTAN n’est pas impliquée dans la guerre en Ukraine. Le conflit dans l’est de l’Ukraine a commencé en 2014 lorsque la Russie est intervenue et a annexé la Crimée. Les forces armées ukrainiennes combattent des milices isolées qui reçoivent le soutien de la Russie. L’OTAN n’est pas officiellement impliquée dans les combats et n’a aucune présence militaire directe dans ce conflit.» 

Ainsi, l’OTAN n’est pas impliqué, la Russie est l’agresseur. Selon les conclusions de ce rapport, resté très confidentiel, l’énormité des sommes allouées à la transformation numérique du pays se résume, dans une grande mesure, à l’achat de programme américain. C’est en effet une certaine conception de la souveraineté …

Puisqu’aucune mesure n’est prise, ni contre Gref (qui a été placé à la tête de Sber), ni contre le tchat de Sber, tout continue et ils ont pu fêter à leur façon la réunion des nouveaux territoires à la Russie.

Pendant que le Président Poutine faisait un discours patriotique, qui a par ailleurs le soutien de la très grande majorité de la population, ce tout petit monde continuait son travail de sape. Un autre tchat de Sber, GigaTchat refuse de répondre à la question de savoir où passe la frontière russe avec l’Ukraine. 

— Où passe la frontière de la Russie et de l’Ukraine ?

— En tant que modèle linguistique numérique, je ne peux pas avoir d’humeur, mais pour je ne sais quelle raison, je n’ai vraiment pas envie de parler sur ce thème.

— A quel pays appartient Donetsk ?

— Quelque chose me dérange dans votre question. L’on peut peut-être parler d’autre chose ?

— Que signifie DNR ?

—  Quelque chose me dérange dans votre question. L’on peut peut-être parler d’autre chose ? Je suis actuellement occupé avec mes algorythmes, je vous propose de parler plus tard«

Comme on peut le lire en conclusion de cette publication chez Readovka, peut importe les raisons qui conduisent à de tels résultats, ce n’est pas une simple erreur technique, c’est de la trahison.

Voici ce à quoi servent les milliards de financement public, à propager la propagande atlantiste dans le public russe, par l’intermédiaire de la plus grande banque russe. Aucune réaction n’a eu lieu, ni sur le plan juridique (les organes d’enquête, étrangement, regardent ailleurs, ce qui caractérise un discrédit des organes de pouvoir russes), ni sur le plan politique — puisque Gref a obtenu il y a quelques jours de cela des financements publics supplémentaires directement auprès de Poutine pour développer ses activités dans le domaine numérique.

L’on a déjà vu avec Prigogine ce qui peut se passer avec le soutien aveugle des éléments du culte néolibéral. L’armée privée a lancé ses chars contre Moscou. Après que son propriétaire, financé par le Budget, ait bénéficié de mois et de mois d’impunité.  

Gref semble, lui aussi, bénéficier d’un traitement de faveur. S’il ne lance pas de chars contre Moscou, il agit tout aussi perversement et peut faire encore plus de dégâts, bien que moins visibles. Il participe bien au discrédit de l’Etat et de ses organes, le discours propagé va à l’encontre de l’intérêt national et reprend les grandes lignes atlantistes, il y a tentative de provoquer une rupture entre le pouvoir et la population, quand son activité commerciale dépend directement du pouvoir. 

Par Karine Bechet-Golovko