Kazakhstan : le groupe Soros change de nom, pour que rien ne change

Le Fonds Soros n’a pas une mauvaise réputation, il a une réputation sulfureuse. Sous le slogan de l’exportation de la démocratie, l’on voit implanter les mécanismes de désétatisation, de soumission idéologique et si besoin de déstabilisation des systèmes politico-étatiques résistants. Toute institution nationale doit se fondre dans ce magma globaliste et révérer ses dieux. Pour faire oublier un passé de plus en plus reconnu et critiqué, le Fonds Soros opère un changement de marque dans la région stratégique d’Asie centrale, devient CAPS Unlock, pour que surtout rien ne change. Le Kazakhstan annonce la couleur.

En 1995, un «Fonds Soros-Kazakhstan» est fondé dans le pays pour porter, comme annoncé à l’époque :

«assistance au Kazakhstan indépendant pour surmonter les difficultés des réformes politiques et économiques»

La naïveté des années 90 ayant pris fin, l’enchaînement des révolutions de couleurs, où l’on trouve toujours la patte de Soros, a achevé l’image de cette structure, qui a besoin d’une sérieuse opération plastique. Le Fonds Soros se transforme alors en Centre d’analyse et d’expertise politique CAPS (Central Asian Political Studies) Unlock. Le but est toujours de chercher des «solutions optimales» pour régler les problèmes de la région.

Mais rien ne change, l’agenda globaliste est toujours prioritaire :

«CAPS Unlock mènera des recherches et organisera des débats sur les inégalités socio-économiques, la démocratie numérique, l’éducation, le changement climatique, la géopolitique, les conséquences du parcours historique de la région.»

En plus des piliers de la globalisation, la «déséducation», le numérique et le climat,il est fondamental dans la logique globaliste de profondément réécrire l’histoire (les programmes «éducatifs» y aident) dans cette région, afin de l’autonomiser artificiellement de la Russie. Et en entendant la radicalisation du discours des ressortissants de ces pays dans les conférences universitaires à Moscou, l’on peut comprendre à quel point ce travail de reconfiguration des pays d’Asie centrale est efficace.

Bref, le Fonds Soros, quelle que soit sa nouvelle appellation, a encore de beaux jours devant lui et dans cette nouvelle configuration de conflit ouvert entre le monde global et la Russie, il peut même se renforcer en influençant de l’intérieur les pouvoirs de ces pays, qui continuent tous leurs réformes néolibérales. Rappelons que les pays d’Asie centrale ont tendance ces derniers temps à se rapprocher de la Russie, ce qui conduit les Etats-Unis à intensifier son travail dans cette région stratégique. 

Karine Bechet-Golovko