Un billet d’aveuglement : La Finlande revient à ses réflexes nazis, mais «ça n’a rien à voir»

Le nazisme est mort, mais de quoi parlez-vous ?! De toute manière, ça n’a rien à voir … Quelques affirmations bien confortables, que les bienpensants ressortent comme un pare-feu, dès que l’on soulève la question de la résurgence nazie aujourd’hui. Prenons le cas de la Finlande, qui s’accroche à sa croix gammée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, soutient l’instrumentalisation atlantiste du néonazisme en Ukraine contre la Russie et nous prépare de nouvelles lois de ségrégation raciale, cette fois-ci contre les Russes. Mais évidemment, «ça n’a rien à voir». 

Ils veulent tellement nous faire croire que ce n’est pas la même croix gammée, car elle n’a pas tout à fait la même inclinaison, qu’ils en sont presque touchants. En plus, elle est un symbole de la Finlande, qui avait orné toute l’aviation … 

Il est évident que cela n’a rien à voir … D’ailleurs, la croix gammée finlandaise est historique : elle vient de la famille du Comte suédois Eric von Rosen, qui le 6 mars 1918 aurait offert son avion aux Finlandais et ainsi serait née la croix gammée finlandaise. C’est beau comme histoire, je ne sais pas pour vous, mais moi j’en ai presque la larme à l’oeil !

Il y a bien un tout petit problème, trois fois rien, un détail de l’histoire :

«Seulement voilà, von Rosen est l’un des piliers du national-socialisme suédois, partisan de la théorie raciale, de la stérilisation forcée des « inférieurs », de fait professeur d’Hitler et de Goering. L’épouse du comte, décrivant de manière romantique la rencontre du jeune Hermann Goering avec sa sœur, qui devint plus tard l’épouse d’un patron fasciste, le trahit involontairement.»

Et bien que la croix gammée ait été interdite en 1948, elle fut discrètement réintroduite par décret en 1957. Il a fallu attendre 2020 pour que, quand même, elle soit écartée. Il faut dire qu’elle est très bien vue dans la société. Ainsi, en 2013, une croix gammée géante flotte sur un drapeau accroché sur un balcon dans le centre d’Helsinky. La police le voit et il n’y a strictement aucune réaction pendant plusieurs jours. Tout est normal. Explication :

«»Accrocher des drapeaux avec des croix gammées n’est pas un acte illégal. Ils peuvent être affichés sur les voitures et sur les balcons. Mais si la question de l’incitation à la haine ethnique se pose, la situation sera réexaminée», a déclaré le commissaire de police Jarkko Lehtinen»

Il est bien connu, que la croix gammée est en soi un signe d’amour des peuples, d’amour brûlant.

Pour continuer sur cette lancée, puisque «ça n’a rien à voir», la Finlande déneutralisée avec son entrée triomphante dans l’OTAN et sa participation active à la guerre atlantiste contre la Russie en Ukraine, est en train de mettre en conformité sa législation avec le retour de ses réflexes. Nazis.

Ainsi, rappelons que les frontières entre la Finlande et la Russie ont été fermées sine die parallèlement à l’entrée de la Finlande dans l’OTAN (quelle coïncidence, ma bonne dame !) parce qu’il y aurait eu un afflux d’immigrés demandant l’asile. Peu sont ceux, qui ont vu ces masses d’immigrés, puisqu’elles furent surtout politico-médiatique. Mais toujours est-il que la Finlande a adopté une nouvelle législation sur l’immigration, spécialement pour les frontières avec la Russie … qui prévoit la détention des personnes voulant entrer en Finlande dans un camp à la frontière, car les immigrés entrant par les autres frontières ne présentent, eux aucun danger pour le pays. Pour autant rassurons-nous, cela n’a rien à voir.

Alors allons toujours plus loin : la Finlande prépare un projet de loi instaurant une procédure simplifiée de retrait de la propriété … pour les Russes. Bref, une expropriation «russe». En effet, les Russes ne peuvent pas payer les frais et taxes liées à leurs appartements en Finlande, car le paiement ne passe pas entre les deux pays. De plus, en raison des sanctions, la Finlande s’est interdite de leur envoyer des lettres de relance. Qu’à cela ne tienne, ce sont des Russes, on va désormais pouvoir se passer des formalités légales pour leur retirer leur propriété. Mais évidemment, ça n’a rien à voir.

Bref, la Finlande renoue avec ses traditions et ceux qui n’ont pas peur de le voir, le voit. Il serait pourtant salutaire d’ouvrir les yeux. Rien ne permet d’affirmer, loin de là, que cette résurgence immonde va s’arrêter aux frontières finlandaises. Rien ne permet de dire que cette ségrégation raciale va s’arrêter aux Russes. L’immoralité contamine très rapidement. La plus grande partie de la population, dans tout pays, étant docile et profonddément égoïste, elle s’adapte à tout environnement et ainsi le cautionne et le renforce. Or, plus l’ambiance est fétide, plus cette majorité molle a besoin d’étendre la zone de contamination … pour justifier sa propre faiblesse. «Tout le monde» le fait, «tout le monde» le dit. «Tout le monde» n’est personne, «tout le monde» est chacun d’entre eux. Ce «tout le monde» accompagne parfaitement du «ça n’a rien à voir». Et ensuite chacun d’entre eux pourra faire semblant, dans sa mauvaise foi profonde, de n’avoir rien su, rien vu. «Ben ça alors !……«. 

Ou bien l’on peut avoir le courage d’ouvrir les yeux et de refuser que, d’une certaine manière, l’histoire se répète.

Par Karine Bechet-Golovko