La Russie en passe de reconnaître l’indépendance de Donetsk et Lougansk

Mercredi 16 février 2022

Les députés russes, dans leur grande majorité, ont voté pour la résolution demandant au Président Poutine de reconnaître l’indépendance des républiques de Donetsk et Lougansk. Cela fait 7 ans que les Accords de Minsk, auxquels la Russie n’est pas partie, mais garante, au même titre que la France et l’Allemagne, sont bafoués par l’Ukraine, les députés ont suivi l’appel des Communistes à protéger les civils. Les menaces grandissantes contre leur sécurité, perpétrées par le clan atlantiste, coûte toujours plus cher à l’Ukraine. Mais il est vrai que la soumission coûte toujours très cher.

Les députés communistes avaient déposé en janvier une résolution demandant au Président de la Fédération de Russie de reconnaître, après tant d’années d’agression et de blocus divers et variés par Kiev, l’indépendance des républiques de Donetsk et de Lougansk de l’Ukraine. Il ne s’agit pas de leur intégration en Russie, mais bien de leur autonomie juridique par rapport à l’Ukraine. Certaines voix s’étaient élevées contre «cette aventure», mais ici aussi le speaker de la Douma a tenu un rôle important, en déclarant que cette résolution sera dûment analysée, discutée avec les fractions et votée. (voir notre article à ce sujet)

Suite à la discussion avec les fractions politiques, finalement, deux résolutions ont été proposées au vote des députés. La première, initiale, demande au Président de la Fédération de Russie de reconnaître l’indépendance de ces deux entités territoriales. La seconde, intermédiaire, prévoyait d’être d’abord visée par le MAE et d’autres organes compétents — l’idée était de noyer l’initiative par un processus de renvoi et de discussion sans fin.

Finalement, hier, les députés ont adopté, par 351 voix pour, 16 contre et une abstention, le projet de résolution prévoyant une adresse directe au Président de la Fédération d’une reconnaissance de l’indépendance et de l’autonomie des républiques de Donetsk et Lougansk. La motivation initiale a été donnée par V. Volodine, président de la Douma :

«Kiev ne respecte pas les Accords de Minsk. Nos citoyens et compatriotes, vivant dans le Donbass, ont besoin d’aide et de soutien. En ce sens, les députés estiment que la reconnaissance de DNR et LNR donne les fondements pour garantir la sécurité et défendre les habitants de ces Républiques d’un danger extérieur, ainsi que pour renforcer la paix internationale et la stabilité régionale, conformément aux buts et principes du Statut des Nations Unies et pose les fondements du processus de reconnaissance internationale des ces deux Etats.»

Selon le projet de résolution :

«La Douma d’État exprime son soutien sans équivoque et consolidé aux mesures adéquates prises à des fins humanitaires pour soutenir les résidents de certaines régions de Donetsk et de Lougansk en Ukraine, qui ont exprimé le désir de parler et d’écrire en russe, qui veulent respecter la liberté de religion et qui ne sont pas non plus d’accord avec les actions des autorités ukrainiennes, qui violent leurs droits et leur liberté (…).»

L’on peut lire sur le site de la Douma, à la Une  :

«Les députés rappellent que depuis huit ans les habitants de la RPD et de la RPL vivent sous les bombardements d’armes de petit et de gros calibre, des millions de personnes sont devenues des réfugiés, les autorités ukrainiennes ont cessé de verser les pensions et les prestations sociales et ont mis en place un régime complet blocus économique de la population et des entreprises des deux républiques. « Les actions des autorités ukrainiennes peuvent être comparées au génocide de leur propre peuple », souligne le document.»

La question de la reconnaissance de l’indépendance des Républiques de Donetsk et Lougansk est un sujet sensible, juridiquement et politiquement. 

Politiquement, tout d’abord, cela est la meilleure réponse possible à la montée agressive de la position atlantiste. Ainsi, le message est clair — à chaque tentative de prise de territoire par la force, vous faites perdre un territoire au pays concerné. Le Maïdan globaliste a fait perdre à l’Ukraine la Crimée, qui sinon serait encore ukrainienne, ces récentes menaces de conflit armé vont faire perdre le Donbass — qui était déjà de facto perdu depuis tant d’années de conflit.

La Russie ne se pressait pas à reconnaître ces territoires, à la fois laissant la porte ouverte à une résolution politique du conflit sur le territoire ukrainien, et n’ayant dès le départ pas eu la volonté «d’avaler» l’Ukraine, contrairement à ce que le discours occidental prétend.

Alors que Kiev n’applique pas les Accords de Minsk depuis le début, il ose prétendre que cette reconnaissance serait une escalade du conflit, qu’ainsi la Russie sortirait des Accords de Minsk. Et l’Ukraine continue à s’adresser à ceux-là même par la faute de qui elle tombe en morceau. Cet appel de détresse publié sur le site de la Rada, le Parlement ukrainien, l’illustre tristement :« La Verkhovna Rada appelle les Nations Unies, la Commission européenne, le Parlement européen, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, l’Assemblée parlementaire de l’OSCE, l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, les gouvernements et les parlements des États à confirmer l’intégrité territoriale de l’Ukraine et son inviolabilité à l’intérieur de frontières internationalement reconnues; de ne reconnaître aucune décision de la Fédération de Russie relative à la reconnaissance de l’indépendance d’entités autoproclamées dans les territoires temporairement occupés des régions de Donetsk et de Lougansk»

L’Ukraine pense-t-elle vraiment que les Européens vont venir se battre pour elle ? La réponse lui a déjà été apportée. Elle joue exactement le rôle, qui lui a été attribué — déstabiliser la région. Le prix qu’elle a à payer pour cela, n’intéresse nullement ses mentors — ils jouent leur jeu.

Juridiquement, l’interprétation laissant sous-entendre une «violation» des Accords moribonds de Minsk par la Russie en reconnaissant l’indépendance du Donbass est largement reprise par la presse française. Ainsi, France Info, par erreur ou par idéologie, va jusqu’à affirmer :Ce texte, signé en 2014 par les quatre parties concernées (Ukraine, Russie, républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk)

Sur quels critères se base France Info ? Sur les signatures ? Mais ce sont les signatures du groupe de contact … Dans ce cas, la Suisse devrait également être partie à l’accord en raison de la signature de Heidi Tagliavini … 

Rappelons que les Accords de Minsk de 2015, négociés sous l’égide de l’OSCE avec l’Ukraine, la France, la Russie et l’Allemagne sont signés entre les parties au conflit (intérieur ukrainien), donc entre le représentant de Kiev et les représentants de DNR et LNR. La Russie (qui fait également partie du groupe de contact), la France et l’Allemangne sont les garantes de l’exécution de ces Accords. Or, les garants ne peuvent voir peser sur eux des obligations juridiques, quant à l’exécution des Accords qu’ils garantisses, les obligations juridiques pèsent sur les parties au contrat. 

Par cette rhétorique, France Info, et il n’est pas le seul, veut internationaliser le conflit, le rendre non pas interne ukrainien (une armée «pro-démocratique» tirant sur son peuple, ce n’est pas très présentable), mais entre l’Ukraine «agressée» par la Russie.

Il reste à espérer, comme il y a de grandes chances que cela se passe, que le Président russe suivra la résolution qui lui est adressée.