Le Canada ignore toujours la demande d’extradition déposée par la Russie du SS ovationné au Parlement

Le 22 septembre 2023, un vétéran SS avait été ovationné par le Parlement canadien, réuni pour dignement célébrer la venue du héros des temps post-modernes Zelensky, à sa juste valeur. Un petit scandale en a suivi, sans conséquences réelles, qui fut rapidement étouffé et oublié. Dans la société de consommation de l’information, les gens sont sommés de s’indigner souvent, mais pas longtemps. De son côté, la Russie se bat depuis pour que ce criminel de guerre lui soit extradé. Inutile de rappeler, que le Canada protège particulièrement bien ses criminels nazis, surtout face à la Russie, cet ennemi, lui, existentiel pour leur monde.

Lors de l’une de ses tournées de levée de fonds, Zelensky est passé au Canada. Lors de cette visite en septembre dernier, il fut reçu au Parlement, devant un parterre particulièrement choisi de personnes, soutenant sans retenue la guerre atlantiste menée en Ukraine contre la Russie. Et pour illustrer l’enjeu de ce combat, les autorités canadiennes ont mis en avant Yaroslav Hunka, vétéran SS membre de la milice Galicie. Il fut ovationné par tous les membres présents, debout (voir notre article ici).

Afin de clore le scandale, le président du Parlement canadien a été contraint de démissionner. Et point. Lorsque la question de l’extradition de ce vétéran nazi a été soulevée, notamment au début par la Pologne en plus de la Russie, la réaction du ministre canadien de la Justice fut particulièrement significative du manque de volonté politique :

««Le processus d’extradition est un enjeu sensible qui, ultimement, finit sur mon bureau pour une décision finale», a indiqué le ministre canadien de la Justice, se refusant à tout autre commentaire pour «éviter de compromettre l’enquête». Mais une telle mesure semble difficilement applicable, compte tenu de l’âge avancé du vétéran Yaroslav Hunka (98 ans). Il faudra surtout, pour les Polonais, prouver que l’ancien membre de la SS Galicie a effectivement commis des crimes de guerre, plus de 75 ans après les faits.»

Beaucoup ont tenté de présenter cela comme une erreur. En effet, s’il fallait faire le décompte de tous nazis au Canada, l’on ne s’en sortirait plus … Certains députés ont tout à coup fait une déclaration pour se dissocier de, je cite, «cette bourde historique, monumentale, honteuse«. Une «bourde», la question est réglée. C’est, d’ailleurs, la position reprise par les médias français. L’Express titre ainsi sur «Un vétéran nazi honoré par erreur«. Oui, par erreur, car il est bien connu que n’importe qui peut se présenter au Parlement devant des chefs d’Etats, on peut sans le connaître lui demander de se lever et sans savoir pourquoi l’applaudir debout. 

Bref, pour synthétiser le discours : il est nazi, mais ce n’est pas certain qu’il a commis des crimes (encore un cuisto) et comme il est vieux, c’est trop tard. Le fait que ces crimes soient imprescriptibles ne semble pas particulièrement déranger le ministre canadien de la Justice. Ce n’est pas important comme du Mee too quand même, on ne va pas tout mélanger.

Dès le départ, le ministère russe des Affaires étrangères n’avait pas de grands espoirs :

«Bien sûr, nous ne nous faisons aucune illusion au sujet de l’extradition de Hunka  par Ottawa. Dans le passé, les Canadiens n’ont pas extradé un seul des acolytes d’Hitler, dont la culpabilité était évidente, et eux-mêmes non seulement ne cachaient pas leur service dans les SS, mais étaient également fiers, du fait qu’ils ont combattu les Soviétiques, les Russes.»

Ainsi, en décembre 2023, le Parquet général russe a demandé l’extradition de Yaroslav Hunka. Il est officiellement accusé en Russie par le Comité d’enquête de génocide contre les populations civiles de l’URSS lors de la Seconde Guerre mondiale et un avis de rechercher est lancé contre lui. La demande adressée au ministère canadien de la Justice et au Procureur général canadien est donc basée sur la Convention de Genève de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide. Si le Canada refuse, le Parquet général russe est prêt alors à demander son extradition dans le cadre de la législation sur l’immigration.

Manifestement, les choses se passent sans surprise. Le Canada bloque l’extradition de son SS, l’on n’extrade pas les siens. Mais la Russie insiste et l’ambassade de Russie au Canada a remis tout un dossier accompagnant la demande d’extradition de ce SS. Le Canada a promis … d’examiner la question. Pourtant, à ce jour, la Russie n’a évidemment reçu strictement aucune réponse des instances canadiennes compétentes. Et le diplomate russe de préciser :

«Nous rappelons qu’il s’agit pour nous d’une question de principe», a souligné le diplomate. Toujours selon lui, «il est clair que tous les efforts du cabinet libéral du ministre ne parviendront pas à camoufler cette affaire, à faire expédier dans les archives cette opprobre devant la terre entière». Il a en outre rappelé que ce scandale avait suscité l’indignation dans les tréfonds de la société canadienne, qui «entretient la mémoire de ses soldats tombés en combattant le nazisme».

Si le Canada a toujours protégé les criminels de guerre nazis, aujourd’hui, dans le cadre de cette guerre atlantiste contre la Russie, il n’y a strictement aucune chance que Yaroslav Hunka soit extradé vers la Russie. Mais politiquement, il est important de continuer à se battre : que ces régimes soi-disant libéraux, soi-disant démocratiques occidentaux dévoilent, comme Dorian Gray, leur véritable visage.

«En entrant, ils trouvèrent, pendu au mur, un magnifique portrait de leur maître, tel qu’ils l’avaient vu pour la dernière fois, dans toute la splendeur de son exquise jeunesse et de sa beauté. Gisait à terre un veillard en tenue de soirée, un couteau dans le coeur. Il était flétri, ridé, son visage était répugnant. Ce ne fut qu’en examinant ses traits qu’ils ne reconnurent.»

Il faut longtemps, patiemment, examiner les traits de nos régimes pour retrouver les vagues traces de leurs splendeurs passées. Le portrait a perdu sa capacité d’envoûtement. 

Par Karine Bechet-Golovko