Ukraine : vers quelle «fin de conflit» nous dirigeons-nous ?

Il ne reste que les fainéants, comme il est de coutume de dire en Russie, pour ne pas parler de la fin de la guerre en Ukraine. Dmitri Medvedev a même publié cette carte d’une géographie politique révisée. Mais comment va se finit ce conflit ? Car la stratégique dite de la défense active tenue par la Russie atteint elle aussi ses limites et Jean-François Geneste se demande si elle ne devient pas in fine contre-productive. Il se propose d’analyser cette question d’un point de vue technique pour Russie Politics.

Nous le lisons sur tous les tons : la guerre en Ukraine est « pliée ». Mais ce qui était initialement vital pour les Russes le serait devenu pour l’Occident. D’où un prolongement du conflit qui pourrait couver encore des années, les protagonistes s’installant dans une routine meurtrière, voire confortable, pour certains.

En effet, tant que ce ne sont que des Ukrainiens et des Russes qui meurent, l’Occident a à sa disposition un champ expérimental rêvé qui va lui permettre, peut-être, quelques progrès dans le domaine des armements. De l’autre côté, ne parlons même pas du pays failli et de ses effectifs, les Russes commencent à sentir la morsure à la fois des morts au combat et des actions terroristes de Kiev qui bombarde délibérément des cibles civiles avec, qui plus est, des moyens interdits.

La stratégie d’attrition a probablement eu des aspects positifs, puisqu’elle a usé non seulement l’objectif, mais aussi l’OTAN qui est en pénurie de matériels. Mais même si mettre en marche une machine de guerre peut s’avérer long, une fois cela fait, l’équilibre des forces peut se rétablir.

Ceci pour dire que, de notre point de vue, la Russie tarde un peu trop à porter l’estocade finale. Les conditions actuellement favorables pourraient se péjorer dans quelques mois voire quelques années si tout cela dure encore.

On remarquera aussi que les frappes de représailles après le bombardement du 30 décembre 2023, de Belgorod, ont été massives et efficaces, détruisant, a priori et notamment, des bâtiments hébergeant des militaires étrangers. Cela signifie que l’on connaissait ces cibles bien à l’avance ! Pourquoi ne pas les avoir anéanties plus tôt ? Combien en reste-t-il identifiées et « préservées » ? Volontairement ?

Il se joue un jeu que nous avons du mal à véritablement comprendre d’une part et surtout dans lequel les intérêts des uns et des autres semblent flous avec une intersection manifestement non nulle et c’est bien cela qui est inquiétant.

Certains penseront, peut-être à raison, que le conflit est beaucoup plus large et qu’il se propage dans le monde entier via la dédollarisation et d’autres guerres locales avec la scission du globe à la clé. La Russie pourrait-elle avoir, dans ces conditions, un intérêt à prolonger les hostilités ? C’est possible, mais nous ne voyons guère pourquoi. L’Occident s’est très amplement moralement discrédité ; le mal est définitivement fait. Par ailleurs, il est à la dérive intellectuelle par la voie du wokisme, le saccage de ses systèmes éducatifs et la prise d’habitude de faire travailler les autres plutôt que d’accomplir des efforts soi-même. Il va donc tomber. Dans ces conditions, quel intérêt à prolonger l’amoncellement des morts ?

On prête à Vladimir Poutine la volonté de tempérer les ardeurs jusqu’à sa réélection en mars prochain. Peut-être, mais une victoire nette ne serait-elle pas plus porteuse ? En effet, les atermoiements créent des conditions périlleuses et tant que l’ennemi n’est pas définitivement vaincu, il faut toujours prêter attention à chacun de ses gestes, on ne sait jamais. Comme le dit un adage bien connu, il ne faut pas sous-estimer l’adversaire.

Ces considérations posées, quel pourrait être le scénario ultime d’une mise à bas du système ukrainien ? Au risque de répéter un peu ce qui est écrit plus haut, voilà comment nous voyons les choses. Cela commencerait par des frappes massives de missiles sur toutes les cibles identifiées jusqu’à leur destruction totale. Viser les chefs aussi, y compris à Kiev pour faire tomber le gouvernement tout en conquérant en même temps Nikolaïev et Odessa. Cela continuerait par la réduction de la surface de l’Ukraine au tiers environ de ce qu’elle était originellement, pour en faire une zone démilitarisée, neutre, et sous contrôle financier total.

Pour donner quelques précisions sur ce dernier point, je l’avais écrit en 2007 dans un ouvrage sur la défense, l’argent liquide serait interdit et une monnaie électronique à cours forcé serait mise en place, traçable et sous le contrôle total de l’armée russe. Le lecteur aura remarqué que j’ai cité les militaires plutôt que le gouvernement. C’est une bien meilleure garantie de succès. Les dettes contractées par l’Ukraine initiale seraient transférées, pour les Occidentaux, dans le confetti qui resterait, lequel n’aurait plus aucun accès à la mer. Les terres agricoles ravies par les grands groupes de l’Ouest seraient confisquées, nationalisées et redistribuées selon un schéma à définir.

Certains diront et alors ? En fait, une telle capitulation sans condition avec un tel résultat est sans précédent dans l’histoire du monde moderne. Jamais une nation, la France par exemple, défaite, ne s’est vue mettre sous tutelle totale de son vainqueur. Avec des populations différentes et des langues variées, cela aurait été bien difficile, mais là, nous sommes face à une continuité culturelle qu’il sera probablement plus facile d’assimiler.

Vae victis dit le proverbe latin. Et, effectivement, malheur à la structure appelée Ukraine. Il n’y a pas de raison que ceux qui lui survivront, en revanche, ne puissent vivre heureux, tant qu’ils n’auront pas de velléités eugénistes comme nous avons, hélas, pu le constater à maintes reprises et cela depuis au moins 2014 et sans remonter au fameux Bandera.

Par Jean-François Geneste, ancien directeur scientifique du groupe EADS/Airbus Group, PDG de WARPA.

1 комментарий

  1. 24.01.2024

    […] Опубликовано вБез рубрики Ukraine : vers quelle «fin de conflit» nous dirigeons-nous ? […]