Khodorkovsky toujours au centre de la guerre des Etats-Unis contre la Russie

L’activité extérieure en vue de la manipulation de l’opinion publique est une composante classique des combats géopolitiques et des guerres traditionnelles. La Russie a souvent été accusée par l’Occident d’utiliser les réseaux sociaux pour influencer les sociétés en Europe et aux Etats-Unis. En attendant, l’inverse ne provoque aucun doute : d’importants fonds américains sont versés à des structures situées à Vilnius et à Tbilissi pour discréditer le pouvoir lors de l’Opération militaire en particulier et tester le potentiel de révolte en général. Une enquête concernant la Free Russian Foundation et les fondations autour de Khodorkovsky, a révélé un sursaut d’activité en Europe et en Russie depuis le début de l’Opération militaire.

Mikhail Khodorkovsky reste un élément central de la politique anti-russe américaine. Il est d’une part utilisé pour chapeauter l’opposition radicale, c’est-à-dire non pas l’opposition politique, mais l’opposition idéologique, celle qui lutte pour la dissolution de la Russie (dans le sens direct du terme) au sein du marais globaliste. D’autre part, il sert de relais pour centraliser la manipulation de l’opinion publique à travers les réseaux sociaux, puisqu’il a bien été expliqué à la population russe depuis des années, dans la plus pure logique globaliste, que la radio et la télévision c’est dépassé, la vérité ne se trouve plus que dans les réseaux sociaux …

Ainsi, rien qu’en 2022, Khodorkovsky a dépensé plus de 4,2 millions de dollars pour la prise en main des Russes, qui ont quitté le pays pour des raisons politiques. Son action est multiforme : organisation de piquets devant les ambassades de Russie en Europe, la mise en place d’un Comité anti-guerre sous forme d’ONG, l’organisation de conférences avec les figures non-renouvelées de l’opposition russe radicale. Ici est leur point faible : ces gens n’ont aucune légitimité politique en Russie, ils ne peuvent objectivement pas influencer légalement le cours politique à l’intérieur du pays. Et ce réseau se développe en Europe :

«Les relocalisés sont encadrés par deux organisations associées à MBK (Khodarkovsky) et à la citoyenne américaine Natalia Arno, qui reçoit des financements directement du Département d’État américain : « Ark » et Reforum. (…)

Ces personnes morales sont enregistrées en Lituanie à une seule adresse, mais leurs succursales opèrent dans toute l’Union européenne. Des foyers, des espaces de coworking et des cabinets juridiques financés par eux sont ouverts en Allemagne, en Estonie, en Lituanie, en Géorgie, en Turquie et en Pologne.»

Cette partie de l’activité concerne l’interaction dans le réel. Elle est effectivement complétée par un volet virtuel, avec la fabrique de trolls, dont chacun d’entre nous a senti le sursaut d’activités. 

Le Fond de lutte contre la corruption de Navalny a pris en charge en Russie une partie de cette activité, en étant activé par la Free Russian Foundation de Natalia Arnaud, enregistrée à Washington.

«L’usine de robots est dirigée par l’ancien chef du siège de Navalny à Moscou, Oleg Stepanov. L’ancien avocat du siège de Navalny à Oufa, Fiodor Telin, est responsable du contrôle — c’est lui qui envoie aux employés les messages sous lesquels ils doivent laisser des commentaires. Le directeur de la Fondation anti-corruption, Ivan Zhdanov, participe également à la résolution des problèmes clés. Les activités de la ferme de robots sont activement soutenues par le politicien Vladimir Milov.»

Les employés de la fabrique, appelés Elfes, concluent des contrats avec Reforum et doivent enregistrer une adresse IP en Lituanie. Ils sont rémunérés 10 euros de l’heure et doivent poster environ 150 commentaires par jour, qui ne soient pas effacés les administrateurs des sites visés. Ceci est une raison de plus pour non seulement ne pas entrer en discussion avec les bots, mais également pour simplement ne pas les publier.

Ils ont un guide, leur indiquant quels types de commentaires laisser sur les sujets d’actualité. Par exemple, concernant les attaques de drones cet été sur Moscou-City, ils doivent publier des variantes sur le thème «Poutine a fait venir la guerre en Russie et tant que toutes les forces armées ne quittent pas les terres étrangères, ce ne sera pas calme en Russie«. La ligne générale est que Poutine est responsable de la guerre, que la corruption explique tous les problèmes, que la Russie fait du chantage nucléaire à l’Occident, qu’elle a perdu la guerre avec la perte de la ville de Kherson, etc.

Je reçois en effet sur ce blog une quantité incroyable de messages de ce style depuis mars 2022. Il a suffit, au début, d’en publier un ou deux, sans savoir qu’il s’agissait de bot, pour qu’une avalanche arrive ensuite. Dès que j’ai arrêté de les publier, ils ont largement diminué, pour périodiquement quasiment diparaître. Ces Elfes travaillent là où ils sont publiés — pour être payés. 

Sans entrer dans tous les détails, la ligne est évidente : comme lors de toute guerre, la guerre de l’information, la manipulation de l’opinion publique de l’ennemi, accompagnent la dimension militaire du conflit. Il faut démoraliser la population ennemie, la pousser à se retourner contre le pouvoir et si possible à le déstabiliser. Les principes restent les mêmes, seuls les moyens techniques ont changé. Ici, l’on voit bien la caractérisation des deux ennemis, dans le sens classique du terme, à savoir les Etats-Unis et la Russie, les autres pays et espaces n’y sont qu’instrumentalisés.