Zaporojie : des frappes atlantico-ukrainiennes pour conduire la Russie à se retirer

Nous notons une augmentation des frappes sur la centrale nucléaire de Zaporojie ces derniers jours. Chacun sachant que la centrale étant tenue par la Russie, elle n’a pas intérêt à provoquer un incident nucléaire, quel est alors le but de ces manoeuvres ? Manifestement, conduire la Russie à reculer «stratégiquement» et «pour sauver des vies». Une fois n’étant pas coutume. Mais pour l’instant, la Russie semble résister — politiquement — sur ce point. 

Hier, l’on apprenait par le ministère russe de la Défense qu’en 48 heures, l’armée atlantico-ukrainienne avait tiré 14 obus sur la centrale nucléaire de Zaporojié.

Chacun comprend parfaitement que la Russie n’a pas intérêt se tirer dessus, qu’elle n’a pas intérêt à provoquer un incident nucléaire sur son territoire et qu’elle n’a pas intérêt à se priver d’une source d’énergie. Il n’y a donc aucune raison pour qu’elle se tire dessus.

Pourtant, le discours atlantiste est unanime, la Russie est la source du danger. Breton l’affirme ouvertement :

Macron reprend les sous-entendus de l’AIEA, dont le président salue par ailleurs très sérieusement les «efforts de Macron» comme intermédiaire.

L’AIEA, qui dépasse son mandat et prend ouvertement partie dans son dernier rapport, va jusqu’à demander le départ de la Russie — évidemment pour garantir la sécurité de la centrale :

«Demande à la Fédération de Russie de retirer immédiatement son personnel, notamment son personnel militaire, de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, afin que les autorités ukrainiennes compétentes reprennent le contrôle total de la centrale pour en assurer l’exploitation sûre et sécurisée«

L’Ukraine et l’OTAN n’ont pas non plus un intérêt direct à provoquer un accident nucléaire à Zaporojié, même si la pratique américaine montre qu’en dernier recours, ce pays est toujours prêt à aller jusqu’au bout. A ce stade, l’intérêt semble être ailleurs : forcer la Russie à reculer.

Plus d’une fois, la Russie a annoncé retirer ses troupes de territoires conquis, afin de «protéger des vies». Le fait que la région de Zaporojie soit juridiquement entrée dans la Fédération de Russie du point de vue russe ne garantit manifestement rien, les «retraits stratégiques» ayant eu lieu à Kherson. 

Les tirs sur la centrale peuvent donc parfaitement entrer dans une stratégie de chantage, devant faire politiquement reculer les forces armées russes, qui repoussent toutes les attaques atlantico-ukrainiennes à ce jour sur cette partie du front.

C’est exactement le même discours qui est mené depuis le mois d’août. Rappelons les déclarations de la France alors :

«La France est très préoccupée par la menace grave que fait peser la Russie sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires ukrainiennes», a déclaré jeudi le ministère français des Affaires étrangères.

«La Russie doit immédiatement retirer ses troupes de la centrale nucléaire de Zaporijjia et rendre à l’Ukraine le plein contrôle de la centrale», a ajouté le Quai d’Orsay dans un communiqué.

L’arrivée de la mission de l’AIEA qui a suivi n’ayant pas permis de fixer le transfert de la centrale à l’Ukraine, les opérations militaires ont repris. Celles-ci ne permettant pas le retrait militaire de la Russie, le clan atlantiste fait pression sur le point faible de la Russie — sa volonté politique.

A suivre.

Karine Bechet-Golovko