Ukraine : face aux Etats-Unis, la Russie va-t-elle enfin imposer ses intérêts légitimes ?
Mardi 7 décembre 2021
Pendant que les Etats-Unis menacent la Russie de nouvelles sanctions, allant jusqu’à sa déconnexion du système SWIFT en cas «d’agression» de l’Ukraine, l’on voit l’OSCE confirmer l’arrivée sur la ligne de front, en violation des moribonds Accords de Minsk, de l’artillerie lourde ukrainienne et la militarisation de la société ukrainienne. Une distance toujours plus grande entre ce discours politico-médiatique policé et l’évolution sur le terrain montre à quel point les Atlantistes ont besoin, à la différence de la Russie et de l’Europe, d’un conflit actif sur le sol ukrainien à la frontière russe.
Les Etats-Unis organisent des «fuites» médiatiques de documents «secrets», largement diffusés, devant prouver autant que les petits tubes secoués à l’ONU, le danger militaire présenté par la Russie, qui est censée «agresser» l’Ukraine pour se remettre des fêtes de Noël.
En effet, quelle surprise, un pays qui voit une armée active à sa frontière, entretenir un conflit ouvert contre une population civile, prévoit des forces armées pour se défendre — et la défendre, au cas où. Vraiment étrange …
L’Ukraine a concentré un tiers de ses forces armées dans le Donbass et même l’OSCE est obligée de le reconnaître, elle rapproche de plus en plus d’artillerie lourde, allant des tanks aux autres blindés. Mais l’excuse de «l’agression russe» permet de maintenir un discours médiatique convenu : la Russie fait monter la tension, comme on peut le lire dans le Huffpost, ou encore les populations ukrainiennes civiles sont presque obligées de passer leurs week-ends en treillis à faire des exercices militaires pour protéger les grandes villes du pays, dixit RFI.
Pourtant, ancrer la question dans le paradigme d’une soi-disant agression russe ou occupation russe de l’Ukraine est une approche — volontairement — faussée. L’Ukraine est déjà occupée — par les forces de l’OTAN, physiquement, militairement, politiquement. En ce sens, l’Ukraine est devenue un territoire, elle n’est plus un Etat. Et la question réelle n’est pas celle d’une putative «agression» de la Russie, mais de savoir qui, à part la Russie, va protéger les populations civiles du Donbass qui sont agressées par les forces de l’OTAN à travers l’armée ukrainienne ? Certainement pas l’Europe, comme nous le voyons, et encore mois les structures dépendantes des Etats-Unis, qui sont justement intéressés à la continuation et l’escalade du conflit, mais pas forcément à un affrontement direct — tant qu’il existe un risque de réponse de la Russie, car il coûterait trop cher.
Et pour continuer à mettre la pression sur la Russie, poussée à s’enfermer dans une position faible, celle de la défense, les Etats-Unis discutent de nouvelles sanctions, allant jusqu’à l’exclusion de la Russie du système SWIFT, comme le révèle CNN.
La distance croissante entre le discours et les faits a pour but de construire un discours, qui puisse légitimer une politique, qui ne semble pas a priori si légitime que cela : instrumentaliser un pays tiers, ses infrastrucures étatiques, sa population, contre ses propres intérêts, en le conduisant à sa perte dans un combat qui le dépasse. Face à cela, la Russie doit sortir de cette éternelle position défensive, répétant ad nauseam «si les populations sont attaquées, alors nous réagiront». Les populations du Donbass sont attaquées et souffrent depuis des années, elles n’attendent qu’une chose justement, ce n’est pas que leurs dirigeants locaux entrent dans le parti Russie Unie ou l’arrivée de masques et de vaccins, mais que les élites dirigeantes russes soient à la hauteur de la Russie, qu’ils imposent sa zone d’intérêts légitimes et qu’ils protègent réellement les populations qui s’y trouvent. Et la population russe attend, par ailleurs, dans sa grande majorité, également cela.
Il est temps pour la Russie de sortir d’une position strictement communicationnelle, la communication ne peut pas remplacer la politique, en tout cas si le pays prétend à une gouvernance.