Déglobalisation : la Russie durcit sa législation sur l’immigration
La Russie discute de plusieurs projets de loi devant renforcer la responsabilité de ceux facilitant l’immigration illégale, ce qui correspond parfaitement à la volonté de la population, où 80% estiment qu’il y a trop d’immigrés dans les régions. Seul Kadyrov s’insurge contre des méthodes, qu’il considère moyenâgeuses et reprend le laïus des globalistes. En tout cas, sur ce point, la Russie sort du carcan globaliste.
Le propre du monde global est l’interdiction de la frontière étatique. Autrement dit, l’Etat n’a pas le droit de défendre sa frontière contre l’arrivée illégale d’étrangers et comme chacun le sait, l’immigration est une chance. A l’inverse, le «migrant» est doté d’un droit absolu à se balader dans les pays en fonction de son bon vouloir, de ses intérêts économiques et des nouveaux circuits commerciaux de traite des êtres humains fonctionnant sous pare-feu «ONG». L’Etat est alors obligé de garantir une vie décente à tout migrant, au détriment de sa propre population, de ses intérêts économiques, de sa sécurité. Le statut juridique des personnes en situation irrégulière a petit à petit été ramené à celui des étrangers en situation régulière.
C’est justement de ce cercle vicieux, que la Russie veut sortir avec l’examen au Parlement dès octobre de plusieurs projets de loi durcissant les règles migratoires :
«En particulier, il est proposé de reconnaître la présence illégale sur le territoire de la Russie comme circonstance aggravante pour le contrevenant.
Une autre initiative propose de considérer l’organisation de l’immigration clandestine par un groupe de personnes ou en vue de commettre des délits comme une infraction particulièrement grave, passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 15 ans de prison, d’une amende pouvant aller jusqu’à 5 millions de roubles et de l’interdiction d’occuper certains postes.
Le troisième projet de loi prévoira des mesures de responsabilité accrues en cas de contrefaçon, de production ou de circulation de documents contrefaits, ainsi que de domicilation et d’enregistrement fictifs de citoyens étrangers.»
Les députés russes discutent également de la possibilité de blocages extra-judiciaires pour les ressources internet fournissant une aide à l’immigration illégale et de l’interdiction de recourir à des organismes tiers pour faire passer les examens aux immigrés, conditionnant l’obtention des titres de séjour.
Alors que ces mesures sont totalement adaptées à la nécessité d’organiser une immigration légale et à la volonté de faire venir des personnes capables de s’adapter au mode de vie russe, Ramzan Kadyrov critique fortement ces mesures, qu’il a déjà qualifiées de moyenâgeuses. Selon lui, les pauvres immigrés sont irresponsables et ne doivent donc pas être sanctionnés, expulser massivement les personnes en situation irrégulière ne changerait rien au problème, ces réformes de la politique migratoire provoqueraient une haine raciale. Amen!
L’augmentation de la criminalité ethnique anti-russe commise par ces gentils immigrés «qui n’y sont pour rien» n’a manifestement pas sa place dans le monde merveilleux de Kadyrov. Or, la Russie ne veut pas justement à terme voir se développer ce qui détruit nos sociétés en Europe et discute d’une politique migratoire responsable.
C’est d’ailleurs ce que veut la population. Selon un dernier sondage, en moyenne 80% des personnes interrogées estiment qu’il y a trop d’immigrés dans leur région. Ce chiffre a augmenté de 21% en un an. Les domaines professionnels les plus concernés sont ceux du secteur réel : 92% dans les transports et la logistique, 91% dans le business automobile, 89% dans le domaine de la sécurité et 85% dans la construction. En revanche, dans l’informatique, l’hôtellerie, le marketing ou le tourisme par exemple, l’on trouve une demande inverse. Ainsi, 4% des personnes interrogées estiment qu’il peut y avoir plus d’immigrés et 12% qu’il y en a suffisamment.
De la politique des portes ouvertes à celle du bunker, il y a toute une frange possible de politiques migratoires. Si la Russie a besoin, entre autres, de garder de bonnes relations avec les autres pays de l’espace post-soviétique, notamment les pays d’Asie centrale, cela ne veut pas dire qu’elle ne doit pas établir des règles, que les ressortissants de ces pays doivent respecter. Notamment, le maîtrise de la langue russe est un impératif pour travailler en Russie. Et si ces pays, largement repris en main par l’Axe atlantiste et limitant ainsi de plus en plus la langue russe, veulent que leurs ressortissants puissent normalement travailler en Russie (car personne ne les embauchera en Europe), ils seront bien obligés de normaliser à nouveau l’enseignement et l’utilisation de la langue russe chez eux. Dans ce cas, cette politique sera gagnante pour tout le monde.
Par Karine Bechet-Golovko