La Russie exclue du conseil exécutif de l’OIAC : à quand les accusations d’attaque chimique en Ukraine ?
La Russie vient pour la première fois de perdre son siège au sein du Comité exécutif de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, ce qui renforce un bloc européen Est, russophobe et atlantiste. Cette sortie est le résultat d’une politique agressive menée par les Etats-Unis au sein de cette organisation pour évincer la Russie. Désormais, nous pouvons attendre la démultiplication des accusations de recours à l’arme chimique en Ukraine par l’armée russe, comme ce fut le cas contre Assad dans la guerre en Syrie.
L’OIAC est une des organisations créées après la chute de l’Union soviétique. En l’occurrence, elle a été fondée en 1997 avec l’adoption de la Convention pour l’interdiction des armes chimiques. Actuellement, 194 Etats ont reconnu cette Convention. Au sein de cette organisation, existe un Comité exécutif :
Le Conseil exécutif se compose de 41 États membres élus par la Conférence des États parties tous les deux ans. Il supervise les activités du Secrétariat technique et est chargé d’œuvrer à l’application effective et au respect de la Convention.
La Russie a toujours fait partie de ce Conseil, car elle est parmi les pays de l’Est, qui y détiennent trois sièges, le pays à l’industrie chimique la plus développée. Mais cette fois-ci, les Etats-Unis ont fait pression sur les pays membres, afin de sortir la Russie de ce Conseil. La Lituanie a présentée sa candidature et a pris le siège de la Russie, qui n’a pu obtenir que 65 des 66 votes nécessaires à son élection. Ainsi, la branche dure atlantiste sera duement présentée avec la Lituanie, la Pologne … et l’Ukraine.
Dès le début de l’Opération militaire, l’accusation de recours aux armes chimiques a été perpétrée par l’Ukraine contre la Russie, sans pouvoir sérieusement aboutir à quoi que ce soit. Quand de son côté, la Russie a du mal à faire déboucher sur des conséquences concrètes toutes les preuves, qu’elle a accumulées de l’installation de laboratoires américains à but militaire, notamment en Ukraine.
Nous nous souvenons comme l’OIAC avait été instrumentalisée par les Etats-Unis dans les mises en scène organisées par les Casques blancs d’attaques chimiques en Syrie imputées à Assad. Cela a duré jusqu’à ce que la Russie retrouve le petit Hassan, soi-disant victime d’une attaque chimique à Douma, qui conduit devant l’OIAC déclare que les Casques blancs, accompagnés des journalistes occidentaux, lui avaient proposé de la nourriture pour jouer le rôle (voire notre article ici). N’ayons aucun doute qu’avec le départ de la Russie du Conseil exécutif de l’OIAC beaucoup de petits «Hassan» ukrainiens vont apparaître.
La guerre se mène sur tous les fronts et la diplomatie de temps de guerre requiert un doigté et un volontarisme particuliers. Cet exemple souligne encore une fois à quel point les organes internationaux mis en place après la Seconde Guerre mondiale, et surtout ceux de l’après-Union soviétique, sont des organes de gouvernance globale et non plus «inter-nationaux». Sans leur remise en cause totale et directe aucun monde, ni d’Etats souverains, ni même multipolaire, ne sera possible.
Par Karine Bechet-Golovko