L’AIEA continue à tenter le transfert de la centrale nucléaire de Zaporojié vers l’Ukraine
L’Agence internationale de l’énergie atomique continue à tenter de faire revenir la centrale nucléaire de Zaporojié dans le giron de l’Ukraine en usant de la diplomatie, puisque les tentatives militaires de l’armée atlantico-ukrainienne ont échoué. Grossi annonce même un possible accord concernant l’établissement d’une zone de sécurité autour de la Centrale d’ici la fin de l’année, qui prévoit le retrait des forces militaires russes. De son côté, le porte-parole du Kremlin dément toute volonté de retirer les forces militaires russes et d’abandonner la centrale nucléaire. Mais, étrangement, les négociations entre Rosatom et l’AIEA continuent. Ce qui affaiblit la position de la Russie, par manque de fermeté, dans ce qui est une véritable guerre en cours. Rappelons que selon la dernière réforme constitutionnelle russe, ce territoire, du point de vue de l’Etat russe, est national.
Nous avons souvent, dans ce blog, parlé de l’instrumentalisation de l’AIEA et de son directeur par le clan atlantiste, pour faire passer la centrale nucléaire de Zaporojié sous contrôle ukrainien, puisque les nombreuses tentatives de prise d’assaut se sont très mal terminées pour les assaillants. La rhétorique est mise en place très simplement : l’armée atlantico-ukrainienne tire régulièrement sur la centrale nucléaire et la ville d’Energodar à proximité ; la direction des opérations, selon le Renseignement russe, est opérée notamment par les Britanniques ; ils créent ainsi un risque de contamination nucléaire. Ce risque par eux créé justifie alors une intervention de l’AEIA, qui prend le parti ukrainien, c’est-à-dire le parti atlantiste dans ce conflit et refuse de voir publiquement d’où viennent les tirs. C’est bien la pratique du pompier-pyromane.
Les négociations avancent lentement autour de la mise en place d’une zone de sécurité, autrement dit du retrait des forces militaires russes. Inutile de dire que la zone ne restera pas démilitarisée longtemps, si la Russie la laisse «pour des raisons de sécurité». Mais les négociations avancent et continuent envers et malgré tout. Grossi estime même dans une interview au journal italien La respublica qu’un accord devrait être trouvé d’ici la fin de l’année, rappelant bien que cet accord prévoit l’exigence ukrainienne d’un retrait des forces militaires russes.
La probabilité d’un tel accord est très faible, et même la branche médiatique globaliste russe le reconnaît. Un retrait total ne trouverait aucune contre-partie, qui pourrait conduire la Russie à l’accepter. En revanche, le retrait uniquement de l’artillerie lourde, que la Russie affirme ne pas avoir installée, serait, selon Gueorgui Bovt, un compromis envisageable. Mais rien ne laisse penser que la Russie soit prête à laisser la centrale :
«Toutes les installations de la centrale ont déjà été transférées à la propriété de l’entreprise fédérale publique «Centrale nucléaire de Zaporojié», spécialement créée par décret présidentiel. L’opérateur est la société anonyme «Operating Organisation of Zaporozhye NPP», créé par la société anonyme «Rosenergoatom» (qui fait partie de la corporation étatique «Rosatom»). Seuls les employés ayant signé un contrat avec l’employeur russe sont restés à la centrale.
La centrale nucléaire est toujours connectée au système énergétique ukrainien, afin d’alimenter le système de refroidissement de la centrale, dont tous les réacteurs ont été arrêtés. Dans le même temps, la construction d’une ligne de transport d’électricité se poursuit à un rythme accéléré, qui reliera la centrale nucléaire à la Crimée, après quoi il est prévu de la déconnecter complètement du système énergétique ukrainien. On ne sait pas très bien ce que la partie russe pourrait obtenir dans ces conditions de valeur égale pour retourner tous ces travaux et les décisions prises maintenant à 180 degrés.»
Cela d’autant plus que le territoire, du point de vue du droit constitutionnel russe, constitue une partie du territoire national. Et aucune stratégie ne justifierait un retrait. Pourtant, les pourparlers continuent entre Rosatom et l’AIEA. Alors que le seul moyen de mettre un terme au risque de contamination nucléaire est l’arrêt des frappes de l’armée atlantico-ukrainienne sur la centrale. Ce qui n’est pas reconnu par l’AIEA. Il y a bien une impasse. Une impasse logique, quand on considère que l’AIEA n’est pas une instance neutre, mais un rouage de la mécanique atlantiste.
Alors pourquoi continuer des pourparlers, qui n’ont à première vue pas de sens ? Les pourparlers ne sont pas un but en soit, ils doivent avoir une finalité. Une publication intéressante et discrète peut donner une piste de réflexion :
«Et voici une explication possible pour laquelle le chef de Rosatom, Likhachev, négocie avec l’AIEA, sans quoi il serait problématique pour Rosatom de construire des centrales nucléaires dans d’autres pays.
Rosatom construit :
▪️La deuxième tranche de la centrale nucléaire d’El Dabaa en Egypte. La première centrale nucléaire égyptienne.
▪️En Inde, Rosatom construit des blocs à la centrale nucléaire de Kudankulam
▪️Rostatom construit 4 unités à la centrale nucléaire d’Akkuyu en Turquie
▪️En Hongrie, Rosatom s’apprête à lancer la construction de 2 tranches sur la centrale nucléaire de Paks-2
▪️Au Bangladesh, Rosatom construit la centrale nucléaire de Rooppur
Par ailleurs, Rosatom construit 4 unités en Chine : 2 à la centrale nucléaire de «Tianwan» et 2 à la centrale nucléaire de «Xudapu». En Biélorussie, Rosatom achève également la construction du deuxième bloc énergétique.
Bref, camarades, mettre en service de nouvelles centrales nucléaires sans l’AIEA est problématique.»
L’on voit bien ainsi, qu’il est impossible de séparer la globalisation économique de la globalisation politique. Et c’était le pari fait par la Russie depuis les années 2000. Dont il va bien falloir sortir.
Karine Bechet-Golovko