Pourparlers de capitulation : L’Ukraine atlantiste tente la trahison des élites en Russie

Cela fait quelque temps que l’on entend le discours médiatique s’articuler sur trois modes : ukrainien — nous ne négocierons pas, nous reprenons le territoire ; américain — il serait bien de négocier et c’est pour cela que l’on continue à fournir des armes à l’Ukraine ; russe — on est toujours prêts à négocier, mais à nos conditions. Après le retrait des forces russes et de l’administration étatique russe de la ville de Kherson, Zelensky, suite à la visite de Sullivan, a annoncé l’acceptation de la capitulation de la Russie. Et son Administration affirme être en mesure de négocier avec n’importe qui en Russie, qui serait prête à cela. Autrement dit, le clan atlantiste, par l’Ukraine, tente de provoquer une trahison intérieure en Russie, seul véritable moyen de faire s’effondrer le pays, puisque le Président Poutine ne peut accepter de telles conditions.

Biden parlait souvent ces derniers temps de l’importance des pourparlers, que l’Ukraine devrait accepter, puisque la Russie disait rester ouverte aux négociations. En fait, il ne s’adressait pas à l’Ukraine, mais préparait le piège pour la Russie, le discours ukrainien étant totalement maîtrisé. Après le retrait des administrations civiles et militaires russes de la ville de Kherson, Zelensky pose les cartes sur la table. Magnanime, il est prêt à accepter la capitulation de la Russie, mais encore avec des garanties.

Ainsi, l’Ukraine est prête a accepter la capitulation de la Russie si :

  • l’intégrité territoriale ukrainienne est entièrement restaurée : ce qui concerne donc la Crimée, le Donbass et les territoires rattachés de Kherson et Zaporojie ; 
  • le Statut de l’ONU est respecté : entre les lignes, l’on doit lire la réforme de l’ONU et la perte par la Russie de son droit de veto, dont l’usage fait par la Russie violerait le Statut ;
  • les réparations de guerre sont assurées par la Russie ;
  • chaque criminel de guerre sera condamné : ce qui implique un tribunal contre les dirigeants et militaires russes ;
  • des garanties sont données pour que cela ne se reproduise pas : cela implique la destruction de l’état russe.

Il a été remarqué qu’une condition avait disparu de cette liste, dont les éléments émergent régulièrement, c’est le départ de Poutine. En effet, la stratégie a changé. 

Les conditions avancées sont inacceptables, ce que le sénateur Karassine  a déjà déclaré. Elles le sont d’autant plus que ces territoires sont entrés juridiquement, du point de vue du droit constitutionnel russe, dans la Fédération de Russie. Négocier sur la base de ces conditions revient à de la haute trahison, car il s’agit de négocier l’abandon d’une partie du territoire national. Ni le Président, ni les hauts responsables russes, qui le soutiennent, ne peuvent entrer dans ces négociations, ouvertement ou discrètement, sans risquer leur tête — et pas uniquement politiquement.

Et les Ukrainiens savent pertinemment que ces conditions sont inacceptables pour Poutine personnellement. Je cite le conseiller du Président ukrainien, Podoliak :

« Les conditions préalables sont plus importantes, pas la personne qui les accepte. Je ne pense pas que Poutine puisse les accepter.«

Et ensuite de préciser, qu’il est prêt à négocier avec toute personne en Russie qui les accepterait :

«Kiev sera prêt pour les négociations avec le politicien, qui acceptera de les mener sur les conditions préliminaires posées par l’Ukraine.«

Zelensky d’enfoncer le clou :

«Zelensky a déclaré qu’il ne fermait pas la porte aux négociations avec la Russie, mais avec une Russie «qui sera vraiment prête pour la paix».» 

Autrement dit, l’Ukraine appelle à la trahison intérieure en Russie. Sur conseil américain, elle est prête à négocier avec n’importe quel politicien russe, qui à la différence des marionnettes russes d’opposition, exilées et bien connues depuis longtemps pour leur inefficacité, doit être en place en Russie. Le clan atlantiste joue sur la fracture des élites intérieures russes, de l’existence incontestable de ces forces globalistes, qui sabotent le travail. Comme on a pu le voir avec Kherson (voir notre texte ici) : à peine deux semaines après le référendum, alors que l’administration russe s’installait dans la ville, que l’état prenait racine, un travail de sape très efficace a été mené à Moscou pour conduire à l’abandon de la ville. Des voix commencent à sortir, affirmant clairement que cette décision a été l’objet d’un rude combat politique depuis un mois — elle n’aurait donc rien à voir avec la situation militaire actuelle.

Cette stratégie de la trahison intérieure des élites russes est une stratégie, qui a peu de chances de réussir aujourd’hui, mais qui va contribuer à créer des fissures, qu’avec le temps les globalistes vont tenter d’élargir. Comme le déclarait à juste titre Poutine, la Russie ne peut être détruite de l’intérieur. 

Mais elle n’est aussi jamais aussi forte, que lorsqu’elle est en danger.

Karine Bechet-Golovko